High Creek's Jail
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Une prison un peu étrange...
 
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If Only Tonight We Could Sleep

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Aidan O'Connell
Aidan
Aidan O'Connell


Identité
Âge: 24 ans
Relations:

If Only Tonight We Could Sleep Vide
MessageSujet: If Only Tonight We Could Sleep   If Only Tonight We Could Sleep Icon_minitimeVen 19 Juin - 6:31

La suite de : Le désespoir est la charité de l'Enfer



Retour à la case départ. Enfin, peut-être pas de départ, mais Aidan ressentait tout de même un sacré sentiment de déjà vu alors qu’il reconduisait Ametsi jusqu’à sa chambre. Une fois de plus, il s’était senti lâche d’accepter la proposition du gamin, de choisir bassement de l’abandonner à cette cellule froide et nue. Il avait voulu lui signifier que le garçon lui-même risquait des ennuis à traîner dans les quartiers privés d’un gardien, mais il s’était ravisé devant la détresse de son interlocuteur et surtout, son propre désir. Une fois de plus, il agissait comme le pire des égocentriques en voulant éloigner la tentation au prix de sa sécurité, au détriment du serment de protection qu’il avait professé. L’Irlandais ne faisait pas confiance à sa libido traîtresse, mais était-il préférable de laisser le jeune Juif à lui-même? Qui était le plus grand danger? Le dortoir des matons et un Aidan lascif ou le premier étage du bâtiment principal et les prédateurs de tout High Creek?

Le gardien avait tranché en faveur des cellules des prisonniers. N’était-ce pas le vœu du môme lui-même? Peut-être avait-il cherché, subtilement, gentiment, à s’extraire de l’influence malfaisante d’un pédé en puissance? Le pauvre gamin. C’était ça, l’origine de ses rougissements, de ses balbutiements, non pas une quelconque attirance à combattre. Sa conscience grinçante résonna à ses oreilles, portant un sacré coup à son ego. C’est beau t’imaginer que tout le monde craque pour toi, O’Connell, mais au fond, t’as pu rouler une pelle au mouflet dans un moment de distraction, par la suite, pendant tes petits discours, il a réalisé l’erreur. C’est tout.

Il était demeuré dans l’encadrement de la porte, n’osant pas s’avancer jusqu’au lit, par peur, tout bonnement. Son self-control avait déjà été éprouvé au cours des heures précédentes, l’imminence des adieux pouvait l’inciter à donner un bisou de bonne nuit malvenu.


« T’es certain que tu vas être OK? » ne put-il s’empêcher de demander, la main perdue dans ses mèches sombres.

Un dernier remord le poussa à énoncer tout haut ce qu’il n’avait pas osé déclarer dans sa propre chambre :


« Je… J’aime pas trop te laisser ici. Tout seul. T’sais, j’te promets que je toucherai plus, si c’est ça qui te fait peur. Tu peux toujours passer la nuit dans ma chambre, si ça te rassure… »

J’aime pas trop te laisser ici. Tout seul. Quand je pense que Maori pourrait revenir terminer ce qu’il a commencé. Pourquoi s’arrêter à un bras quand on peut en disloquer deux, hein? Quoique, le Japonais semblait fonctionner par la règle de un. Un œil. Un bras… Mais tout ça, ensemble, ça faisait deux et jamais deux sans trois, hein? À quand la rotule? La langue? Les orteils?
Mettant de côté ces maths pour le moins macabres, qui seraient tout sauf réconfortantes s’il avait l’imbécilité de les évoquer à voix haute, l’Irlandais ébouriffa davantage ses tifs en lâchant d’un ton incertain :


« Enfin, je dis ça comme ça. Je comprends si ça te botte pas du tout. Dormir avec un gardien, quoi. Enfin, j’veux dire, dans la chambre d’un gardien, pas avec. »

Génial, O’Connell, génial. Tout pour dissiper le malaise, quoi. Il se mordit la lèvre inférieure, se félicitant au moins d’être resté au seuil de la pièce. Il pourrait effectuer une sortie à peu près élégante ou, à tout le moins, décamper en vitesse s’il continuait à déraper de cette façon.


« Désolé… Merde, Ametsi, c’que j’suis con. »

C'en était presque drôle. Il rigola doucement, d'ailleurs. Au moins, il savait rire de sa propre gueule.
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Ametsi Dayan
Ametsi
Ametsi Dayan


Identité
Âge: 18 ans
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If Only Tonight We Could Sleep Vide
MessageSujet: Re: If Only Tonight We Could Sleep   If Only Tonight We Could Sleep Icon_minitimeJeu 2 Juil - 2:53

Le trajet s'était fait dans un silence pesant. Un brouillard de coton qui emplissait ses oreilles, qui bourdonnait à son tympan. Dans ce silence, il entendait son coeur battre vite, trop vite, beaucoup trop vite. Ils marchaient à distance, sans se toucher, et pourtant il lui semblait sentir la chaleur d'Aidan irradier littéralement sur sa peau, comme les rayons du soleil. Il sentait comme un magnétisme entre eux, quelque chose qu'il l'attirait inexorablement contre l'irlandais, quelque chose qu'il devait combattre, surveiller, pour ne pas céder à la tentation permanente de saisir son bras, de le serrer contre lui, et de ne plus le lâcher. Un peu sangsue sur les bords le Ametsi, depuis qu'il n'avait plus peur de se prendre une torgnole dès que le Gardien remuait le petit doigt. Bon, il avait d'autres raisons de s'inquiéter, mais la question n'était pas là.

La cellule, enfin. Il n'aurait jamais cru qu'il réclamerait un jour de retourner dans cette petite antichambre des Enfers, de son plein gré. Les jours, les mois, les années passaient, mais il détestait toujours cet endroit. Enfin, il haïssait la maison de redressement comme un tout, mais cette zone en particulier le rendait malade de peur. Aujourd'hui plus que jamais, avec son bras en écharpe. Aiko était imprégné jusque dans les murs, comme une moisissure invisible mais tenace, une noire pourriture dissimulé par un papier peint défraîchi. Il était dans cette pièce, toujours.

Et pourtant, il était là. À essayer de ne pas penser au baiser, au goût de nicotine de ses lèvres, au grain de sa peau sous ses doigts, à la chaleur de sa main sur sa cuisse, à son torse nu, entrevu la dernière fois sous la douche, à... ah merde. Trop tard. Il évitait de le regarder alors, de peur qu'il ne puisse le lire dans son regard, et qu'il ne devine... C'était contre nature, démoniaque... répugnant ! Seigneur, la honte lui tordait le ventre, il avait envie de vomir. C'était le démon qui le poussait de l'avant... c'était de sa faute à lui, pas de la sienne ni celle d'Aidan ! Il s'en était persuadé. Trouvaient-ils réellement ça plus simple, l'un comme l'autre, de se dire que l'attraction qu'ils ressentaient l'un pour l'autre n'était pas vraie ? Qu'elle résultait d'une influence extérieure, démoniaque ou émotionnelle ? Plutôt que de l'accepter, tout simplement, ils se torturaient encore et encore. Et ils ne s'en rendaient même pas compte.


"Ça va aller... Je... ne pense pas qu'il reviendra..."

En était-il bien sûr ? Le japonais était tellement imprévisible. Le Chaos ayant revêtu une apparence humaine, un masque de chair et de sang. Et puis son essence imprégnait cet endroit, ne l'avait-il pas déjà dit un peu plus tôt ? Qu'est-ce qui lui prouvait qu'il ne pouvait pas, par quelque acte de sorcellerie, sentir sa présence quand il se trouvait enfermé dans sa cellule, comme s'il dormait en réalité non pas dans une chambre, mais dans une extension de lui, dans le giron même du Dibouk ? Cette idée était terrifiante... Pouvait-il sentir son désir honteux pour Aidan ? Riait-il depuis le bourrelet de ténèbres dans lequel il guettait la moindre faille, lové sur lui-même comme un reptile ?

En contrepartie, rester avec l'irlandais, c'était alimenter cette passion naissante et immonde. Ce bébé monstrueux de l'amour et du péché, ce foetus contre-nature qui refusait la fatalité de l'avortement et continuait d'agiter ses petits membres tordus et grassouillets à la face livide d'horreur du monde. Mais si ce rejeton difforme avait le regard doux d'Aidan... désirerait-il réellement s'en débarrasser ? Ne pourrait-il pas lui faire une place, une toute petite, à côté de son amour de Dieu ?


"Non c'est pas... ça... Je t'ai déjà dit... Je n'ai pas peur de toi... Jamais."

Non, plus du tout. Ametsi avait peur de ce qu'il avait en lui, pas d'Aidan. Aidan... N'était qu'un appât tendu par le Malin, rien de plus. Un appât ne choisit pas son rôle. Le poisson qui y mord est seul fautif. C'est son propre choix, sa propre faiblesse qui le pousse à sa perte.

Le rire d'Aidan. Doux et amer, comme un café trop noir et trop sucré. De la tristesse cachée, une façon de se moquer de lui-même qui flirte avec l'auto-flagellation. Le corps du jeune juif bouga de lui-même, sans qu'il puisse l'arrêter, comme un spectateur face à un opéra, incapable de changer le cours de la tragédie qui se déroule sous ses yeux. Ses bras s'enroulèrent autour de sa taille et le pressèrent contre lui, durant un instant bref, quelques secondes à peine, mais qui lui semble durer des heures. Puis il s'éloigna et lui souffla, toujours sans le regarder :


"Je n'ai pas peur de toi..."

Il en avait eu tellement envie de ce câlin...
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