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Good Night, And Good Luck |
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Auteur |
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Aidan O'Connell
Identité Âge: 24 ans Relations:
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Sujet: Good Night, And Good Luck Lun 4 Mai - 3:34 |
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« Mmh… Je suppose que c’est l’heure de te dire bonne nuit, alors. »
Aidan jeta un coup d’œil à sa montre. Deux heures déjà, qu’ils papotaient, se baladaient à travers l’établissement. On était loin du couvre-feu.
Ils avaient quitté l’infirmerie, une quinzaine de minutes plus tôt. Les souvenirs du gamin au sujet de son quartier l’avaient fasciné et lui avaient pincé le cœur, du même coup. Pouvait-on imaginer lieu plus éloigné d’High Creek que cet oasis de sable et de soleil. Pour l’Irlandais, au moins, le choc n’avait pas été très difficile : Belfast et le pays de Galle étaient aussi pluvieux, aussi teintés de vert et de gris, de brume et de froid. Il imaginait à peine la réaction du gosse la première fois qu’il était arrivé dans cet endroit lugubre qui deviendrait sa demeure pour les prochaines années. Aidan s’était abstenu de tout commentaire, tant pour ne pas aviver le mal du pays que devait ressentir son interlocuteur qu’en constatant la crise que celui-ci semblait traverser.
« Chut… Ametsi, ça va aller. Regarde-moi. Ça va aller, » lui avait-il répété à voix basse, renforçant l’appui de sa main contre la tête du garçon.
Il avait pu observer l’œil unique de son vis-à-vis se révulser, puis reprendre une forme normale, qui avait fait soupirer de soulagement le gardien. En cas de problème, ils se seraient tout de même trouvés à l’infirmerie, qui contenait le nécessaire pour calmer de telles crises, mais l’Irlandais n’avait aucune envie de devoir injecter de tranquillisant à un Ametsi psychotique.
Il l’avait donc reconduit jusqu’à sa chambre, avait attendu que le gosse se prépare à aller au lit et lui avait filé les comprimés. Reculant d’un pas, il adressa un sourire au jeune Juif et lança, légèrement embarrassé :
« Ametsi… Je suis… euh, content d’avoir causé avec toi. »
Son regard vagabonda dans la pièce austère, nota mentalement l’absence de celui qui devait partager la cellule de son protégé. Peut-être qu'il était à batifoler avec le directeur, on disait que Mr. H. l'acceptait dans son fameux petit salon, ces derniers temps...
Il n’était pas trop doué pour les déclarations officielles, Aidan, encore moins lorsqu’il les présentait à un détenu avec qu’il avait passé une soirée chargée d’émotions.
« J’sais que ça arrive pas tous les jours ici, une conversation presque normale avec quelqu’un d’autre, encore moins entre un gardien et un prisonnier. J’veux seulement que tu saches que… »
Que quoi…? Allez, Aidan, crache-le morceau.
« … que c’était pas feint, » compléta-t-il finalement.
Touchant, non? Il se sentait le besoin de l’exprimer au gosse. Peut-être parce qu’il craignait devoir agir aux antipodes de sa conduite de cette nuit-là. Il jeta un coup d’œil au gamin, qu’il s’était bien gardé de dévisager jusque-là. Nom de Dieu, c’qu’il pouvait être mignon, dans le sens frêle, gracile, vulnérable du terme. Eh, voilà, c’était dit. Ou plutôt pensé de façon consciente. Se mordant la lèvre, l’Irlandais s’administra un coup de pied mental au cul et ajouta :
« Oh et encore un truc… Si jamais... Il se produit quoique ce soit, bah tu peux venir me chercher. J’vais faire mon possible. Je peux rien te promettre, malheureusement. J’imagine que tu le sais. »
Il passa sa main dans ses cheveux, geste Aidanesque s’il en était un, et releva la tête vers le gamin pour reprendre :
« Je suis sincère par contre. Ma chambre, c’est la numéro 9. N’hésite surtout pas. »
Il demeura un instant la main posée contre le montant de fer du lit, indécis, pour ensuite s’éloigner vers la porte. Il s’arrêta dans l’encadrement et se tourna à demi, pour voir si son interlocuteur avait quoique ce soit à ajouter. Le gamin devait être crevé, peut-être même qu’il avait avalé les somnifères, qu’il roupillait déjà et qu’il n’avait donc rien entendu de la proposition du gardien. « Tu vas être OK? » s’enquit-il.
Sa main s’était approchée de l’interrupteur pour refermer la lumière. Il était à deux pas de la porte, prêt à partir.
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Ametsi Dayan
Identité Âge: 18 ans Relations:
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Sujet: Re: Good Night, And Good Luck Lun 4 Mai - 15:23 |
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Le but premier d'Ametsi avait été d'éviter d'aller se coucher, autant qu'il le pouvait. De gagner du temps, avant de se faire de nouveau enfermer. Il avait été aussi égoïste qu'Aidan prétendait l'être, quelque part. Si l'Irlandais s'était servi de lui pour se donner bonne conscience, Ametsi l'avait aussi utilisé à sa façon pour éloigner, ne serait-ce qu'un peu, les monstres qui hantaient ses nuits. Mais petit à petit quelque chose avait changé dans leurs attitudes, dans leurs points de vue. Comme si, au cours de cette nuit étrange, protégés par l'obscurité et le silence, ils avaient quitté leurs masques de Gardien et de Prisonnier, oublié leur texte, quitté la scène, pour simplement redevenir humains. Deux humains capables de parler sans haine, d'échanger simplement, de découvrir l'autre. Et puis autre chose encore, une fascination bizarre, sur laquelle Ametsi n'arrivait pas à mettre de mots. Et Aidan, en quelques gestes simples, avait réveillé cette faim d'affection dévorante qui ne lui laissait pas de paix depuis si longtemps déjà.
Quoiqu'il en soit, le temps était venu de baisser le rideau, pour de bon. Et le jeune juif sentait confusément qu'il n'y aurait peut-être pas de rappel. Leur dialogue avait été trop... inhabituel pour qu'un bis ait lieu.
Ils avaient traversé les couloirs et monté les escaliers en silence. Ametsi avait profité de la pénombre pour observer Aidan. Sa façon de marcher, ses épaules larges. Le point rouge de son mégot, qui luisait comme un oeil, éclairant son profil d'une lueur faible quand il le portait à sa bouche. Son odeur, son odeur d'homme chargée de nicotine, qu'il dégageait. La chemise qu'il lui avait prêté pour s'essuyer avait fini par sécher, mais elle avait gardé quelques faux plis. Ça ne choquait pas, pas vraiment, pas avec l'allure généralement négligée d'Aidan en tout cas. Mais de savoir qu'il avait causé ses plis... ça l'amusait, d'une certaine façon.
Tous les rongeurs ont leur terrier. Ametsi lui avait un clapier. Une cellule sombre, lugubre, qu'il partageait depuis peu avec un nouveau "colocataire", Wilfried, ou quelque chose. Ils n'avaient pas vraiment lié connaissance. Ces derniers temps, Ametsi avait été très instable, il n'avait quasiment communiqué avec personne, mis à part Aidan. Et de toutes façons, il ne s'était jamais vraiment lié avec ceux qui avaient partagé sa cellule au cours des cinq années passées. Ils finissaient pas changer de chambre, par partir d'High Creek... ça ou autre chose. Ils ne restaient jamais longtemps à ses côtés, et l'androgyne ne ferait sûrement pas exception à la règle.
Il se déshabilla rapidement, enfilant le t-shirt trop grand qui lui tenait lieu de pyjamas. Il se sentait un peu moins gêné qu'il ne l'avait été dans la douche, juste un peu. Juste un peu. Être nu lui posait toujours un sérieux problème, même s'il faisait confiance à Aidan pour ne pas lui faire de mal. Cette honte de lui même toujours, et cette peur confuse d'exposer sa peau au regard des autres. Si les prières avaient toujours été là, ça aurait été un peu différent, elles l'habillaient, à leur manière. Mais la douche les avait emportées. Ne restait que la petite plaie qu'avait laissée la cigarette, au creux de sa paume, comme un point d'interrogation au milieu de sa ligne de vie.
Il récupéra les cachets mais, sous le coup d'une impulsion subite... Il se contenta de faire semblant de les avaler, les dissimulant dans sa manche. Ce soir, il se sentait presque apaisé... Il pourrait dormir sans médicament. Mais ça pourrait lui servir plus tard. Une autre nuit. Une nuit normale, torturée, interminable. Il se glissa sous sa couverture, frissonnant au contact du drap froid sur sa peau.
Ametsi ne savait pas trop quoi répondre. Il avait la gorge serrée... Même si les mots étaient gentils, rassurants, à son oreille, ils sonnaient comme un adieu. Il garda le silence. C'était triste. Le soleil se lèverait demain, et tout reviendrait à sa place. Ils n'y pouvaient rien, ni l'un ni l'autre, et ils le savaient bien. C'était ridicule d'essayer de maintenir malgré tout les fragiles liens qu'ils avaient tissé. Mais peut-être qu'il viendrait. Peut-être qu'il viendrait quand même parce que... Et bien parce que son plus grand péché était celui d'espérer. Encore et encore. Il avait envie de croire qu'il pourrait compter sur quelqu'un, au moins un peu.
"ça va aller..."
Enfoui sous sa couverture, les médicaments cachés à présent dans la doublure de son oreiller, il luttait contre la fatigue, regardant O'Connell lui tourner le dos pour se préparer à sortir... et il se redressa, un peu nerveux, et se sentant complètement ridicule.
"Aidan ! ... Moi aussi... Enfin... Merci... pour tout."
Il se mordit la lèvre inférieure, réalisant qu'il avait appelé le gardien par son prénom...
"Enfin... pardon... Mais merci... Je viendrais."
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Good Night, And Good Luck |
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