Se rendormir... [Et espérer ne jamais se réveiller!]

La détenue se laissait entraîner sans rechigner. La douleur qu'il causait à sa main la mettait dans un état second, son corps n'étant déjà pas apte à supporter beaucoup plus que ça. C'était tout juste si elle entendait les cris dans les couloirs qu'ils traversaient. C'était tout juste si elle ne trébuchait pas au moindre pas. Les larges enjambées de Limal démontrait l'ampleur de sa colère, et la poupée de chiffon qu'il traînait derrière lui semblait avoir perdu toute consistance.

Ce fut tout juste si elle perçut la présence de l'homme. Les yeux rivés sur la chemise maculée de sang, elle préféra éviter l'éclat du scalpel et le regard sadique qu'il lui lança. Elle avait déjà suffisamment à faire d'un bourreau, un de plus lui aurait été fatal.
La pièce où ils pénétrèrent ne laissait que peu de doutes quand à son utilité première. Sombre et glauque, le sol sur lequel ils marchaient étaient visqueux et collant. Le ménage n'avait pas été fait ici depuis bien longtemps. L'odeur de viscères moisies qui régnait ici aurait donné la nausée à n'importe qui. Elle réprima un hoquet, et s'arrêta lorsque le gardien s'arrêta. Dans la semi-pénombre, la chose qu'elle arrivait à distinguer était sa blondeur. Celle-ci contrastait d'ailleurs avec la noirceur de son regard. Elle avait été trop loin...

Il se saisit du cahier et arracha la page manuscrite. Il ne devait manifestement rester aucune trace de ses écrits trop véridiques certes, mais totalement déments quand on savait ce qui s'en suivrait.
Lynn se baissa et ramassa la boule de papier. La bandage de sa main droite était tâché de sang. La plaie devait s'être réouverte sous la poigne de son bourreau. D'ailleurs la jeune femme ne sentait même plus la présence de cette main inerte à l'extrémité de son bras. Elle avait perdu, il fallait accepter la défaite.

Elle déchira la boule de papier et se mit à mâcher un premier morceau. Elle l'avala. Puis fit de même avec un deuxième. Elle connaissait le goût du papier. Longtemps auparavant, durant la guerre, elle avait survécu ainsi. En mangeant du papier les soirs où elle n'avait pas de quoi remplir son estomac. Cela représentait pour elle le pire des sacrilèges que de gaspiller ainsi ce qui aurait pu être le support d'une œuvre, mais sa survie était prioritaire. Et le papier était un coupe-faim des plus efficaces. Il empêchait surtout son estomac de grogner toute la nuit durant, ainsi elle pouvait dormir un peu.
Bientôt, il ne resta plus rien de cette réaction insensée. Le tout avait atterri au creux de son ventre. Il ne fallait plus maintenant qu'arriver à le digérer. Un papier granuleux et moisi comme celui-ci aurait certainement bien du mal à passer. Mais tout cela n'était sans doute rien à côté de ce qui l'attendait.

La jeune femme avait beau essayer de se préparer mentalement aux souffrances qu'elle allait subir, elle se doutait bien que rien ni personne n'avait jamais pu endurer le mal avant de le connaître. Les coups pleuvraient certainement, elle serait réduit à l'état de bouillie informe...
Pourtant, elle n'avait de cesse d'espérer qu'une fois que De Limal aurait passé ses nerfs sur la parfaite victime qu'elle ferait, il changerait d'attitude à son égard. Elle savait pourtant que cela ne se produirait jamais, elle se raisonnait, mais personne ne pouvait lui enlever cette étincelle. Lynn avait l'espoir. Quand bien même serait-elle brisée, elle sortirait d'ici...

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Il l’observa, jusqu’à ce qu’elle ait ingurgité jusqu’au dernier morceau de papier. Il avait pour la suite une idée bien précise en tête. Il savait quel genre de matériel était mis à sa disposition ici. Et il pensait à un objet en particulier. Mais chaque chose en son temps. Il jeta le cahier sur le sol, elle n’en aurait désormais plus jamais besoin. Sauf si un miracle venait la sauver, elle ne pourrait en sortant d’ici plus écrire. Il y avait toujours les soins qu’elle pouvait trouver à l’infirmerie, mais il fallait qu’elle tombe sur une des rares personnes réellement compétentes de l’établissement. Et ce n’était pas gagné.

D’un geste vif, il alluma la lumière. L’ampoule était sale, ce n’était guère mieux qu’avant mais on pouvait désormais à loisir observer la pièce. Au milieu, il y avait une table en bois sur la quelle on pouvait clairement attacher quelqu’un, le long des murs, il y avait des étagères pleines de diverses choses, plus sales les une que les autres. Et par terre, et bien… On ne pouvait toujours pas dire avec certitude ce qu’il y avait. Une espèce de croute brunâtre, du sang séché, surement mêlé à diverses choses. A droite de Leo, il y avait une grande armoire. Sur l’une des portes, un miroir fendu en deux. La clef était dans la serrure, il n’avait jamais regardé ce qu’il y avait dedans jusqu’ici. Il pourrait le faire cette fois ci, pourquoi pas.

Il commença à marcher, il tournait autour d’elle comme un vautour. Il fit plusieurs tours, et finalement, au bout de quelques minutes, il stoppa derrière elle et lui attrapa le poignet droit. Elle n’était pas loin de la table centrale, il n’eut qu’à tirer un peu pour l’attirer plus près, et il l’attacha avec une menotte reliée au montant en fer sal. Il préférait prendre ses précautions, des fois qu’elle décide de se rebeller et qu’elle tente de l’attaquer avec l’une des nombreuses armes blanches qui jonchaient la pièce. Mieux valait surveiller ses arrières, il n’était pas certain de faire le poind face à une furie armée, qui aurait très bien pu l’attaquer de dos. Au moins, maintenant, ses mouvements étaient réduits.

Il se mit ensuite en quête de ce qu’il cherchait, l’endroit était trop mal rangé pour qu’il le trouve du premier coup. Il parcouru donc la salle d’un pas lent, les mains dans le dos. Il scrutait chaque étagère de son regard perçant. Il y avait de tout, on se serait parfois cru dans un banal atelier de bricolage : des scies, des marteaux, des clous, des couteaux, j’en passe. Il fini par trouver ce dont il avait besoin : un étau. Il le garda derrière son dos, et revint vers la jeune femme.

-Tu vas me présenter tes excuses maintenant. Je perds mon temps à essayer de t’instruire et voilà comment tu me remercies. De toute façon, crois-moi… Tu ne pourras plus recommencer.

Il sorti l’étau de derrière son dos, il le tenait bien en évidence devant lui. Ce qu’il comptait en faire tombait sous le sens.

- Excuse-toi.

Tout en parlant, il avait commencé à desserrer l’instrument. Son précédent utilisateur l’avait complètement serré, certainement pour le ranger plus facilement. Il était assez propre, il faut dire qu’il ne devait pas servir très souvent. Ici, on privilégiait plutôt les coups. Mais il y avait pire qu’un poing, un fouet ou un bâton. Ce genre de chose blessait certes, mais superficiellement. Il lui avait brisé la main droite pour ne plus qu’elle dessine, elle semblait savoir utiliser la gauche. Voilà une capacité qu’elle aurait du se garder de lui démontrer.

La lumière illumina la pièce et Lynn dut plisser les yeux pour s'y habituer. La pénombre lui convenait. Découvrir ainsi la salle des tortures, celle dont le seul nom suffisait à faire fuir le moindre détenu, ne lui faisait pas peur. Les rangées d'étagères couvertes d'instruments tous plus normaux les uns que les autres mais dont les gardiens faisaient un tout autre usage que ceux connu jusqu'alors. La jeune femme se demandait même par quoi Limal allait commencer. Marteau? Couteau? Scie? Non, tout cela n'avait rien d'assez pervers.

Les pas de son bourreau faisait grincé le parquet rougi par les litres de sang de précédentes victimes. A la réflexion, le ménage n'avait jamais été fait dans cette pièce. En effet, qu'aurait-été la salle de torture si elle n'était pas tapissée de sang?! Dans un angle elle crut repéré un morceau de cervelle, mais n'en ayant jamais vu d'aussi près, elle refusa l'idée que c'en soit un réellement et elle détourna le regard.
C'est à cet instant que Limal lui saisit le poignet droit sans la moindre précaution et l'attacha à la table centrale au moyen d'une menotte. Il se méfiait d'elle. Sans doute n'avait-il pas compris qu'elle n'était tout bonnement plus apte à lui opposer la moindre résistance...
Son regard croisa le sourire sadique de son tortionnaire, elle baissa les yeux. Mieux valait se concentrer sur les discontinuités du plancher que sur ce qu'elle connaissait déjà.

Quelques instants, il lui demanda de présenter ses excuses. Lynn écarta une mèche rebelle de son visage d'un mouvement de la tête, et le fixa d'un regard vide. Elle n'avait même pas la force d'implorer sa pitié, elle doutait même simplement qu'il puisse en éprouver envers qui que ce soit. Mais la vue de l'étau la fit perdre pied. Elle comprenait parfaitement ce qu'il allait faire. Elle connaissait sa cupidité, sa hargne, elle connaissait ses manières. Il n'avait pas le droit! Tout, il pouvait tout lui prendre. La vue, l'ouïe, sa mobilité, son âme, son corps. Mais pas la seule main qui lui restait!

" Excusez-moi Monsieur de Limal... "

Sa voix était rauque. Elle n'avait plus reparler depuis son "accident" dans les cuisines. Le mutisme était sa seule défense, elle le savait.
Ses pensées s'envolèrent vers Mme Smith. Quelques instants à peine, puis elle réintégra le désespoir de sa situation. Il ne l'avait sans doute pas assez brisé...
" Excusez-moi... Monsieur de Limal... Laissez-moi une chance de réparer mes erreurs, s'il vous plaît... Laissez-moi vous montrer quelque chose... S'il vous plaît... "
Souvenez-vous... Lynn avait l'espoir. Un infime espoir qui résidait là. Elle devait montrer la "chose" en question à son bourreau. Elle voulait qu'il comprenne. Mais il fallait d'abord qu'il accepte, et cela risquait de ne pas être chose aisée.

Il me faut vous avouer d'abord quelque chose. Lynn n'a jamais existé. Lynn est un fantôme. Lynn n'a de consistance que parce qu'elle sert les autres. En tant normal, elle vit dans l'ombre, elle observe et se cache, privilégiant la solitude à la société. En tant normal, elle se tait, et maintient la distance nécessaire entre elle et les autres. Puis quand Lynn a suffisamment observé, Lynn agit. N'allez pas croire que Lynn est un ange, et qu'elle fera votre bonheur. C'est une malfrat comme tant d'autres, une petite délinquante insignifiante... Mais elle a un don... Et c'est ce don qu'elle doit exposé à Limal. Et uniquement à lui.

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Il était presque déçu. Il aurait aimé un peu plus, des supplications, quelques larmes, pourquoi pas. Il voulait lire un certain espoir en elle, et prendre ainsi plus de plaisir à le briser. Ses excuses ne tenaient pas la route, et bien que même si ça n’avait pas été le cas elle aurait subi la même sanction, il pensait qu’elle était assez naïve pour croire que quelques paroles suffiraient à le faire changer d’avis. Mais non. Où était le plaisir là dedans ? S’il n’avait pas eu ce sentiment de vengeance à assouvir, on aurait presque pu dire que l’action devenait banale, dans high Creek bien sur.

Elle demandait quand même une chance. Ah, c’était déjà cela. Pas très convainquant, mais mieux que rien. Il allait la lui donner sa chance, et la laisser lui montrer cette « chose ». Il n’y avait aucune chance ou presque que cela influe sur la suite des événements, mais autant faire durer. Il quitta donc son instrument des yeux et regarda la jeune femme de haut en bas. Elle ne bougerait pas d’ici, si elle avait quelque chose à lui montrer, elle devrait se débrouiller avec ce qu’elle avait sous la main, soit : pas grand-chose.

-Bien, vas y. Je te regarde.

Il se recula, et alla s’adosser à un mur nu. En attendant qu’elle se décide, il jouait avec l’étau. Il plaça sa propre main à l’intérieur, et le resserra. Pas beaucoup, juste assez pour qu’elle puisse voir jouer devant elle la scène dont elle serait bientôt la principale actrice. Par simple curiosité, il serra assez pour ressentir une légère douleur. Non, pas vraiment une douleur. Plus une sensation de gêne. C’était d’ailleurs presque agréable, comme quand on se mord le bout des doigts juste pour passer le temps, voir ce que cela fait. Il bougea le bout des doigts, ceux qui étaient emprisonnés et fit une grimace forcée.

-Ouch… Ca doit faire mal.

Il posa l’objet sur une étagère près de lui, et déboutonna sa veste. L’ambiance était lourde et humide. Un peu comme le temps qui précède l’orage, et il avait chaud. Il n’était apparemment pas le seul, puisqu’un porte-manteau non loin de l’entrée avait été prévu. Il accrocha soigneusement son vêtement, il faut dire qu’il était méticuleux quand à l’entretient de ses habits, et il revint prendre l’étau.
Il s’amusait à marcher dans la pièce. A un moment, un craquement se fit entendre. Il fronça les sourcils et regarda sous sa botte. Et bien ! Ce n’était pas banal ! Il venait de marcher sur un doigt. La main dont elle provenait était peut être quelque part ailleurs dans la salle, ou peut être pas. Si un jour il croisait un détenu qui n’avait plus que neufs doigts, il saurait où se trouvait le dixième. Il n’était pas tout frais. Gonflé, gris, il était tout à fait répugnant. Il donna un coup de pied dedans et l’envoya rouler sous un meuble. Même si ce n’était pas la première fois qu’il venait ici, ce genre de chose ne lui était jamais arrivé.

Il avait accepté. Si Lynn en avait été capable, elle aurait sourit. Peut-être même l'aurait-elle remercié... Lui, le bourreau d'ainsi lui laisser une chance. Mais désormais il était l'heure de convaincre, non plus de louer la grâce de Limal. Si elle n'agissait pas rapidement, il risquait de se lasser, et d'achever son travail.
La jeune femme avait les yeux rivés sur le sol. Elle écoutait l'autre aller et venir dans la salle. Il semblait bien s'amuser de la situation allant même jusqu'à mimer la douleur qui l'attendait sans aucun doute. Il déposa sa veste sur un porte-manteau et continua sa ronde comme s'il guettait l'instant où enfin il pourrait fondre sur sa proie. Elle entendit un craquement, ne jeta pas un coup d'œil dans sa direction.

La détenue se concentrait, son souffle soulevait de temps à autre une mèche rebelle. Elle ne s'était pas attendue à pareil difficulté. Après avoir rêver de tordre le cou à cet homme, qu'il était dur de s'imaginer le fait de...
Elle rouvrit les yeux et releva la tête.

" Est-ce que... Est-ce que vous pourriez venir ici, s'il vous plaît. C'est que... "
Elle hésita. Elle ne pouvait absolument pas lui avouer de but en blanc ce qu'elle comptait faire. Il aurait refusé catégoriquement. Mais lui demander de s'approcher ainsi pouvait paraître suspect. Elle devait le mettre en confiance, pourtant elle savait qu'il était des plus méfiants.

" Excusez-moi de vous avoir frapper la dernière fois. Vous m'aviez mise hors de moi, je... Approchez-vous s'il vous plaît. "

Et comme si la surveillance des gardiens n'avait pas été assez important, comme s'il y eut put avoir un doute sur le fait qu'elle détenait une arme quelconque, elle se pencha sur son bandage. La tâche de sang qu'il arborait avait noirci. Elle fit tourner le tissu maculé autour de sa main blessée et finit par la dévoiler. Le tissu tomba sur le sol, elle était toujours attachée à la table de torture. Ses gestes étaient plus que limités. Que pouvait-il réellement craindre d'elle, surtout dans l'état dans lequel elle était?
La jeune femme leva les deux mains, l'une étant contrainte par les menottes à rester au niveau de la table.

" Regardez. Je n'ai rien. Je veux dire... Je ne suis pas là pour faire plus de mal que je n'en ai déjà fait. Vous voulez bien... me croire. Pas me faire confiance. Enfin si, me faire confiance pour cette fois. "

Elle s'adossa contre la table, les fesses appuyées sur le rebord en bois. Ses yeux scrutaient ceux de son bourreau. Elle avait besoin qu'il se rapproche. S'il restait au loin, elle n'avait absolument aucune chance.
Allez, petit... Approche...

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Il haussa les sourcils. Parce qu’en plus il devait participer à cette chose qu’elle préparait. Il n’avait pas trop confiance en elle. Certes, elle était attachée, et sa main droite était en piteux état. Mais elle pouvait toujours tenter un dernier acte de folie avant de finalement passer à la casserole. D’un autre côté, il était fort curieux de savoir ce qu’elle lui préparait. Il était titillé par l’envie d’y aller, mais son bon sens lui criait le contraire. Il lui avait broyé une main, il n’allait pas tarder à faire de même avec la deuxième. Elle y semblait très attachée, il était donc normale qu’elle aussi veuille se venger. Il ne devait pas lui en laisser l’occasion. S’approcher d’elle, c’était comme se jeter dans la gueule du loup. Si on y regardait bien, elle n’avait qu’à tendre le bras, forcer un peu et elle pourrait attraper un objet dangereux. Mieux valait prendre ses précautions.

Il posa l’étau sur la même étagère qu’auparavant, regarda avec attention ce qui y était posé et y prit un couteau. C’était un argument qu’il espérait assez dissuasif pour qu’elle ne tente rien. La lame était propre. Il fit doucement passer le côté aiguisé sur son index. Sans le vouloir, il se fit une petite coupure. Très tranchant… Au moins, le matériel était bien entretenu. Il mit son doigt dans sa bouche et le suçota quelques secondes, le temps d’arrêter les quelques gouttes de sang qui coulaient. Il regarda ensuite attentivement sa main, mais s’en désintéressa rapidement.

Il observa alors Lynn. Les mains en l’air, pour montrer qu’elle n’avait rien sur elle. Elle semblait pitoyable, pas dangereuse pour un sou. Mais il faut se méfier du chat qui dort. Il soupira, et enfin, il se décida à s’approcher lentement d’elle. Arrivé face à face, il resta statique. Et dans un mouvement soudain, presque brusque, il brandit le couteau et le posa contre son cou. Son poignet était appuyé sur l’épaule de la jeune femme, callé. Il n’entaillait pas la peau, même pas un petit peu. Il s’agissait là seulement d’une mise en garde.

-Fais un seul geste stupide, et je t’envoie en soins intensifs de réanimation.

Il la toisait de sa grande taille. Ses yeux pourtant si claire paraissaient tellement noir. Ils étaient plongés dans le regard de Lynn. On pouvait y lire beaucoup de chose. De la colère, de la détermination, mais certainement pas de pitié ou de compassion. En un mot finalement : de la haine. Ses dents étaient serrées, tout comme l’était sa main sur le couteau. La lame touchait bien la peau, en une demi-seconde, il pouvait trancher la peau fine de la détenue. Il ne pouvait certes pas la tuer d’un geste, mais il pouvait la faire souffrir assez pour l’empêcher de riposter pendant quelques secondes au moins.
Une rumeur circulait comme quoi les gardiens d’High Creek n’était plus tout à fait humain. En le voyant là, tellement énervé que ça ne paraissait pas naturel, prêt à trancher la gorge d’une adolescente parce qu’elle avait écrit une rédaction sur lui, on pouvait effectivement se demander si toute trace d’humanité ne l’avait pas quitté.