High Creek's Jail
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Une prison un peu étrange...
 
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Petite nouvelle, certes, mais bonne nouvelle? [Leonard de Limal]

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Camille Duval
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MessageSujet: Petite nouvelle, certes, mais bonne nouvelle? [Leonard de Limal]   Petite nouvelle, certes, mais bonne nouvelle? [Leonard de Limal] Icon_minitimeJeu 5 Nov - 2:40

Et pas même un sursaut lorsque le Gardien referma la porte derrière lui. Avait-elle ne serait-ce que remarqué que le verrou avait été tourné? Difficile à dire. Tout du moins, cela ne semblait pas l'effrayer. Étrange même, elle pouvait presque sembler soulagée. Elle n'étais pas seule, pas vraiment, pas encore. Quand ce moment viendrait, elle deviendrait certainement folle. Irrémédiablement.

Toujours aussi obéissante, c'est avec ces gestes qui avaient quelque chose d'un peu mécanique qu'elle suivit les consignes. Sa petite valise de cuir rejoignit le lit. Elle l'ouvrit.
Sans se presser, et sans faire preuve de mauvaise volonté, elle en sortit tout ce qu'elle contenait. Des vêtements, deux pantalons, une jupe, un corsage, une robe même, et quelques sous vêtements. Ils atterrirent en pile bien nette près de la valise. Puis vint le tour d'un petit paquet qui fleurait bon le miel, sur lequel était attaché un petit mot. Elle le déposa à côté. Une trousse de toilette qui contenait en tout et pour tout un gant de toilette, un petit savon, une bouteille de lotion, en verre et une brosse.

Elle n'avait pas fait elle-même sa valise, on la lui avait fourrée dans les mains peu avant de monter dans le fourgon qui l'emmènerait. Et si ses yeux s'allumèrent à sentir ce bon parfum de miel, ça ne dura qu'un bref instant. Elle avait passé à peine quelques jours en cellule après son procès, et l'inspecteur qui était là avait tenu à discuter avec elle, à essayer de comprendre. Elle n'avait pas aimé ses questions, elle n'avait pas aimé son regard apitoyé, elle avait détesté cette manie de sourire à tout bout de champ.

Pour finir vint un carnet relié de cuir rouge. Celui-ci, elle le garda entre ses mains, en arrêt. Et avec une lenteur douloureuse sa tête se baissa, ses lèvres se pincèrent, et les larmes impossibles à refouler vinrent tremper ses joues. Sans réelle force, elle lança le carnet dans un coin du lit, aussi loin d'elle que possible, et surtout sans que cela puisse être interprété comme une tentative d'agresser son Gardien.
Elle repoussait ce qu'elle avait reconnu comme le carnet de son Maître, qu'elle n'avait jamais été autorisée à toucher.

Elle l'avait touché... Quelle serait la punition?

Sans savoir pourquoi, elle abhorrait ce carnet. Elle détestait ces moments que maître Alexander passait le nez plongé dedans, elle ne supportait pas les regards qu'il lui jetait quand c'était le cas. Elle aurait voulu le déchiqueter, le brûler, le détruire, mais elle n'avait pas le droit d'y toucher.
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MessageSujet: Re: Petite nouvelle, certes, mais bonne nouvelle? [Leonard de Limal]   Petite nouvelle, certes, mais bonne nouvelle? [Leonard de Limal] Icon_minitimeJeu 5 Nov - 2:47

C’était presque trop facile. Sans dire un mot, elle était allée poser sa valise sur le lit et avait commencé à la vider. Il en resta quelques instants sans voix. Quand il faisait ce genre de chose, il avait le droit à des crises de larme, des gens qui tentaient par tous les moyens de protéger leurs maigres biens. Une photo, un mouchoir imbibé de parfum, quelque chose… Ils avaient tous une chose à la quelle ils tenaient, une chose qu’ils savaient être de trop dans leur valise, ils savaient qu’on allait la leur retirer, et d’avance ils suppliaient de la garder. Mais pas elle. N’avait-elle donc rien qui vaille la peine qu’elle se batte ? D’un autre côté… Il n’allait pas s’en plaindre, cela lui faisait du travail en moins. Etait-ce possible qu’il ai trouvé la petite détenue parfaite ?

Parfaite ? Et bien non. Elle n’avait pas obéi à son ordre qui était celui d’énumérer tout ce qu’elle sortirait de sa valise. Doucement, il se redressa, fit craquer son dos en s’étirant comme si la situation était tout à fait normale, calme, détendue. Ce n’est qu’en s’approchant d’elle qu’il remarqua les larmes qui coulaient sur ses joues. Tiens, il avait donc réussi à l’atteindre ? Mais pourquoi ? Trop perdu dans ses réflexions, il n’avait pas assez observé Camille pendant qu’elle déballait ses affaires.
Il vint à ses côtés et passa son bras sur son épaule, comme un bon ami qui viendrait la soutenir sauf que ses gestes à lui étaient secs et son ton cruel :

-Bah alors, faut pas pleurer, c’n’est que l’début.

Doucement, sa main jusqu’ici discrètement posée contre le cou de la jeune femme se serra autour de ce dernier, le but de Leo n’étant pas de l’étrangler mais d’enfoncer ses ongles dans la peau fine de Camille.

-Ne t’avais-je pas dis d’énumérer tout ce que tu sortirais de cette valise petite peste ?

Il fit durer la chose quelques secondes et la relâcha sans prévenir pour s’intéresser à ce qu’il y avait de soigneusement aligné sur le lit.
Tout d’abord les vêtements qu’il déplia sans aucune délicatesse, puis jeta en vrac dans la valise Il préférait fouiller, de peur qu’elle n’ait tenté de cacher quelques objets à l’intérieur. Les femmes surtout essayaient, elles pensaient qu’un homme n’aurait pas l’audace d’aller fouiller dans les sous vêtements, lui n’était pas du genre à rougir devant une culotte. Son attention fut ensuite attirée par le paquet, qu’il ouvrit avant même d’avoir lu le mot.


-Et bien et bien et bien… Tu avais peur d’avoir un petit creux en route ? Mais à en croire ton récit, tu as trouvé de quoi te rassasier. –rire méchant quoi qu’un peu forcé- Ca tombe pile poile pour moi…

Il attrapé un des biscuits au miel que la paquet contenait pour mordre dedans. Pas mal pensa t-il. Il daigna enfin lire le mot qui disait :

Citation :
"Les sucreries au miel sont les seules choses qui parviennent à calmer Camille lorsqu'elle perd pied. Les coups et les mutilations semblent l'enfoncer plus encore. Considérez-la comme un animal dangereux mais extrêmement bien dressé et vous ne serez certainement pas loin de la réalité.

Je ne sais si ces considérations vous seront utiles, ni même si elles vous intéresseront, mais veillez à ne surtout jamais offrir un signe de faiblesse en sa présence. Elle obéira avec une docilité frappante face à ceux qu'elle appelle "les forts".

Inspecteur Fisher"

C’était… Intéressant. Déstabilisant. Il avait bien fait de se cacher d’elle. Mais était-ce vrai ? Elle avait très bien pu glisser cette chose elle-même dans la valise, pour éviter les coups. D’un autre côté l’écriture n’était pas féminine, et cela pouvait expliquer la réaction étrange qu’elle avait eue quelques minutes plus tôt. Il jeta un coup d’œil mauvais à la jeune femme et fourra dans sa poche ce qui restait. Il aurait tout le loisir de vérifier l’authenticité de ce message plus tard.

L’espace d’un instant, il cru qu’il avait fini, il n’avait pas remarqué le petit carnet qui était sur le côté du lit. Il s’assit et dit :


-Je crois que nous en avons fini avec… Tiens tiens, mais qu’est ce que c’est que ça ?

Sans faire attention, il s’était assis sur l’objet. Il le récupéra et l’ouvrit. Ce qu’il contenait était déroutant. D’innombrables coupures de journal, des notes, des photos. Une photo en particulier, à la première page. Il plissa les yeux, feuilleta rapidement le carnet et lança à la jeune femme :

-T’es quoi ? Une sorte de maniaque ? -il referma le carnet qu’il mit lui aussi dans sa poche hop, confisqué ça aussi.
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Camille Duval
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MessageSujet: Re: Petite nouvelle, certes, mais bonne nouvelle? [Leonard de Limal]   Petite nouvelle, certes, mais bonne nouvelle? [Leonard de Limal] Icon_minitimeJeu 5 Nov - 10:31

Comment aurait-elle pu se raidir quand il la toucha alors qu'elle était déjà tendue à se rompre. Le mot détente n'avait jamais réellement fait partie de son vocabulaire, et moins encore depuis qu'elle avait vu son maître la quitter.

Elle leva les yeux sur lui à ces paroles. Le début? Non, la fin. C'était la fin de tout. Il avait menti. Pourquoi le carnet serait là si il avait l'intention de revenir? Pourquoi ne l'avait-il pas emmené avec lui?
Les pensées s'entrechoquaient dans son esprit, le désespoir s'ouvrait, gouffre insondable dans lequel elle hésitait encore à se laisser tomber. Devait-elle regarder en arrière? Devait-elle résister? Ou bien se laisser aller?

La pointe de douleur dans son cou la ramena presque instantannément à la réalité. Ses yeux se posèrent sur ses maigres possessions, auxquelles elle n'accordait pas la moindre importance à vrai dire. La seule chose qu'elle désirait posséder lui avait été enlevée. Le regard de maître Alexander posé sur elle, voilà tout ce qu'elle souhaitait. Que tout n'ai été qu'un mauvais rêve et qu'elle se réveille au contact de ses mains sur elle, de sa paume sur sa bouche. C'était tout ce qu'elle voulait.

Pour détourner son esprit de ces trop sombres pensées, elle énuméra d'une voix blanche chaque objet.

    Deux pantalons, un corsage, une jupe, une robe, deux culottes. Un paquet qui sent le miel. Une trousse de toilette. Et le...

Elle buta un bref instant, répugnant presque à le dire, à lui accorder une existence.

    Le carnet de maître Alexander.

Elle le regarda s'asseoir, prendre le carnet, l'ouvrir. En avait-il le droit? Elle ne savait pas, elle ne saurait jamais. En son fort intérieur, elle désira le voir déchiqueter cette chose, la réduire en miettes, en cendres et les disperser aux quatre vents. Et un très bref instant, une supplication vint tenter de forcer ses lèvres closes. Elle la retint. Elle ne savait pas quoi, ni comment le demander. Elle ne savait pas ce qu'elle pourrait faire pour convaincre d'écouter sa supplique. Alors elle se tut.

    Je...

Quelle question étrange. La réponse était évidente pourtant, devait-elle répondre autre chose, ou bien énoncer ce qui était clair comme de l'eau de roche.

    Je suis ce que Maître Alexander a fait de moi, monsieur. J'obéis.
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MessageSujet: Re: Petite nouvelle, certes, mais bonne nouvelle? [Leonard de Limal]   Petite nouvelle, certes, mais bonne nouvelle? [Leonard de Limal] Icon_minitimeJeu 5 Nov - 21:02

Maitre Alexander, c’était quoi ça, un anglais ? C’était certainement le fameux maître dont elle parlait tout le temps. Lui commençait à en avoir assez d’entendre ce mot, encore et encore et toujours… Qui qu’il soit, elle allait devoir se décider à l’oublier, si elle considérait qu’elle n’avait qu’un seul maître, qui qu’il soit, elle risquerait d’avoir des surprises ici… Comme il l’avait dit, on se devait d’obéir à n’importe quel représentant de l’autorité, mais ce n’était pas tout. Il y avait entre les détenus eux même un système hiérarchique implicite. Et si elle continuait à se comporter ainsi, nul doute qu’elle se ferait remettre à sa place.

-Je ne veux plus entendre ce nom, ni ce mot ai-je été clair ? Jusqu’à tes 21 ans, tu ne sors pas d’ici. Tu ne verras pas ce… « Maître Alexander » avant ça, va falloir t’y faire. Dorénavant, tu seras ce que nous on veut que tu sois.

Pourquoi était-il ici déjà ? Ah oui, la punition… Ce n’était pas évident. Son fort intérieur lui criait de ne rien faire, mais c’était son devoir d’apporter une sanction au moindre écart de comportement. Mais là… Ce n’était pas pareil, c’était de la défense, de la légitime défense. Et pourtant l’envie de frapper était encore là. Etait-ce de la jalousie ? Parce que cette frêle créature avait eu l’audace de faire ce que lui n’avait jamais osé ? Mordre, c’était pourtant si simple. Mais elle, contrairement à lui, ne semblait pas craindre les coups. C’était d’ailleurs ce qui était marqué dans le mot.
Cet inspecteur avait d’ailleurs oublié de préciser quelque chose. Si les coups ne l’atteignaient pas, alors que faire quand elle avait fait un acte répréhensible ? La gronder ? Ce n’était pas une méthode très rependue ici, à high creek. Leo était lui-même persuadé que cela ne servirait à rien.

Qu’est ce qu’il allait pouvoir faire d’elle.

Un instant il s’apprêta à utiliser une méthode dont il usait souvent, soit demander au détenu quelle sanction il pensait mériter, mais il se rappela de ce qui était arrivé à la dernière personne qui lui avait demandé son opinons. Non, pas question que ça lui arrive !
Finalement, elle était à prendre avec des gants. Il fallait à tout prit rester un « fort » à ses yeux, et pour cela, pas question du moindre dérapage. Le souci était que même s’il ne se l’avouait pas et qu’il ne le laissait pas transparaitre, Leo était loin d’être un « fort », c’était un faible, un froussard, un paumé dans un monde qui lui faisait peur, retranché derrière une carapace de violence et d’agressivité.

Mieux valait ne pas tenter l’originalité finalement. Les bons vieux classiques c’était ce qui fonctionnait le mieux. Quoi que… Avec elle, il n’était sur de rien. Il attrapa sa cravache, toujours attachée à sa ceinture, celle là même qu’il utilisait quand il devait monter à cheval, et lui dit :

-Maintenant tu poses gentiment tes mains sur le lit, et tu comptes décroissant à partir de cent chaque coup que tu recevras. Si tu te trompes, on recommence. Si tu bouges, on recommence. Si tu cries, on recommence.

Il la fit une fois claquer dans le vide, une autre fois contre sa botte. Il remarqua que le bout était abimé, il allait falloir qu’il la porte au service de cordonnerie. Il passa ensuite la dragonne, attendant qu'elle soit prête...
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MessageSujet: Re: Petite nouvelle, certes, mais bonne nouvelle? [Leonard de Limal]   Petite nouvelle, certes, mais bonne nouvelle? [Leonard de Limal] Icon_minitimeVen 6 Nov - 1:00

Son regard se troubla, s'emplit de nouveau de larmes. Elle ne le verra pas avant. Pas avant sa mort, plus jamais.

    Il est... mort, monsieur. Je serai ce que vous voulez que je sois.

Elle baissa les yeux, sans essayer d'essuyer ses joues des larmes qui les humidifiaient. Que pouvait-elle dire d'autre? Que pouvait-elle faire d'autre? Elle n'était rien sans Maître Alexander, elle n'était plus rien maintenant que son carnet était là. Ce carnet, qu'elle ne l'avait jamais vu abandonner, même les fois où ils avaient dû partir en hâte. Et aujourd'hui, il était là, dans la poche de cet homme.

Elle s'exécuta sans rechigner, une fois de plus, comme toujours, c'était tout ce qui lui restait après tout. Sur le rebord du lit, là où la dureté permettrait aux coups de mieux porter. Elle n'avait jamais particulièrement apprécié d'être frappée. Mais Maître Alexander aimait ça lui, et ce qu'il aimait, elle s'y soumettait avec le plus grand plaisir, avec la plus grande docilité dont elle était capable.

Elle déposa ses mains sur le rebord du lit, les paumes ouvertes vers le haut, non sans oublier de retirer le chapeau, pour éviter qu'il ne tombe et interrompe le Gardien dans sa future besogne. Les lourdes boucles de ses cheveux noirs tombèrent sur ses épaules, et son étrangeté céda un peu le pas face à la beauté lisse d'une poupée de porcelaine.

Et quand la cravache claqua, elle releva les yeux. Non pour regarder l'innstrument, en temps normal, elle ne s'en serait déjà que peu souciée, d'autant plus qu'il avait clairement montré qu'il ne désirait pas qu'elle soit effrayée. En cet instant, elle était totalement sous le choc de cette découverte, la disparition de son maître, irrémédiable, sa solitude, pire que tout. Qu'allait-elle devenir à présent?
La supplique qui apparut sur ses traits n'avait rien à voir avec la cravache, les coups, si elle s'en était réellement souciée, elle l'aurait certainement supplié de frapper plus encore qu'il ne l'avait prévu, pour exorciser cette douleur de l'esprit par la douleur physique.

    Monsieur? Puis-je... poser une question?

En cet instant, elle avait l'air d'un petit chaton esseulé, abandonné dans un vaste et triste monde, qui ne demandait qu'à se faire adopter par le premier venu, qu'il soit doux et caressant ou indifférent et violent. Et tout autant d'une jeune femme entièrement soumise à celui qui la dominait. Ce Sir Alexander aimait particulièrement cette manière qu'elle avait non seulement de se soumettre, mais de magnifier celui qui la réduisait à rien, d'élever la force qui la rabaissait. Elle ne l'avait jamais su, ne le saurait certainement jamais, plus que de savoir obéir, sa docilité faisait un contrepoint capable de devenir addiction à celui qui n'était au fond pas certain de sa force.

Le premier coup vint, et elle tressaillit à peine. Non qu'elle ne ressente pas la douleur, bien au contraire, elle n'y avait jamais été particulièrement résistante, mais sa signification n'était pas la même pour elle. Encore plus aujourd'hui, où elle en ressentait presque le besoin, laver son esprit par le corps.

    100...99...98...97...96...95...94...

Et ainsi, elle égrena les chiffres, avec une patience surprenante, presque hypnotisée par les marques de plus en plus rouges qui s'étalaient sur ses paumes, observant les frémissements de ses doigts, les larmes de douleur perlant à ses yeux à mesure que la morsure du cuir sur ses chairs de plus en plus à vif s'intensifiait. Peut-être pourrait-elle poser cette question qui brûlait ses lèvres quand ce serait terminé.
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MessageSujet: Re: Petite nouvelle, certes, mais bonne nouvelle? [Leonard de Limal]   Petite nouvelle, certes, mais bonne nouvelle? [Leonard de Limal] Icon_minitimeVen 6 Nov - 13:43

Elle était donc obsédée par un mort… Une main posée sur la hanche, l’autre remettant droit son képi, il commença à s’interroger sur le passé de cette femme. Il repensa au carnet rouge qui était dans sa poche. Si c’était celui de ce maître Alexander, peut être pourrait-il y trouver des informations. Il allait d’ailleurs lire son dossier, il brulait d’envie de savoir ce qu’elle avait pu faire pour se retrouver en taule. Peut être s’en prendre à un « faible » comme elle l’avait fait ce matin. Mais la chose n’était pas assez grave pour avoir comme sanction une maison de correction, et encore moins celle-ci. Il verrait bien.

Il se rendit compte que ses mains n’étaient pas gantées. Il sorti donc les deux gants de soie grise et les passa. Un tic, il n’aimait plus avoir les mains nues, en plus de cacher sa manie de se ronger les ongles, cela lui permettait de ne pas les abimer quand il entrait en conflit avec quelqu’un.
Pour ce qui était de la question, il pensait que c’était un prétexte pour retarder les coups, alors mademoiselle, ne disait-on pas recevoir la punition avec plaisir ?


-On verra ça après, maintenant compte !

Et le premier coup parti, suivi tout naturellement par les autres. Il ne dit rien. Le couloir était empli d’un silence de mort, seul les claquements secs et les paroles de Camille y raisonnaient. Dans sa tête, lui comptait à l’endroit. Puisque légèrement dyslexique, il était incapable de décompter. Si bien que Camille aurait pu faire une faute qu’il ne s’en serait pas rendu compte. Mais sa prestation fut parfaite, elle ne se trompa pas une seule fois. Quand les coups à donner ne furent plus que d’une vingtaine, il lui lança :

-Estime-toi heureuse, la prochaine fois ce sera cul nu !

Quand le dernier coup eu retenti, il soupira et s’étira. C’est que c’était fatiguant pour le bras qui tenait la cravache ! Il fit craquer les os de son épaule et de son poignet, et attendit qu’elle se redresse. Il avait l’impression de n’avoir rien fait. Ces larmes là n’étaient pas dues à la douleur, pourquoi n’avait-elle pas mal ? Est-ce que ce « maître » la frappait, est ce qu’elle aimait cela ? Non, impossible.
Il rattacha la dragonne en cuir à sa ceinture, chargées de maints autres objets et demanda :

-Alors, c’était quoi cette question.

La punition s’arrêterait là, sauf si soudainement elle se mettait à le défier, chose qui était fort peu probable. Théoriquement, elle aurait mérité plus. Mais il n’en avait pas la volonté. Si on lui demandait des compte, il dirait tout simplement qu’il avait mit cela sur le compte du stress provoqué chez elle par son transfert dans un lieu carcéral. Et puis ils n’auraient qu’à intervenir eux même s’ils n’étaient pas satisfaits.
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MessageSujet: Re: Petite nouvelle, certes, mais bonne nouvelle? [Leonard de Limal]   Petite nouvelle, certes, mais bonne nouvelle? [Leonard de Limal] Icon_minitimeVen 6 Nov - 16:53

Elle se redressa, l'esprit vide, les mains tremblantes, engourdies par la douleur. Les yeux rivés sur ses doigts, qu'elle plia lentement, très lentement, avant de les déplier. Mue par l'habitude, par toutes ces injonctions soigneusement implantées pendant ses dix-sept années d'existence, elle s'approcha du Gardien.

A mouvements lents, presque anesthésiés, alors que la douleur continuait à fuser de ses doigts jusque dans ses poignets, puis dans ses bras, elle prit cette main qui avait tenu la cravache. La douceur n'était pas quelque chose qu'elle connaissait, mais la délicatesse par contre, elle l'avait très durement apprise dès le plus jeune âge. Il lui arrivait encore de rêver, de cauchemarder de ce minuscule placard où il l'enfermait.

Le train de ses pensées reprit son cours, se déroulant mélancoliquement derrière ses yeux, et ses doigts, quelque peu maladroits, encore à vif, massaient, la main, le poignet, l'avant-bras même, s'il la laissait faire.

Très étrange tableau que cette trop maigre poupée légèrement inclinée sur une simple main, qu'elle traitait mieux que beaucoup ne traitent leur amant. Elle garda les yeux soigneusement baissés, et sa voix n'était qu'une très pâle réplique de ce qu'elle aurait pu être.

    Croyez-vous, monsieur, que..

Elle hésita. Comment formuler cette question qui n'était pas réellement claire dans son esprit ?

    Qu'il y a quelqu'un ici qui saurait prendre sa place?

Vingt et un an avait-il dit. Quatre ans. Cela paraissait énorme, et rien à la fois. Que deviendrait-elle une fois ces quatre ans terminés? On l'abandonnerait encore. Et elle serait seule, définitivement seule. Il ne reviendrait pas, il avait menti. Menti. Jamais il ne reviendrait.

Étrangement, Camille n'avait pas envisagé la mort de son Maître comme un obstacle à ses promesses. Il ne lui avait jamais menti auparavant. Peu lui importait que les autres soient honnêtes. Peu lui importaient les regards en biais qu'on lui avait jeté pendant son procès, elle ne se souvenait même pas réellement de ce qui avait été dit à ce moment. Ils parlaient de victime, de syndrome, de pauvre petite, de détournement. Elle avait eu envie de hurler qu'elle aurait tout fait pour lui, tout.

Et tandis que ses doigts brûlants de douleur continuaient malgré tout à masser, elle murmura sans s'en rendre compte.

    J'aurais tout fait pour lui. Je ferais tout.

Et dans le néant de son esprit, elle continua, supplia, tout le monde et personne à la fois. Je ne veux pas être seule. Je ne peux pas. Ne me laissez pas toute seule. Ne m'abandonnez pas.

Ses yeux verts, jaunes, translucides, revinrent à ce Gardien, et par dessus ses traits apparurent fugitivement ceux de Sir Alexander. Il n'était plus là. Elle n'avait qu'un inconnu en face d'elle. Et elle serait seule dès qu'il aurait repassé la porte.

Allait-elle s'effondrer au moment où le lourd battant claquerait? Tout comme elle s'effondrait quand la poignée du placard tournait lorsqu'elle était petite?
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MessageSujet: Re: Petite nouvelle, certes, mais bonne nouvelle? [Leonard de Limal]   Petite nouvelle, certes, mais bonne nouvelle? [Leonard de Limal] Icon_minitimeVen 6 Nov - 18:11

Elle s’était approchée de lui si doucement et rapidement à la fois qu’il sursauta quand elle prit sa main. C’était un contact délicat, alors qu’elle aurait du éprouver de la rancœur à son égard, c’était presque comme si elle le remerciait. Il la regarda, hébété. Depuis combien de temps personne ne l’avait touché ainsi, sans brutalité, sans sous entendu. A ce moment, il devait être aussi perdu qu’elle l’était, elle lui faisait décidément perdre pied trop facilement, il n’aimait pas cela, et pourtant, il la laissait faire.
Ce contact humain, chaud et doux, c’était surement cela qui lui manquait pour redevenir celui qu’il était réellement, ça et de la compassion. La simple présence de Camille n’était bien sur pas suffisante pour que cela arrive, mais elle réussissait tout de même à craqueler son masque.
Sans s’en rendre compte, il était venu poser sa main sur celle de la jeune femme, comme pour lui apporter du réconfort. Il resta muet quelques instants, puis soudainement, il se dégagea de son emprise.


-Quoi ? Mais qu’est ce que c’est que cette question, j’nen sais rien moi ! Il n’y a pas une personne qui doit prendre sa place, tu dois obéir à tout le monde, point final.

Il était temps de prendre congé. Il vérifia qu’il n’avait rien oublié, tata ses poches, tout était là. Normalement, il aurait du lui faire la lecture du règlement, à Ethan aussi, mais il avait tout simplement la fleme. Il sortit ses clefs et se dirigea vers la sortie. Une fois la porte déverrouillée, alors qu’il avait un pied en dedans et un autre en dehors de la cellule, il accorda un dernier regard à la demoiselle. Elle n’allait pas faire long feu ici, si elle voulait un maître, il était fort peu probable qu’elle en trouve un, une personne qui allait sans vergogne profiter de son ahurissante obéissance.

Ah merde, pourquoi il se laissait avoir comme ça ?! Il soupira, et rentra de nouveau. La porte claqua dans un froid fracas.

-C’est quoi pour toi un « maître » ? C’était qui ce maître Alexander, et pourquoi tu veux que quelqu’un le remplace ?

Il tentait de garder le ton le plus froid possible. Il fallait faire passer cela pour une quête d’information, et non pour une quelconque forme d’apitoiement. C’était clairement écrit noir sur blanc, ne pas donner le moindre signe de faiblesse, il fallait être un fort.

Mais s’il était fort, alors pourquoi il se souciait d’elle ? Il n’avait pas à le faire, dans la règle du chacun pour soit, on regarde les autres se détruire s’il le fait, mais on ne s’en occupe pas. De toute façon, il n’était pas en train de s’en occuper. Non ? Si ? Il cherchait juste à comprendre, c’était tout simplement de la pure curiosité, tout ce qu’il y a de plus égoïste. Pas de quoi s’en faire non… Il pouvait bien lui arriver les pires horreurs, tout ce qu’il voulait lui, c’était comprendre pourquoi elle ne ferait rien pour résister.
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MessageSujet: Re: Petite nouvelle, certes, mais bonne nouvelle? [Leonard de Limal]   Petite nouvelle, certes, mais bonne nouvelle? [Leonard de Limal] Icon_minitimeVen 6 Nov - 19:46

Là où beaucoup, si ce n'est tous, auraient été touchés par la réaction involontaire du Gardien, Camille ne la nota pas. Ou peut-être se contenta-t-elle de mettre ça sur le compte des bizarreries de chacun. Oui, pour elle, la compassion, la tendresse, le réconfort, étaient à classer dans les choses étranges et incompréhensibles qui parfois s'emparent des gens. Des autres.

Elle ne savait pas ce que c'était. Et puisqu'elle ne savait pas, comment pourrait-elle avoir envie? Ou être touchée? Voilà bien l'un des paradoxes les plus frappant de sa courte et inhabituelle existence. Si elle n'était pas capable de vivre sans un maître, si on ne lui avait jamais appris à vivre sans personne à qui obéir, elle savait ce qu'était la solitude, celle du coeur et de l'âme, celle dans laquelle on s'enferme et dont on ne sait comment se sortir.
Mais là encore, nulle compassion, nulle tendresse, nulle douceur, ce n'était qu'une chose parfaitement normale. Et si elle s'était posé la question, sûrement aurait-elle cru que tous vivaient de la même manière.

Il se recula brusquement, et durant un bref instant, elle se demanda si elle n'avait pas fait quelque chose qu'elle n'aurait pas dû, si elle n'était pas contrevenue à une quelconque règle de sa connaissance. Et quand elle le vit se préparer à partir, elle se détourna, s'attacha à plier ses affaires avec un soin extrême, pour n'y laisser aucun pli. Peut-être que son esprit saurait se lisser dans cette tâche. Ou peut-être pas.

Ses épaules nouées, elle attendait. Que la porte claque, fatidique, et la laisse seule, définitivement seule. Et quand le bruit sourd et froid du battant retentit, elle se mordit la lèvre, sentant le vortex de ses émotions, de ces sentiments qu'elle était incapable d'appréhender, trop nouveau, trop violent pour elle, qui pourtant avait vécu de violence au travers de son maître pendant toutes ces années.

Elle se passa une main tremblante dans les cheveux. Sans accuser personne, si ce n'est elle-même, se demandant pourquoi, quelle était la raison de cette si terrible punition que la solitude, l'isolement, se demandant ce qu'elle avait bien pu faire pour mériter cela. Car assurément, toute punition, même injuste, est méritée.

Quand la voix retentit, elle sursauta, se retourna. Et il lui fallut de longues secondes pour que la compréhension fasse son chemin.

    Je...

Elle aurait voulu pouvoir répondre facilement. Elle aurait voulu avoir des mots prêts à être offerts à cette question. Mais jamais auparavant, elle n'avait ne serait-ce qu'effleuré tout ce pan de son existence, trop convaincue que c'était la plus simple normalité.
Elle regardait le Gardien, fixement, cherchant, fouillant dans les recoins de ses réflexions pour trouver ce qu'il convenait de répondre. Trop longuement sûrement, elle allait se faire punir, encore. Mais une punition qui se profile ne signifie pas que l'on soit dispensé d'obéir.

    C'est... C'est quelqu'un pour qui... je vis. Je n'existe pas sans quelqu'un pour m'ordonner de le faire, je...

Son incapacité à répondre clairement, sa voix, légèrement tremblante, cette pile de vêtements qu'elle froissait en les serrant contre elle, son regard, tout annonçait un trouble profond, une vase qui n'avait jamais été remuée et qui se répandait dans le moindre interstice.

    Il était.. tout. Il m'a recueillie, il m'a élevée, il m'a appris à obéir, il m'a appris ce que je devais être, il m'a appris tout. Je ne veux pas que quelqu'un le remplace, c'est juste que... ça doit être comme ça.

Elle baissa les yeux, les riva sur le sol, tandis que ses cheveux glissaient sur ses épaules et venaient former un long rideau ondulé. Elle savait que cette réponse n'avait rien de satisfaisant, elle-même n'en était absolument pas satisfaite.
Sa voix tomba d'un ton, elle murmura, presque réticente à exprimer ce qui venait de se faire jour dans son esprit.

    Je suis comme une poupée, monsieur, je dois être façonnée, je dois faire ce que mon maître me dit. Ce que les forts ordonnent. Il a dit que je devais obéir aux forts, que je devais châtier les faibles, qu'il reviendrait.

Encore une fois, les larmes coulèrent, elle en avait à peine conscience, pas plus que de serrer ses mains sur le petit tas de vêtements plus fort qu'il n'était raisonnable, à s'en faire mal, à raviver la brûlure de la cravache sur ses paumes.

    Il a menti. Il a laissé son carnet. Il ne le laissait jamais. Il ne reviendra pas. Il m'a abandonnée. Il faut quelqu'un qui prenne sa place, je n'existe pas sans un maître, monsieur.

Malgré les réactions flagrantes de son corps, c'est à peine si l'on avait pu sentir l'émotion dans sa voix, alors qu'au fond d'elle, elle avait la très nette impression de s'engager sur une corde raide, tirée au-dessus de flots tumultueux, qui l'engloutiraient pour la noyer d'ici peu.
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MessageSujet: Re: Petite nouvelle, certes, mais bonne nouvelle? [Leonard de Limal]   Petite nouvelle, certes, mais bonne nouvelle? [Leonard de Limal] Icon_minitimeVen 6 Nov - 19:47

Je n’existe pas sans quelqu’un pour m’ordonner de le faire… S’il y avait plus pitoyable que cela comme attitude il n’était pas capable de l’imaginer. Exister était bien la seule chose qu’on ne pouvait nous ôter, même en nous tuant, on continuait quelque part d’être à travers le souvenir des autres. Elle n’avait besoin de personne pour être, c’était absurde. On n’ordonnait pas à quelqu’un d’exister, on pouvait lui ordonner beaucoup de chose certes, mais pas cela.

Cet homme qui l’avait élevé, comment s’y était-il prit ? Pas de façon normale, c’était évident, mais depuis combien de temps était-elle sous sa responsabilité ? Depuis toujours ? C’étai fort possible, elle avait l’air conditionné et totalement en accord avec son statu de poupée, là où des milliers d’hommes se battaient pour leur libertés, elle cherchait envers et contre tout à être dirigée. Etait-elle seulement capable de prendre une décision ? Mis à part celle de décider de qui était faible ou de qui était fort. Se posait-elle parfois la question de savoir si ce qu’elle faisait était bien ou mal, normal ou non. Savait-elle que sa façon d’être était contrenature ? Elle ne pourrait que rapidement s’en rendre compte.
Ici elle allait être un steak, un morceau de viande, tout simplement : un jouet. Et on allait s’amuser avec elle jusqu’à ce qu’elle soit trop usée pour continuer. Là on se contenterait de chercher un autre divertissement, sans se poser une seule fois la question de savoir si elle était réparable ou non. Réparer prend trop de temps, on préfère jeter et racheter.

L’instinct du gardien lui disait de faire demi-tour, de l’oublier et d’aller vaquer à ses occupations. Mais quand il la reverrait, ce serait dans quel état ? Ce n’était pas parce qu’elle risquait de côtoyer principalement des femmes –les cellules n’étant pas mixtes- qu’elle ne risquait rien.
Bon sang de bon dieu, il aurait du la laisser là à attendre dans le hall plutôt que de s’en occuper. Il n’aurait eu aucune question à se poser, ça aurait été le problème de quelqu’un d’autre. Il aurait bien pu en faire ce qu’il voulait, Leo n’aurait jamais été au courant de quoi que ce soit, et il ne s’en serait porté que mieux.

Quand elle évoqua le carnet, il mit machinalement la main dans sa poche et senti le contact froid du cuir à travers son gant. Il passa ses doigts sur la reliure, puis, il le sorti et le regarda hébété. D’un côté il brulait d’envie de lire ces pages, il voulait comprendre. De l’autre côté… Ce côté égoïste et froid qu’il y avait chez lui, ce côté-là pensait plutôt à mettre ce chiffon au feu dès qu’il en aurait l’occasion. Comme il l’avait dit à Camille, il fallait faire une croix sur le passé, et ces écrits ne seraient qu’une raison de plus pour elle de couiner. Il prendrait la décision plus tard.

Il s’approcha d’elle et lui prit la pile de vêtements des mains.


-Il va falloir apprendre à faire sans. Qui est ce qui pourrait être ton maître hein ? Moi peut être ?


Son ton était à la fois doux et cassant. Il posa les affaires sur le lit, en lui désignant d’un geste muet une petite armoire où elle pourrait les ranger. Puis il s’assit, et s’adossa au mur en soupirant. Il était en train de prendre du retard sur son emploi du temps, en plus de cela, il était déjà crevé… Il avait pourtant dormi plus. C’était cette femme, elle le fatiguait. Son étrangeté était éreintante.
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MessageSujet: Re: Petite nouvelle, certes, mais bonne nouvelle? [Leonard de Limal]   Petite nouvelle, certes, mais bonne nouvelle? [Leonard de Limal] Icon_minitimeDim 8 Nov - 21:26

Quand le carnet apparu, elle détourna précipitamment les yeux et recula d'un pas, se cognant durement l'arrière des mollets contre le montant du lit. Elle avait beau ne pas savoir ce qu'il contenait, elle savait, sans pouvoir dire comment, que si elle posait les yeux sur ces écrits, son monde terminerait de s'effondrer pour ne plus jamais se relever.

Pourquoi les choses devaient-elles changer? Pourquoi tout ne pouvait pas rester tel que c'était? C'aurait été si simple, c'était quelque chose qu'elle connaissait, et si sir Alexander ne lui avait pas appris à l'aimer, tout du moins lui avait-il appris à accepter les choses telles qu'elles étaient. Pourquoi n'avait-elle pas eu le droit de le suivre? C'aurait été si simple.

Elle allait devoir accepter, comme elle le faisait toujours, et peut-être que toutes ces questions se tairaient enfin. Et dans le pire des cas, si elle ne supportait pas la solitude qui ne saurait tarder à s'abattre sur elle, la mort pourrait l'accueillir, elle trouverait l'oubli le plus total. Elle oublierait cet endroit, ce Gardien qui la troublait bien plus que de raison en remuant toutes ces choses tapies au fond d'elle, elle oublierait le carnet, et la trahison de son maître.

Sur les traits de cet homme, la commisération, la même que sur tous ces visages depuis qu'elle avait été jugée. Elle ne comprenait pas, et ça lui faisait presque peur. Coincée par le lit, elle ne put pas reculer lorsqu'il s'approcha, seulement balbutier.

    Pour... pourquoi est-ce que vous..

Elle eut la sensation qu'il la laissait nue en lui arrachant ces quelques vêtements qu'elle serrait contre elle, l'impression qu'il ne lui laissait plus rien pour tenter de se tenir chaud, et ses bras, sans plus rien sur quoi se resserrer, retombèrent mollement.

Apprendre... à faire... sans? Comment pourrait-elle faire ça? C'était impossible, la vie n'existait pas sans le regard de quelqu'un sur soi, sur elle. Apprendre à être seule, non, impossible, c'était impossible. Une panique intense commença à s'emparer d'elle, à serrer sa gorge de lourds sanglots qui menaçaient de l'étouffer à rester ainsi coincés dans sa trachée. Elle regardait cet homme fixement, presque sans le voir.

    Je ne...

Elle exhala un tout petit murmure, de ceux qui hurlent dans le crâne et s'échappent contre la volonté.

    Pas toute seule, je vous en prie... Vous...

Elle baissa la tête, poings serrés à s'en blanchir les phalanges, une giclée d'émotion brûlante venait de la traverser, la prochaine personne qu'elle croiserait et qui ne ferait pas preuve de la même autorité que le Gardien risquait fort de payer cher, très cher, le désordre qui régnait en cet instant au sein de Camille. Elle était si bien dressée qu'elle ne songea pas un seul instant à s'en prendre à cet homme. Ce fut son soupir qui la ramena à la réalité, elle releva les yeux, ses épaules retombèrent, ses mains se rouvrirent, et ses traits se relâchèrent.

Elle eut envie de lui demander ce qu'elle pouvait faire pour lui, si il désirait qu'elle lui prépare quelque chose à manger, peut-être juste du café, si il voulait un massage, ou tout simplement la prendre, là, dans sa cellule, pour qu'il se détende, pour voir son visage reposé.

    Si vous le désirez, monsieur, vous pouvez être mon maître. Vous êtes quelqu'un qui sait l'être.

Si il voulait quoi que ce soit, il le demanderait, n'est-ce pas? Ou préfèrerait-il qu'elle prenne l'initiative? Maître Alexander voulait les deux, pour certaines choses, il demandait, pour d'autres, elle devait le savoir et agir en conséquence.
Elle se pencha pour prendre ses quelques vêtements, et s'attacha à les plier soigneusement avant d'aller les ranger dans la petite armoire qui leur était destinée.
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MessageSujet: Re: Petite nouvelle, certes, mais bonne nouvelle? [Leonard de Limal]   Petite nouvelle, certes, mais bonne nouvelle? [Leonard de Limal] Icon_minitimeDim 8 Nov - 21:28

Il ferma les yeux et attrapa l’oreiller à côté de lui pour venir le serrer contre son ventre. Quand il n’était pas à l’aise, c’était toujours ce qu’il faisait : une veste, une écharpe, un sac, n’importe quoi mais il serrait quelque chose contre lui, il ressentait le besoin de cacher son abdomen, cela semblait presque rassurant. Il se laissa de nouveau aller contre le mur froid, mais son couvre chef ainsi appuyé contre la pierre lui faisait mal, il le posa donc sur la petite table de nuit. S’il avait été seul, si la situation n’avait pas été celle-ci, il n’aurait eu qu’à attendre quelques minutes ainsi sans bouger ni se soucier de ce qui l’entourait pour retrouver une certaine énergie et continuer la journée. Mais avec des si on aurait mit Paris en bouteille…

Il entendit les pas de Camille s’approcher, et le bruit du tissu que l’on manipule. Elle devait être en train de ranger ses affaires comme il lui avait dit de le faire. Quelle docilité… Mais il y avait encore la possibilité qu’elle soit en train de jouer un rôle, pour mieux se rebeller par la suite. Il faut se méfier de l’eau qui dort.

Et ces paroles… Il pouvait être son maître, il était quelqu’un qui savait l’être. Pour une personne qui essaye de se persuader elle-même qu’elle est un modèle de l’autorité, ce ne pouvait être qu’un compliment. Il rouvrit un œil intéressé. Son égo était flatté, il en oubliait presque toutes ces réflexions sur l’éthique de la chose. Ce qu’il voulait maintenant c’était plus. Ce n’était pas tous les jours qu’on entendait à High creek des paroles destinées à vous encenser. Aussi Leo dès qu’il y avait accès avait tendance à en abuser.
Il prit l’air pensif, comme si la proposition ne lui avait fait absolument aucun effet.

-Tu crois ça ? Et qui te dit que moi j’ai envie de l’être.

Puis il referma les yeux. Pour être imbu de lui-même, ça il l’était. Persuadé d’être au dessus des autres, il ne supportait pas qu’on s’oppose à lui. Et inversement, il adorait ce que l’on appelle tout simplement le léchage de botte. Certains ne supportaient pas cela, ils jugeaient cela trop faux, mais lui pas. A vrai dire, il ne se rendait même pas compte que toute flatterie avait un but, celui de le manipuler. Mais attention, la chose ne devait pas venir de n’importe qui n’importe quand. Il savait se reconnaitre le détenu qui flagorne pour éviter la punition.
En l’occurrence, Camille n’avait rien à fuir, si ce n’était la solitude, le fait d’être livrée entièrement à elle-même dans un espace nouveau qu’elle ne connaissait pas, des nouvelles règles, des nouvelles têtes.


-Jn’en sais rien… C’est à toi de me convaincre, si ça te tient à coeur.

Il n’attendait en réalité rien de particulier, si ce n’était une preuve concrète de sa soit disant supériorité.
Il ne daignait même pas là regarder, il restait dans la même position, les yeux clos. On aurait presque pu croire qu’il dormait. Ses épaules étaient basses, relâchées. Son visage détendu, ses pieds pendaient dans le vide sans bouger, seul son bras restait contracté sur le coussin qu’il serrait contre lui.
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MessageSujet: Re: Petite nouvelle, certes, mais bonne nouvelle? [Leonard de Limal]   Petite nouvelle, certes, mais bonne nouvelle? [Leonard de Limal] Icon_minitimeDim 8 Nov - 21:37

Elle resta dos tourné au Gardien, occupée, à gestes lents, qui l'apaisaient, à ranger ses vêtements. Elle se sentait disparaitre, petit à petit, derrière une couche épaisse de brume, ou de coton, qui assourdissait les sons à ses oreilles. Elle s'entendit à peine répondre.

    Rien ne me le dit, monsieur, c'est vous qui en décideriez si vous en aviez l'envie.

Devait-elle répondre à la trahison par la trahison? Devait-elle poursuivre dans cette voie? Demander un nouveau maître? En avoir envie? Elle ne savait pas, ne saurait sûrement jamais, comment savoir, puisque maître Alexander n'était plus là, ne serait plus jamais là. Comment savoir ce que lui voulait, ce Gardien? Elle ne s'était même pas posé la question de savoir son nom. Qu'est-ce que cela pourrait bien changer de toute manière? Rien.

Le convaincre. Si ça lui tenait à coeur. Le voulait-elle? Etait-ce une manière détournée d'ordonner? Elle vint se tenir devant lui, même s'il ne la regardait pas. Que pouvait-elle bien faire? Rien ici de ce que maître Alexander affectionnait, pas de cuisine proche où lui préparer un café bien noir, si elle sortait de la cellule, ce serait certainement vu comme une rébellion, et quoi qu'il arrive, elle n'avait pas la moindre idée de l'endroit où pouvait se trouver la-dite cuisine.
Mue par une de ses étranges impulsions, à le voir serrer ce coussin si étroitement contre lui, tout comme elle avait serré les vêtements, elle se pencha, avec cette délicatesse toute mécanique qui était la sienne, le serait toujours si on ne lui apprenait pas autre chose.
Son souffle presque imperceptible, elle déposa un léger, très léger baiser, au coin des lèvres de cet homme qui semblait attendre quelque chose d'elle sans qu'elle ne sache quoi.
Elle murmura :

    Tout ce que vous désirez, monsieur.

Avec cette sincérité si profonde, qui devait certainement être une se ses rares qualités.

D'aussi près, il sentirait certainement ce léger parfum de pomme, de cannelle et de vanille qu'elle avait. Un contrepoint d'une douceur et d'une énergie qui devait sembler bien déplacé sur cette jeune femme si vide de toute décision et de toute volonté propre. Peut-être était-ce là une minuscule manifestation de son réel caractère, celui que personne ne connaissait, pas même elle, et que sir Alexander avait très soigneusement muré au plus profond d'elle, à coup de punitions, de réprimandes et de récompenses.

Il avait tendu sa personnalité sur un cadre, l'avait tannée, étirée et grattée jusqu'à la rendre aussi souple que possible sans la briser tout à fait, et, sans se soucier des endroits trop peu épais qui se déchireraient certainement un jour, il l'avait ensuite taillée et teinte selon ses goûts.

Après un silence durant lequel elle le regarda, elle finit par ajouter, sans savoir s'il prendrait mal qu'elle lui offre des propositions, sans savoir s'il estimerait qu'elle le considérait mal en proposant ou si c'était ce qu'il attendait.

    Je peux remplacer cet oreiller dans vos bras, monsieur, si c'est ce que vous désirez. Je peux vous aider à vous détendre, de la manière que vous voudrez.

Encore et toujours, cette soumission docile, sans être servile, cette force surprenante dans l'abandon de soi aux décisions d'un autre.
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MessageSujet: Re: Petite nouvelle, certes, mais bonne nouvelle? [Leonard de Limal]   Petite nouvelle, certes, mais bonne nouvelle? [Leonard de Limal] Icon_minitimeDim 8 Nov - 21:38

Alors qu’elle s’approchait, il percevait déjà son odeur sucrée, une odeur de femme. Depuis quand n’en avait-il pas senti des comme ça. Certainement depuis cette époque bénite où il s’endormait dans le creux chaleureux du sein d’une femme différente chaque soir, là bas, à Paris. Ici, les produits de toilette étaient basiques, hommes et femmes étaient mélangés et on finissait par les confondre. Les femmes ici étaient pour la plus part robustes, très peu féminines. Les autres coulaient, on ne les remarquait même plus. C’était une époque masculine, appuyée par cet univers particulier qui l’était tout autant. Alors de sentir là cette odeur, c’était tellement agréable et apaisant. C’était presque comme un retour aux sources, une odeur si propre à la femme qu’elle en devenait presque maternelle.

Le contact des lèvres de Camille sur les siennes ne le fit même pas sursauter. Non pas qu’il s’y attendait, mais il était si bien là, allongé, qu’il était trop détendu pour ce faire. Cependant, surpris, il ouvrit les yeux. Face à lui ce n’était plus la même personne : ce n’était plus une de ces saloperies de raclure de la société qu’on envoie ici pour purger sa peine, un détenu parmi tous les autres, une espèce vile, fausse, ce qu’il avait en face de lui était une femme. Une femme –il le remarqua- aux traits de poupée. La ressemblance ne s’arrêtait pas au caractère.
Elle était là à quelques centimètres de lui seulement, sa peau pâle, lisse, ses lèvres rouges et pulpeuse, ses yeux doux et verts dont n’émanait aucune agressivité – et ça aussi il n’y était plus habitué- bref, en un mot, elle était belle. Fragile, déstabilisante, mais au combien jolie.

Il ne répondit à rien, il restait à la regarder, sans bouger. Il prenait conscience petit à petit de ce qu’il avait là, juste en face de lui depuis maintenant presque deux heures. C’était un temps bien trop long pour qu’il ne s’en rende compte que maintenant, mais bien trop court pour qu’elle réussisse à le troubler ainsi. Et pourtant, c’était bien ce qui était en train de se passer.

Dans les couloirs, on entendait qu’on sonnait le déjeuner, Leo n’y accorda pas la moindre attention. D’un geste rapide, il posa l’oreiller à côté et lui, et attrapant sans brutalité le poignet de la jeune femme il la fit tomber tout contre lui et il lui donna un nouveau baiser. Il ne se souciait plus de savoir si ce qu’il faisait était bien ou mal, si elle l’avait mérité ou non. Ce qu’il voyait lui, c’était cette femme superbe, douce, qui sentait si bon qui s’offrait à lui. Il n’était qu’un homme, il ne pouvait résister à cela.
Il vint poser sa main sur la taille fine de la jeune femme. On aurait presque cru pouvoir en faire le tour avec ses doigts, c’était à croire qu’elle avait grandit avec un corset enserré autour du buste. Elle lui paraissait soudainement si légère, il avait l’impression que le moindre geste brusque aurait pu la briser.
L’autre main, il la passa dans ses cheveux. Le nez contre son oreille, il respira cette douce odeur. C’était sans doute la raison la plus grande qui l’avait poussé à la prendre dans ses bras, ce parfum fruité et tellement humain à la fois. Etait-ce naturelle ? Se parfumait-elle ? Il s’en moquait, il ne se posait à vrai dire même pas la question. Il était en pleine régression, une simple inspiration le ramenait des années en arrière. Il avait l’impression de remonter des dizaines et des dizaines d’années. Pourtant il n’avait que vingt cinq ans, et cette époque dont il était nostalgique ne datait que de ses vingt ans.
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MessageSujet: Re: Petite nouvelle, certes, mais bonne nouvelle? [Leonard de Limal]   Petite nouvelle, certes, mais bonne nouvelle? [Leonard de Limal] Icon_minitimeDim 8 Nov - 21:41

Elle attendit, avec cette patience qui n'en était pas réellement, qui consistait surtout à oublier le temps plus qu'à accepter de le regarder passer. Il la regardait, oui, mais elle ne vivait que dans le regard des autres, qu'elle le remarque ou non. Aussi, elle attendit, aussi sage qu'une image, aussi sereine en apparence que la poupée dont elle avait les traits. Elle attendit, quelque chose, ou rien peut-être, elle même n'aurait su le dire, lorsque l'on sait ce qu'on attend, l'expectative est trop grande. Elle attendait.

Ce fut la cloche du dîner qui attira son attention, qui la ramena à la réalité, non qu'elle se soucia d'avoir faim, elle se demanda ce que c'était, si cela signifiait une règle à respecter, des actes à réaliser. Mais elle n'eut pas le temps de pousser son questionnement, il l'attrapa par le poignet, l'attira contre lui, et l'embrassa encore.

Elle en fut surprise, profondément surprise, presque choquée. Jamais personne ne l'avait traitée ainsi, jamais personne n'avait été doux avec elle. Sans qu'elle ne se raidisse plus qu'elle ne l'était naturellement, elle avait appris il y a bien longtemps à ne pas troubler les intentions de son maître par ses réactions, elle resta interdite, incapable de la moindre réaction, les yeux légèrement écarquillés.

Cette main autour de sa taille, cette autre dans ses cheveux, elle avait tellement l'habitude de souffrir lors de contacts physiques que ça en était presque douloureux de ne pas le ressentir.
Contrairement à ce que beaucoup avaient cru, Camille n'aimait pas souffrir. Elle ne cherchait qu'à satisfaire son maître, et s'il aimait la faire souffrir, alors elle souffrait, là s'arrêtait l'intérêt qu'elle y portait.

Mais les habitudes étaient ce qu'elles étaient, les conditionnements imposés par sir Alexander, et en cet instant, elle découvrait quelque chose qui lui était totalement étranger. Son souffle s'accéléra légèrement, la panique refaisait surface, menaçant de la submerger, de l'étouffer, de la faire exploser. Elle avait beau être dans cette étreinte chaude, et potentiellement rassurante, elle ne savait pas qu'elle pouvait y trouver du réconfort.
Et bien qu'en cet instant, une question lui brûlait les lèvres, elle ne dît rien, tenta, si ce n'est de se détendre, tout du moins de ne pas se raidir plus encore. Une fois de plus, elle avait cette sensation si familière de se déconnecter de la réalité, de perdre le lien entre son esprit et une conscience claire de ce qui l'entourait, et sans réfléchir, se voyant presque agir de l'extérieur, elle vint glisser ses bras autour des épaules du Gardien, peut-être un peu moins mécaniquement qu'elle n'agissait en général, trop déstabilisée pour ne pas être hésitante.

Elle entendait son souffle, le sentait, sentait sa chaleur, ses mains, ses bras, tout, mais était incapable d'aller plus loin que la sensation, incapable de pensée, de volonté ou de réflexion, incapable de faire le moindre lien. Elle se contentait de lui offrir ce qu'elle avait, seule chose dans laquelle elle excellait, et le fait de ne pas savoir ce qu'il pouvait prendre en cet instant ne la dérangeait pas une seule seconde. Que l'on sache ou non, que l'on comprenne ou non, les choses étaient.

Elle inclina légèrement son visage, il ne disait rien, aussi, elle se tût également. Ses doigts se refermèrent légèrement sur ces épaules plus larges que les siennes, et elle resta ainsi, hors du temps et de la réalité, trop perdue pour que ses questions habituelles puissent la trouver, heureuse, si l'on peut lui attribuer ce qualificatif, de savoir cet homme satisfait en cet instant. Apaisée, en quelque sorte, puisqu'enfin, après tant de jours sans le moindre répit, son tumulte intérieur se taisait, peu soucieuse de savoir ce qui pouvait en être la raison.
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MessageSujet: Re: Petite nouvelle, certes, mais bonne nouvelle? [Leonard de Limal]   Petite nouvelle, certes, mais bonne nouvelle? [Leonard de Limal] Icon_minitimeDim 8 Nov - 21:43

A ce contact qu’il avait avec elle, il manquait quelque chose, quelque chose d’essentiel. Aussi, il retira lentement ses gants, un à un, et il cru les poser à côté de l’oreiller. Il rata son coup et ils tombèrent au sol. Qu’à cela ne tienne, il s’en moquait. L’instant n’appartenait qu’à eux. Lui parce qu’il redécouvrait la douceur que l’on éprouve d’être dans les bras d’une femme, elle parce qu’elle semblait retrouver quelque chose qui se rapprochait de ce qu’elle appelait « maître ».

Il reposa ses mains sur sa taille, qu’il serra un peu plus et il la fit doucement pivoter pour qu’ils puissent tout deux s’allonger. Ils retrouvèrent ainsi l’un sur l’autre, délicieusement entremêlés. C’était comme s’il ne la sentait pas sur lui, comme si elle ne pesait rien. Il avait l’impression de se retrouver avec une héroïne fantastique des romans qu’il lisait parfois. Mais au final, cela aurait bien pu être n’importe qui, ce qu’il appréciait, c’était la suavité qu’elle lui procurait.
Il remonta ses mains contre son dos et vint les poser contre sa nuque. Il touchait pour la première fois de façon directe sa peau de satin, il se réchauffait à la chaleur de son corps. Sous ses doigts il sentait la base de ses cheveux, il les y fit glisser avec délicatesse. C’était si doux. Ici tout le monde avait le cuir chevelu trop gras, trop sec… Cette chevelure là était soyeuse, elle lui semblait presque irréelle. Epaisse et bouclée, elle contrastait tellement avec lui qui avait les cheveux trop fins et abimés.

Une nouvelle fois, on sonna pour le déjeuner. Cette fois ci, il devait y aller. Il était surveillant ce jour là. Il se redressa légèrement pour l’embrasser une dernière fois. Dire que quelques minutes auparavant, il était en train de la frapper, et là, elle lui offrait la chaleur et le réconfort d’un cocon de tendresse. C’était à n’y rien comprendre. Mais il avait renoncé à décoder son comportement dès l’instant où elle avait pour la première fois posé ses lèvres contre les siennes. Tout ce qu’il voulait maintenant, c’était profiter de l’occasion.
Une dernière caresse dans ses cheveux et il la fit basculer sur le côté pour pouvoir se redresser et s’assoir sur le rebord du lit. Là il commença à reprendre conscience de où il était et de ce qui venait de se passer.

Il se trouva bête à ne pas savoir quoi dire. Il aurait pu simplement s’en aller et la laisser là, mais la situation était bien particulière. N’était-il pas maintenant quelqu’un, quelque chose de spécial pour elle ? Il avait l’impression que par cette simple étreinte, il s’était engagé dans quelque chose qu’il comprenait à peine. Il avait en quelque sorte la responsabilité de cette jeune femme.
Encore une fois : il pouvait la laisser livrée à elle-même, après tout elle n’était que détenue parmi les autres. Mais s’il le faisait, bientôt il le savait elle perdrait toute cette douceur, cette délicatesse qu’il aimait et dont il ne pourrait plus jamais profiter. Elle n’était pas encore pervertie par cet endroit, il ne fallait pas qu’elle le soit. Il fallait qu’elle reste comme elle était, pour qu’il puisse venir se blottir à tout instant dans ses bras, qu’il puisse respirer son odeur de sucre encore et encore.

Les genoux légèrement écartés, vouté, les bras appuyés sur ses cuisses, les bras croisés, il demeura silencieux un long moment. Puis, il se leva, se tourna et la considéra attentivement. Elle se casserait dès la première rencontre avec quelqu’un d’autre. Il en était intimement persuadé, il ne voulait pas qu’on la casse, c’était un objet rare qu’il n’était pas sur de croiser à nouveau.


-C’est l’heure du déjeuner. Tu vas…

Venir avec lui ? Non, il ne fallait pas qu’il s’affiche avec un jeune d’ici. C’était très mal vu d’être proche d’eux. Il allait en entendre parler pendant des semaines, et il perdrait le respect de ses paires. Alors quoi. La laisser là ? Il fallait bien qu’elle mange, mais elle n’avait cessé de lui répéter qu’elle ne voulait pas rester seule. Il faudrait pourtant qu’elle se fasse à cette idée, il ne pourrait pas indéfiniment rester à ses côtés. Il avait un travail, des responsabilités.

-Tu vas rester là, je vais revenir, plus tard.

Il se pencha pour ramasser les gants gris qui étaient sur le sol, et reprit son képi qu’il ajusta correctement sur sa tête. Quelle aventure… Il n’aurait pas cru qu’en prenant la responsabilité de s’occuper d’elle dans le hall, la chose prendrait un tel tournant. De nouveau il la regarda. Il aurait voulu rester là, juste rester contre elle, lui qui était fatigué n’aurait pas pu rêver mieux. S’endormir contre quelqu’un, avec assez de confiance pour ne pas avoir le sommeil troublé. Etait-il trop crédule ? Avait-il raison de la croire sincère quand elle se montrait si docile ? Seul l’avenir le lui dirait.
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MessageSujet: Re: Petite nouvelle, certes, mais bonne nouvelle? [Leonard de Limal]   Petite nouvelle, certes, mais bonne nouvelle? [Leonard de Limal] Icon_minitimeDim 8 Nov - 23:33

Elle était beaucoup trop perdue à présent pour avoir une conscience autre que physique de ce qui était en train de se dérouler. Cette étreinte, ce contact, tout les gestes de ce Gardien ne faisait que l'enfoncer un peu plus dans un abîme de douce chaleur, un abîme d'inconnu contre lequel elle n'avait pas la force de lutter. Ces doigts sur sa nuque, dans ses cheveux, ces caresses, tout se liguait contre elle et contre sa panique pour l'éteindre, l'apaiser, la laisser flotter dans cet univers cotonneux.

Ses yeux se fermèrent, sans même qu'elle ne s'en rende compte, son front appuyé contre la mâchoire de cet homme, son oreille contre son torse, et progressivement, elle l'entendit, le battement de son cœur. Jamais elle n'avait entendu cela avant, et pourtant, cela lui rappelait quelque chose de presque viscéral, ses mains se resserrèrent sur la tunique un peu trop rêche, elle se ramassa légèrement sur elle même, comme pour se blottir dans un geste qu'elle ne connaissait pas.

Lorsqu'il l'embrassa encore, elle ne s'en rendit pas même compte, trop de douceur, trop de tendresse, trop de sensation étrangères pour qu'elle puisse les distinguer les unes des autres. Bien évidemment, elle le laissa se redresser sans la moindre velléité de l'en empêcher. Tandis qu'il restait assis, elle se releva pour de bon, ses yeux tombèrent sur les gants, par terre, et sans un mot, elle s'accroupit pour les ramasser. Elle prit ensuite ses mains dans les siennes, l'une après l'autre, et les enveloppa de nouveau de ce morceau de tissu gris, et si son regard se posa sur ses doigts abîmés et rongés, ce fut sans la moindre réaction, sans le moindre jugement. Après tout, son corps à elle aussi était abîmé, et même si son visage et ses mains étaient particulièrement soignés, il n'en allait pas de même du reste, très loin de là.

Ses gestes étaient délicats, comme toujours, et peut-être un tout petit peu plus fluides, mais pour le moment, elle n'y songeait pas, elle ne songeait à rien, et c'était pour elle une bénédiction.

Sans que cela ait rien de maternel, sans qu'elle ne donne ne serait-ce que l'impression de se mettre au-dessus de lui, sans qu'elle ne s'imagine même que ces tous derniers évènements puissent lui apporter un quelconque statut privilégié, tout simplement parce que cela lui semblait être ce qui devait être fait, elle arrangea sa tenue, remit son képi en place, lissa les quelques plis que pouvaient avoir attrapés sa tunique ou son pantalon.
Petite poupée attentionnée, uniquement désireuse de satisfaire celui qui lui faisait face, toute entière, comme on le lui avait appris, au soin de celui qui s'occupait d'elle.

Elle resta ensuite debout, toujours aussi sage, à se demander pour un observateur extérieur comment elle avait bien pu être envoyée ici, elle qui semblait incapable de la moindre décision indépendante.

Mais Camille, malgré la simplicité de sa vision du monde, avait plusieurs facettes, face à un homme, face à celui qui deviendrait certainement son nouveau maître, à qui elle vouerait d'une fidélité sans faille, quoi qu'il arrive, à partir du moment où il aurait "officialisé" son statut vis à vis d'elle, pour qui elle serait d'une mauvaise foi et d'une subjectivité sans bornes, quels que soient ses actes et ses paroles, face à lui, elle était d'une docilité profonde, et totale.
Face à d'autres, comme ce policier qui lui avait valu cette punition un moment plus tôt, elle était d'un mépris sans bornes, et face aux femmes...

Mieux valait qu'aucune de celles qui étaient entre ces murs ne l'approche de trop près, mieux valait, si ce Gardien décidait de la prendre en son pouvoir, qu'aucune d'entre elles ne se risque à lui porter un quelconque intérêt. Aucun mépris pour les femmes, elle les haïssait, tout simplement.

Encore environnée par cette sensation d'apaisement qui l'avait envahie, elle ne prit pas immédiatement la mesure de ce que le Gardien lui disait.

    Bien, monsieur.

Une fois qu'elle serait seule, il était fort probable que la panique et le tumulte intérieur refassent surface, alors, peut-être se souviendrait-elle qu'il lui avait dit qu'il reviendrait, pour le moment, elle ne pouvait qu'être docile. Même si elle avait été capable d'autre chose, elle n'en aurait pas eu envie, non, c'était si rassurant d'avoir un ordre à suivre, tout simplement.
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MessageSujet: Re: Petite nouvelle, certes, mais bonne nouvelle? [Leonard de Limal]   Petite nouvelle, certes, mais bonne nouvelle? [Leonard de Limal] Icon_minitimeDim 8 Nov - 23:36

Alors qu’il voulait ramasser ses gants, elle le fit pour lui, et alla jusqu’à les lui passer. Il prit ses mains dans les siennes, et les regarda. Blanches, comme son visage, elle avait de longs doigts fins, et des ongles au combien soignés. Celles de Leo étaient calleuses, comme celles d’un travailleur de quarante ans. Encore une fois, il mettait cela sur le dos de la piètre qualité de cosmétiques qui leur était donnée. Les ongles rongés, c’était une manie dont il n’arrivait pas à se défaire. C’était plus fort que lui, dès qu’ils voyaient que l’extrémité dépassait un tant soit peu, il l’arrachait. Ses ongles devaient tous faire moins d’un centimètre. Parfois même cela lui faisait mal, mais il ne pouvait s’en empêcher. Le stress, ou autre chose… Il avait renoncé ses tentatives pour stopper cette habitude, d’où ces gants qu’il portait de façon quasi permanant.
Comme hypnotisé par ces petites mains de femme, il en porta une à sa joue et y plaqua la paume avec douceur. C’était étrange, elle était froide mais il se sentait tout de même apaisé. Après quelques secondes, il la laissa et se leva.

Camille ajusta sa tenue. Ce « monsieur » sortant de sa bouche faisait austère. Il ne voulait pas entendre de « maitre », il voulait juste… Un peu d’intimité, il voulait se reconnaître quand elle lui parlait. Il avait eu la chance de la trouver le premier, elle était donc à lui. Des « monsieur », elle allait en sortir à tout bout de champs ici, lui voulait ressortir du lot. Il voulait par pur vanité retrouver le même regard chez Camille quand elle lui parlait que quand elle parlait de ce « Maître Alexander », sans pour autant en être un pastiche.

-Monsieur Leonard, tu m’appelleras comme ça.

A mi chemin entre l’ancien maître et les autres gardiens, cela lui semblait convenable. De plus, cela lui avait en quelques sorte permit de se présenter à elle. Il connaissait son nom et son prénom, mais elle ne savait rien de lui.
Quand elle réajuste son képi, il sourit, fier, supérieur. Il se sentait comme mis sur un piédestal. Il avait sa petite demoiselle, elle lui obéissait à lui. Une pensée lui traversa alors l’esprit, et si elle se comportait se la même façon avec ceux qu’elle appelait les forts ? Ils étaient nombreux ici à rivaliser en matière d’autorité. Des faibles, elle n’en remarquerait même pas ! Ils se cachaient. Hors de question qu’il laisse cela se faire. Il n’y en avait qu’un qui pouvait en profiter, qui pouvait profiter de ce parfum de vanille, c’était lui dorénavant !

Avant de partir, il la prit par les épaules, pour lui expliquer tout cela. Mais il tourna légèrement la tête, il n’avait plus le temps. Pas grave… Le temps qu’il y aille, et qu’il revienne, elle n’aurait pas bougé, il le lui avait dit. D’ici une heure et demi ou deux heures il serait de retour, il aurait bien trouvé un moyen de se démettre de ses fonctions pour l’après midi, et ils auraient tout le temps de parler, et lui aurait tout le temps de découvrir ce qu’impliquait être ce « maître ».
Il s’identifiait déjà très bien à ce rôle, tous ses doutes avaient disparus. Oh, ils n’allaient pas tarder à refaire surface, mais il était bien trop exalté par la situation pour réellement faire la part des choses.

Sans rien ajouter, il tourna les talons et sorti de la pièce, pour se diriger vers le réfectoire.
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MessageSujet: Re: Petite nouvelle, certes, mais bonne nouvelle? [Leonard de Limal]   Petite nouvelle, certes, mais bonne nouvelle? [Leonard de Limal] Icon_minitimeLun 9 Nov - 0:06

    Bien, Monsieur Leonard.

Elle intégra ce nom, sans se poser de question, sans chercher à comprendre pourquoi il désirait qu'elle l'appelle ainsi et pas autrement, dorénavant, il serait monsieur Leonard. Une interrogation nébuleuse tournait tout au fond d'elle, sans qu'elle n'en ai réellement conscience. Monsieur Leonard, cela viendrait-il remplacer ce maître Alexander qu'elle se murmurait à elle même comme une supplique, voudrait-il prendre cette place? Serait-elle à la hauteur de ses attentes?
Toute cette douceur, en était-elle capable? Elle n'avait connu que l'indifférence et la violence, parfois, très rarement, la passion dévorante de son maître, mais rien de tout ceci. Personne ne l'avait pris dans ses bras, même dans sa plus petite enfance, surtout dans sa plus petite enfance, les quelques personnes qui avaient pu désirer le faire s'étaient fait très vertement repousser par sir Alexander, et n'avaient plus jamais osé s'y risquer devant la fureur qu'il avait déployée.

Quand il sourît, elle eut comme un raté, tout comme si l'automate s'enrayait un très bref instant pour ne laisser qu'une jeune femme brisée avant même d'avoir pu se construire. Elle fut traversée par l'envie brûlante de reposer sa main sur cette joue, d'y sentir le très léger chaume de la barbe soigneusement rasée tous les matins, elle eut envie de se jeter dans ses bras et de le supplier de la garder là jusqu'à la fin de ses jours.
Mais aussi vite qu'elle naquit, cette envie disparut, trop rapide pour qu'elle ai pu l'appréhender, trop fugace pour qu'elle l'est comprise. Elle en resta simplement déstabilisée.

Il posait ses mains sur ses épaules à présent, sur le point de dire quelque chose, elle attendit, sans espoir ni désespoir, et rien ne fut dit. Elle aurait voulu dire tout et rien à la fois, et ce fut le silence qui l'emporta. Elle ne se retourna pas pour le regarder sortir, ç'aurait été insupportable, et quand la porte se referma, elle eut l'impression de l'entendre claquer violemment, que le bruit sourd se répercutait douloureusement dans tous ses os. Elle resta là, debout, dos à cette porte qui pourtant envahissait les moindres recoins de sa conscience, elle eut la sensation de rester ainsi, en suspend, pendant des années entières, et pourtant, ça ne dura qu'une demi-heure.

Et soudain, les restes de chaleur qui continuaient à habiter son être, les miettes de cette bienheureuse sérénité, tout s'enfuit, comme un évier dont on aurait retiré la bonde, ne laissant que froid, désespoir et panique derrière eux.
Seule, elle était seule, maître Alexander l'avait trahie, Monsieur Leonard était parti, et elle était seule, désespérément seule.

Elle se retrouva incapable de respirer correctement, incapable de saisir le tumulte qui, après cet apaisement passager rugissait en elle plus sauvagement encore, et sans vraiment le réaliser, ses jambes brusquement trop faibles pour la porter, elle tomba.
Lentement, comme une fleur fanée, comme une feuille jaunie, elle chut sur le sol, se recroquevilla sur elle-même, yeux étroitement fermés, ses bras serrés autour de ses jambes. Isolée de l'homme qui devait s'occuper d'elle, séparée de celui pour qui elle devait vivre, elle n'existait plus, et cette angoisse, ce néant, la frappèrent de plein fouet, la laissèrent prostrée là, sans plus aucune conscience de quoi que ce soit, cherchant à fuir les profondeurs mêmes de son être, comme un enfant qui a peur du noir et n'a rien, absolument rien, pas même une couverture élimée, sous laquelle se cacher et trouver du réconfort.

Elle se raccrochait faiblement à ces quelques mots, Je vais revenir plus tard, et malgré l'espace tout relatif de la cellule, avait la sensation d'être enfermée dans ce minuscule placard, où elle avait passé des heures de torture psychologique, qui mieux que tout le reste, avaient su la forger telle que son maître la désirait.
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MessageSujet: Re: Petite nouvelle, certes, mais bonne nouvelle? [Leonard de Limal]   Petite nouvelle, certes, mais bonne nouvelle? [Leonard de Limal] Icon_minitimeLun 9 Nov - 0:07

Dans le réfectoire, c’était un véritable capharnaüm. Si parfois les jeunes savaient se tenir, c’était loin d’être le cas ce jour là. Cela avait commencé par le conflit entre un homme et une jeune femme, personne ne savait pourquoi mais quand ils en arrivèrent aux mains, un cercle se forma rapidement auprès d’eux, et chacun y allait de son encouragement, dans l’espoir d’assister à un spectacle capable de faire oublier dans quel horrible endroit on se trouvait. Leo laissa ses collègues intervenir, il savaient qu’ils y prendraient un malin plaisir, et surtout lui était trop fatigué pour le faire.

Il s’était posté dans un coin de la salle, ne surveillant que d’un œil se qui se passait autour de lui. Même si les deux fauteurs de trouble avaient été emmenés depuis maintenant dix bonnes minutes, ils n’avaient fait qu’exciter leurs camarades qui se permettaient de parler fort et de chahuter. N’étant plus que deux à contenir ce repas, les agents étaient un peu débordés, sans compter que Leonard n’y mettait vraiment pas du sien.

Il feuilletait d’un œil à demi attentif le carnet qu’il avait pris à Camille. Des articles de journaux pour la plus part, relatant des enlèvements, des viols. C’était à vous faire froid dans le dos, mais ce qui intéressait le blond, ce n’était pas les exploits de cet Alexander Duval, mais plutôt les notes qu’il avait pris concernant la jeune femme. Il avait presque l’impression de lire un papier scientifique relatant des mois et des mois d’observation de… N’importe quoi, une pierre, une fleur, un animal, mais pas un être humain. Des phrases comme « elle semble apprécier… » « Cette pratique s’avère être sur elle un échec » etc.… Et quelles pratiques ! L’homme qui avait écrit cela ne pouvait être que fou ! Une nouvelle fois, Leonard revint à la première page, pour regarder la photo de ce monsieur Duval. Quel âge avait-il ? S’il cherchait bien, peut être trouverait-il la réponse. Mais il préférait lire plus attentivement tout cela à tête reposée, une fois qu’il aurait un peu dormi, et qu’il serait dans un lieu plus propice à cette activité.

La salle commençait à se vider. Sa présence ici n’était plus nécessaire. Il averti l’autre présent qu’il ne se sentait pas bien, et il le pria de bien vouloir le remplacer à son poste de surveillance à la salle de travail cet après-midi, jurant qu’il lui revaudrait cela. L’autre fut dur à convaincre, mais il accepta tout de même. Avant de quitter ces lieux, Leo passa par le présentoir pour y prendre une poire et un grand morceau de pain. Il savait qu’en arrivant ici, tout le monde était fatigué et avait faim. Camille ne ferait certainement pas exception à la règle, aussi étrange soit-elle.

Il reprit donc la direction de la cellule de la jeune femme, et quand il y parvint, il la trouva allongée sur le sol. Elle paraissait inanimée. Merde ! Elle n’avait quand même pas déjà eu le droit à une « visite de courtoisie » quand même !
Il entra dans la cellule sans se presser, à moitié inquiet et à moitié curieux de savoir dans quel état elle était. Il posa la nourriture sur le lit, et il s’accroupi derrière elle, avant de poser sa main sur son épaule, et d’une voix douce, il l’appela :


-Camille ?

Il était rare qu’il appelle les détenus par leurs prénoms. D’ordinaire, il se serait contenté de lui donner un léger coup de pied pour la réveiller, tout en l’appelant avec agressivité : « Duval ! ». Parfois même quand il connaissait le matricule des gens, il les appelait simplement par ce numéro. Déshumanisation, humiliation.
Il se rendit compte de ce qu’il venait de faire, il fronça les sourcils surpris de sa propre attitude. Puis, il s’excusa, se disant que s’il voulait qu’il y ait une certaine intimité dans la façon qu’elle avait de s’adresser à lui, il en serait de même quand il s’adresserait à elle.
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MessageSujet: Re: Petite nouvelle, certes, mais bonne nouvelle? [Leonard de Limal]   Petite nouvelle, certes, mais bonne nouvelle? [Leonard de Limal] Icon_minitimeLun 9 Nov - 0:33

Elle eut un violent sursaut quand il la toucha et ses yeux s'ouvrirent en grand et s'emplirent instantanément de larmes, peur et gratitude se disputaient la place prépondérante dans son regard.
Elle poussa un murmure désespéré.

    Monsieur Leonard.

Un premier sanglot la secoua, mais le deuxième fut péniblement ravalé, le troisième un peu plus facilement, et elle prit une longue inspiration tremblante.
Elle eut du mal à rassembler les bribes de sa conscience qui peinait à revenir à la surface, ancrées sur la main posée sur son épaule, et enfin, elle se redressa, se remit sur ses pieds, tête basse. Ses mains lissèrent les plis de sa jupe, remirent de l'ordre dans sa tunique, et elle attendit, piteuse, prise parfois par de légers frissons, semblant encore plus fragile qu'à l'ordinaire.

Pendant un très bref instant, elle lui en voulut de lui offrir cette douceur qui la choquait presque autant que la mort trop récente de maître Alexander. Puis, comme toujours, sa rancœur se retourna sur elle, elle était incapable de comprendre et de réagir comme il le fallait. Alors, elle osa, quelques mots du bout des lèvres, d'une voix fluette.

    Vous m'apprendrez, monsieur Leonard, à être telle que vous voulez que je sois?

Une partie d'elle espérait d'une manière presque démente qu'il le ferait, qu'il lui apprendrait, qu'il accepterait de s'occuper d'elle. Et l'autre était terrorisée, à l'idée qu'il accepte autant qu'à penser qu'il pouvait refuser, à l'idée de déplaire à maître Alexander.
A travers le rideau de ses cheveux, elle releva les yeux pour le regarder, suppliante, terrifiée, encore troublée par l'angoisse qui l'avait étreinte.
Elle aurait voulu retrouver cette paix qui l'avait envahie plus tôt, cet apaisement qui était venu d'on ne sait où, qu'elle était incapable d'associer à la douceur et à la tendresse dont cet homme avait fait preuve.

L'endroit où elle était n'avait aucune importance, les gens qui pouvaient le peupler non plus, tout ce qui comptait dans l'existence de Camille en cet instant se tenait devant elle, possédant son existence au creux de sa main gantée. Et comme elle savait si bien le faire, elle se remit toute entière entre ses mains, lui laissant tout loisir de la rendre aussi belle qu'il le désirait ou de la briser irrémédiablement, totalement offerte à sa volonté, quelle qu'elle soit.
Il ne faisait plus partie de ceux qui devaient être considérés comme forts ou faibles, quoi qu'il fasse ou ne fasse pas, il serait au-dessus de la masse confuse que percevait Camille. Il ne lui restait qu'un mot à dire, pour prendre possession d'elle ou la refuser.
Il ne le percevrait certainement pas, mais de l'avoir laissée ainsi seule et d'être revenu la voir était ce qui avait fait irrémédiablement pencher la balance pour la jeune femme, même si elle aurait été bien incapable de l'expliquer.
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MessageSujet: Re: Petite nouvelle, certes, mais bonne nouvelle? [Leonard de Limal]   Petite nouvelle, certes, mais bonne nouvelle? [Leonard de Limal] Icon_minitimeLun 9 Nov - 0:33

En un instant, elle avait reprit vie. Elle s’était rapidement redressée, et même si elle pleurait, elle semblait aller aussi bien physiquement que quand il l’avait laissé. Alors pourquoi était-elle par terre ? Si elle avait besoin de quelqu’un pour lui ordonner d’exister, avait-elle aussi besoin qu’on lui ordonne de se reposer, sur une surface qui était adaptée, à savoir un lit ? Peut être s’était-elle tout simplement effondrée de fatigue parce qu’il ne l’avait pas autorisée à s’allonger et à dormir ? En était-elle à ce point là ? C’était tout à fait inconcevable.
Elle se réajustait, comme si elle voulait paraitre parfaite à ses yeux. Il ne se rendait pas bien compte de la place qu’il avait dors et déjà dans la vie de cette jeune femme. Lui qui voulait la découvrir était loin d’être au bout de ses surprises. Par exemple, même s’il avait comprit qu’elle ne souhaitait pas rester seul, il n’imaginait pas un seul instant que de l’avoir laissé deux heure l’avait plongé dans un tel état. Il pensait que cela était du à tout autre chose : la peur de cet endroit, le désespoir d’être enfermée ici pour toute ces années, ou tout simplement la perte de cet Alexander.

Elle voulait qu’il lui apprenne à être comme il le souhaitait, mais au fond, il en était à se demander comment lui-même devait être. C’était comme s’il se retrouvait père du jour au lendemain. Il avait en face de lui un petit être qui était totalement dépendant de lui. Et Leonard ne pouvait pas lui poser de question. Il ne savait pas pourquoi, il ne pouvait pas, c’est tout. Il était seul maître de la sittuation, toutes les décisions lui revenaient. Il savait qu’elle écouterait, et qu’elle obéirait. Mais que lui demander, que faire d’elle maintenant qu’il la procédait ?
Il ne pouvait pas s’afficher avec elle, leurs contacts ne devaient se faire que dans la plus stricte intimité. D’un autre côté, il devait défendre ce qui lui appartenait, le protéger de toute menace extérieur. Et dans le cas présent, elles étaient nombreuses et presque omniprésentes. Par exemple –il jeta un coup d’œil au deuxième lit- qui partageait cette cellule avec elle ? Etait-elle violente ? Y’avait-il seulement quelqu’un qui dormait ici ? Parfois les nouveaux jouissaient quelques jours d’une chambre à eux seuls, puis, quelqu’un d’autre arrivait et les rejoignait.

Il ne savait pas quoi lui répondre. Il passa donc derrière elle et la prit par la taille, pour plonger son visage dans son cou. Elle semblait si petite à côté de lui, il était obligé de se courber. Qu’importe. C’était cette vanille épicée qu’il recherchait. Il savait déjà qu’il ne saurait plus s’en passer. Une inspiration le calmait. Ses lèvres effleuraient la peau fine de Camille, ses doigts enserraient sa taille, et il l’amenait à se rapprocher de lui.

-Nous apprendrons ensembles.

Il avait l’impression d’avoir recueilli un animal perdu et blessé. On ne sait pas pourquoi quand on le voit sur le bord de la route, on s’arrête et on s’en occupe. Même si l’on est allergique, même si l’on déteste toutes les autres bêtes, celle-ci devient importance pour nous, et on ne cesse de la regarder, de la caresser, on profite simplement de sa présence. On ne remarque même pas ce qui se passe, du jour au lendemain on ne peut plus se passer de l’avoir avec soit, on prend plaisir à la voir, on en est même fier. On ne supporte pas l’idée qu’elle accorde sa confiance à quelqu’un d’autre, elle est à nous, elle nous appartient, c’est nous qui la possédons.
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MessageSujet: Re: Petite nouvelle, certes, mais bonne nouvelle? [Leonard de Limal]   Petite nouvelle, certes, mais bonne nouvelle? [Leonard de Limal] Icon_minitimeLun 9 Nov - 2:06

Elle tressaillit quand elle sentit ses bras se refermer sur elle, quand il plongea son visage dans son cou, étonnant, puisqu'elle l'avait parfaitement vu passer derrière elle, elle l'avait vu avancer ses bras, et pourtant, elle n'était pas capable de s'y attendre, d'anticiper ceci.
Un léger frisson la prit quand ses lèvres effleurèrent sa peau, et sans réfléchir, elle se retourna dans ses bras, pour lui faire face, et envelopper sa nuque de ses bras.
Elle approcha ses lèvres des siennes et l'hésitation se fit, peut-être ne voulait-il pas de cela, peut-être allait le lui reprocher, la punir, peut-être.
Puis elle entendit sa réponse, qui n'avait d'autre signification pour elle qu'un oui. Une vague de soulagement vint rugir à ses oreilles, et pendant quelques millièmes de secondes, sa lucidité fut totalement balayée, elle murmura :

    Monsieur Leonard...

Avec une ferveur renversante, et plaqua ses lèvres contre celles de celui qui était en train de la sauver de la noyade. Elle se pressa contre lui, petit corps trop maigre à côté duquel le Gardien, même mince, avait l'air épais. Elle enfouit son visage dans son cou, tremblant légèrement.

Et soudain, elle se raidit, persuadée d'avoir eu tort, persuadée qu'il allait la repousser, refuser cette pulsion qu'elle venait d'avoir, qu'elle ne comprenait pas. Son coeur battait la chamade, elle avait tout gâché, c'était certain, ce bref moment de soulagement allait se terminer aussi abruptement qu'il avait commencé, impossible qu'il en soit autrement, maître Alexander n'aurait jamais toléré ça.

Les larmes revinrent déborder de ses yeux, tremper le cou de cet homme auquel elle se raccrochait comme à une bouée, sans pouvoir s'éloigner d'un seul millimètre.
Peut-être s'agissait-il de sa punition pour avoir envisagé que quelqu'un pourrait prendre la place de maître Alexander, peut-être avait-il fait tout cela pour la tester, le fait qu'elle l'ai vu mourir n'entrait pas en ligne de compte, celui qui la possédait était au-dessus de tout, de la vie comme de la mort.

Ce fut un désespoir tout neuf qui l'envahit, et sans qu'elle fut capable de le comprendre, il s'agissait bel et bien de sa peur que cet homme là, ce Monsieur Leonard, la rejette, tout comme sir Alexander l'avait abandonnée.
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MessageSujet: Re: Petite nouvelle, certes, mais bonne nouvelle? [Leonard de Limal]   Petite nouvelle, certes, mais bonne nouvelle? [Leonard de Limal] Icon_minitimeLun 9 Nov - 2:08

Que recherchait-il chez elle si ce n’était un contact physique. Elle était tout ce qui lui manquait ici, douce et délicate Camille. Lui était loin d’être comme maître Alexander, il ne voulait pas avoir entre les mains un mannequin dénué de toute conscience, il ne voulait pas avoir l’impression de la manipuler sans qu’elle n’ait aucune réaction. Il fallait qu’elle prenne des initiatives, tiens, voilà quelque chose qu’il aurait pu lui apprendre. Il ne voulait pas avoir à lui ordonner chacun de ses faits et gestes, il n’en aurait ni le temps, ni la patience.
Il ne lui attachait pas encore d’attachement moral. C’était plus comme une drogue, quelque chose qui nous fait nous sentir si bien que dès le premier usage on y est accro. Elle était une femme magnifique, et lui un homme comme les autres. Comment ne pas résister à une demoiselle qui comme elle se montrait si proche ? Comment ne pas en réclamer plus ?

Son baiser bien qu’il lui fut rendu avec passion sembla l’attrister. S’il l’avait senti volontaire entre ses bras, il avait l’impression maintenant que son corps tombait, il devait la soutenir où il en était sur elle s’écroulerait. Elle pleurait, il ne voulait pas qu’elle pleure, sans qu’il sache pourquoi. Cela lui donnait l’impression d’abuser d’elle, il ne voulait pas, il n’était pas comme cela. Il avait beaucoup de défaut, mais jamais il n’avait abusé des charmes de qui que ce soit. D’ailleurs, il ne s’était jamais rien passé de forcé ou non entre un détenu et lui, c’était quelque chose de très nouveau, mais aussi de mal vu. C’était pour cela qu’il préférait s’isoler plutôt que de l’emmener partout avec lui aux détours des couloirs, en prenant le risque de croiser dieu sait qui.

De peur qu’elle ne tombe, il passa une main sous ses fesses, l’autre resta contre sa taille, il l’attira à lui et la souleva pour ensuite aller l’assoir sur le lit. Il resta debout et la contempla. A nouveau cette question. Qu’allait-il faire d’elle à présent.

Il se baissa pour que son visage soit à la hauteur de celui de la jeune femme. Il passa son pouce sur ses joues pour essuyer les quelques larmes qui les mouillaient. Il n’osait pas lui demander ce qui n’allait pas, il savait qu’il ne supporterait pas qu’elle prononce le nom d’Alexander Duval, et il se doutait que cet état avait un quelconque rapport avec lui. Pour être plus confortable, il se mit à genoux, il se retrouvait ainsi un peu plus bas qu’elle, mais il pouvait toujours bien la voir, et il n’avait pas mal aux cuisses.


-Arrête de pleurer, tu n’es plus seule maintenant.

C’était tout ce qu’il avait trouvé à dire pour la réconforter, puisque ce qu’il avait retenu d’elle c’était qu’elle avait peur de se retrouver seule.

Il enleva le gant de sa main droite pour prendre celle de Camille et la réchauffer. Ce petit oiseau blessé qu’il avait recueilli, il devait le soigner avant toute chose. Après seulement il pourrait décider de ce qu’il allait en faire, voilà la conclusion à la quelle il était finalement arrivé. Il devait faire en sorte de l’habituer à sa présence, il devait même se rendre indispensable, et après, il aurait ce statu qu’il désirait auprès d’elle, et dont il ignorait tout à la fois.
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Camille Duval
Camille Duval


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MessageSujet: Re: Petite nouvelle, certes, mais bonne nouvelle? [Leonard de Limal]   Petite nouvelle, certes, mais bonne nouvelle? [Leonard de Limal] Icon_minitimeLun 9 Nov - 18:10

Elle se laissa faire, comme une poupée en partie privée de ses fils. Une fois assise sur le lit, elle attendit, qu'il s'en aille, toujours aussi persuadée qu'il allait partir, qu'elle avait fait quelque chose qu'il ne fallait pas.

Encore un choc, un de plus, qui vint ébranler son esprit déjà trop fatigué, quand il essuya ses joues, encore quelque chose que personne n'avait jamais fait. Elle releva des yeux écarquillés, animés par toutes ces émotions conflictuelles qui tourbillonnaient en elle. Sa main s'éleva, mue par sa volonté propre, et vint se poser sur ce gant.

    Vous... je... vous êtes là?

Elle semblait avoir désespérément besoin de l'entendre dire, incapable qu'elle était d'interpréter les gestes du jeune homme, dans sa poitrine, une fois de plus, un espoir fou éclata, qui vint briller jusque dans ses yeux, qui rendit son souffle plus rapide.

Elle regarda sa main dans la sienne, un long moment, silencieuse, puis son autre main se mit en mouvement, pour prendre celle de l'homme qui allait peut-être s'occuper d'elle.
Ses yeux étaient rivés à cette main, incapables de cesser de la contempler.

Ses doigts, très légers, en suivaient les contours, en caressaient imperceptiblement les cals comme pour les faire disparaitre. Des doigts si fins, si féminins, aux ongles si soigneusement faits, juste assez longs pour affiner encore plus, mais pas assez pour que cela la dérange au quotidien. Elle caressait cette main, comme pour en imprimer le moindre détail, et quand ils en vinrent à ces ongles douloureusement rongés, elle ne s'en rendit pas compte, mais une très petite pointe de douceur s'exprima sur son visage, un peu de tristesse également, mais cela ne l'empêcha pas de poursuivre cette exploration.

Et soudain, elle se sentit le besoin d'expliquer, elle le fit d'une voix très basse, prête à s'interrompre à l'instant où il lui dirait d'arrêter, à l'instant même où il manifesterait de l'agacement ou de l'ennui.

    Je ne... connais pas tout ça. Je ne sais pas comment faire. Je n'ai jamais appris.

Elle leva les yeux, pour le regarder, lui qui venait apporter son lot de troubles dans son monde déjà sans dessus dessous, elle le regarda sans la moindre esquisse de colère, ou d'aigreur, de se voir si brusquement mise face à quelque chose qui lui était totalement inconnu.

Sans qu'elle comprenne comment, elle se sentait de nouveau plus calme, plus paisible. Elle se demanda, pourquoi, comment, une idée presque subjugante pointa, c'était si agréable comme sensation, si chaud, si doux, ce devait être rare, très rare, et elle devrait chérir ces moments comme autant de trésors d'une valeur incommensurable, les sceller tout au fond d'elle, pour les conserver autant que possible.

    Je voudrais apprendre.
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