Innocente à en perdre raison ... [ libre ]

La blessure traverse mon cœur
Et j'ai. La joie dans la douleur
Je m'enivre de ce poison
À en perdre la raison ( ... )

Deux mois. Deux mois à présent que Mathilde croupit dans ce vieux château. Elle le sait car elle compte les jours. Elle les note quelque part au fond de son petit crane. Elle n'a pas encore tout visité mais elle a déjà un endroit qu'elle préfère. La Galerie des Glaces. Il n'en reste quasiment plus rien, les murs sont noircis, sans doute y a t-il eu un incendie. Elle reconnaitrait ces caractéristiques n'importe où. Oui elle savait que cette salle avait brulé car elle était elle-même accusé d'incendie. Chose qu'elle n'avait évidemment pas faite. Cette salle, elle l'aimait car elle arrivait alors facilement à se rappeler la raison pour laquelle elle se retrouvait enfermé ici. Elle ne pourrait jamais oublier. Jamais non. Les bouts de miroirs qui restaient aux murs lui renvoyaient en pleine face son image. Elle prisonnière innocente pendant que la véritable coupable recevait les éloges de ses parents pour les avoir prévenus ... Lorsqu'elle posait son regard sur ces miroirs brisés, c'est elle qu'elle voyait. Elle avait été injustement brisé tout comme ces miroirs l'avaient été par l'incendie. Elle se retrouvait dans cette salle. Un peu bizarrement il fallait l'avouer.

Elle se posa alors dans un coin, prenant soin d'avoir un miroir non loin d'elle, pour se regarder. Se regarder doucement périr. Le désir de vengeance avait très largement augmenté depuis son arrivé. Plus elle passait de jour ici, plus il s'épanouissait dans son cœur. Il n'en faudrait pas longtemps avant qu'il ne soit totalement submergé par cette passion de vengeance extrême. A ce moment là alors, il ne faudra plus la déranger. Son cœur était bien trop fragile pour supporter et pardonner. Son cœur allait devenir noir, aussi noir que les murs de cette salle. Mais elle ne le sait pas encore. Elle est pour le moment encore la pauvre et innocente Mathilde.

Elle ne sait pas depuis combien de temps elle est à présent assise dans son coin, mais un petit bruit de craquement la fait sortir de sa bulle. Elle regarde un peu partout et entre-aperçois une ombre qui doucement s'avance vers elle. Elle n'est plus seule à présent (...)
Peu importe qui s'avance, un gardien, un autre prisonnier. Elle n'a pas réellement envie de discuter, mais elle fera un effort. Des efforts elle a toujours du en faire. Elle sait très bien garder pour elle de montrer ses sentiments.

A présent, le silence est revenus. Elle entend soudainement un souffle, juste derrière elle. Il est calme. Très calme. Il fait presque frissonner. Elle se regarde une dernière fois dans un miroir. Elle a des traces de suie sur sa joue, elle tente alors de l'effacer, mais ses mains, pleine de suie également lui font des traces encore plus sombre. Son si doux visage est abimé et les couleurs qui peignent ses joues sont celle de la haine qui hante son cœur (...)