Ouvrir les yeux sur l'inconnu... [Fin?]

Il y avait simplement un petit quelque chose d'agaçant dans la façon d'être de Tsume. Une démarche trop souple, trop silencieuse qui impliquait forcément l'étonnement de le découvrir juste à côté de soi. Et puis cette nonchalance permanente, sa manière de s'adosser au mur sans en avoir l'air ou de sourire en coin. Il donnait parfois l'impression de tout contrôler, de tout savoir et de pourtant tout garder pour lui. Mais Lynn appréciait cela. Pas simplement qu'il garde ses commentaires pour lui. Non. Sa façon d'être aussi. Si pour certains, le jeune homme pouvait paraître agaçant, pour elle il était... lui-même. Une évidence en quelque sorte, comme s'il n'aurait jamais pu être autrement qu'ainsi.

Elle rangea dans un coin de son crâne les informations qu'il lui fournissait. Ainsi, bien que les cellules ne soient pas mixtes, elles se trouvaient toutes dans le même couloir. Cela ne l'étonna pas outre mesure étant donné sa vision de la relation homme/femme. Pourtant, elle se demanda si le directeur avait une confiance aveugle dans l'efficacité de ses gardiens, ou s'il n'avait tout simplement rien à faire de l'activité sexuelle de ses "prisonniers". Il paraissait si aisé de traverser le couloir pour se rendre dans une cellule voisine. Si aisé...
Elle chassa cette idée de ses pensées et se focalisa sur son interlocuteur. "Coups et blessures volontaires." Pas étonnant après tout vu la carrure. Mais elle n'eut pas le temps de s'attarder sur le pourquoi du comment, ni même de prolonger son interrogatoire, Tsume lui fit signe de se taire. Comme si elle n'avait pas entendu...

Des pas dans le couloir. Qui se rapprochaient.
Elle fut brusquement bousculée à l'intérieur de la cellule par une masse de muscles et de chair. Son compagnon. Et la porte se referma derrière eux. Elle faillit basculer en arrière tant le geste avait été rapide. Mais au dernier moment, elle trouva l'appui d'un meuble. Dur donc. Qui lui permit de garder un semblant d'équilibre avant de se redresser.
Un bref coup d'œil lui permit de détailler les lieux. Sa cellule! Enfin... Celle qu'elle partagerait avec une détenue manifestement, du nom d'Elizabeth. Sommaire. C'était le moins qu'on puisse dire. Deux lits de chaque côté de la pièce. Deux chevets sans lampes (le seul éclairage étant un plafonnier au centre de la pièce). Et deux commodes en prolongement de chaque lit. Le minimum syndical, et encore... Mais c'était largement suffisant pour Lynn.

Tsume quant à lui, s'était plaqué dos au mur, juste derrière la porte. Sa poitrine se soulevait à intervalles réguliers, on aurait dit que la situation était des plus paisibles, mais il n'en était rien. Les pas se rapprochaient... Se rapprochaient.
La jeune femme essayait de garder son calme. C'était étonnamment facile, elle avait le sang-froid certes mais le fait de ne pas savoir combien ce qui l'attendait pouvait être mauvais y était également pour quelque chose. Contrairement à beaucoup elle craignait bien moins l'inconnu que le connu. Celui-ci étant souvent susceptible de vous surprendre bien plus encore que l'inconnu lui-même.
Et s'arrêtèrent brusquement. Devant la porte close de la cellule n°13.

[Navrée pour la taille de cette... chose.]

25 ans [07.11.1925]

Comme d'ordinaire, Jericho avait été matinal. 4 heures du matin, le réveil sonne, le fauve se lève, il baille s'étire et va s'habiller. Il fourra des habits de rechange dans un sac de sport et, canne sur l'épaule, partit directement en direction des douches.
Une fois lavé, il avait prit le parti d'aller s'entraîner, comme toujours ou du moins assez souvent dans le parc. Ouaip, le truc immense qui contourne la High Creek et où vous êtes complètement peinard. Aujourd'hui, il était d'humeur sportive. Il s'entraina pendant près de trois heures avant de retourner aux douches.
Une nouvelle fois lavé, il avait enfilé une camisole blanche et un pantalon bleu clair souple. Le tout était assez large, et pour finir en beauté, il n'avait rien trouvé de mieux que de porter des converses rouges. Il les aimait bien celles-là, suffisamment défoncées pour ne pas lui esquinter les pieds et en même temps encore assez entières pour tenir le coup.
Ouais, pas crédible le Jay.

L'heure du repas, on engraisse les porcs. L'irlandais mangeait copieusement pour se donner des forces. De toutes façons, les gardiens n'avaient pas les mêmes horaires que les prisonniers et surtout, pas les mêmes plats ! Une fois la panse bien remplie, il reprit en main sa canne et partit se balader dans l'établissement. Sa manière à lui de faire "la ronde" - qui n'avait au demeurant, rien de très circulaire ! En passant par le hall, il remarqua cela dit quelque chose d'intéressant :
Un prisonnier. Pas n'importe lequel, Tsume Rosebury. Noooon, n'allez pas vous faire des idées... Jericho n'avait pas lu son dossier, Jericho ne savait pas lire.
Mais il avait entendu dire que le petit se prenait pour un "loup". La blague. Et matez donc ce cuir, une tafiole oui ! Amusé et toujours à l'affût de la moindre petite bestiole à microscoper, il entreprit de suivre à pas de loup son prédécesseur. Les deux longèrent donc le couloir pour enfin arriver au véritable hall.

Oh tiens... intéressant... une autre personne ! Fantastique ! Une nouvelle ! On allait pouvoir s'amuser un peu ! Alors que Tsume avait tourné pour continuer vers la jeune fille, Jericho avait fait mine d'aller tout droit, dans le cas où la demoiselle ne serait pas totalement tétanisée et garderait un fin sens de l'observation. Il s'était bien sûr arrêté derrière le mur de façon à pouvoir entendre les deux enfants.

Une voix masculine prit rapidement la parole :

"Quel est ton nom?"

Suivit d'une voix féminine qui répondit :

" Lynn Lloyd. "

Enchanté, pensa Jericho avec un sourire. Discrètement, il pencha sa tête, se décrouvrant à peine pour observer la scène.
Le reste, je vous l'épargne, car mes chers lecteurs, vous l'avez sûrement déjà lu, mais sachez que le sourire du jeune gardien ne fit que s'élargir lorsqu'il comprit que Tsume était en train de se jouer de la jeunette.
Alors comme ça, on s'amuse à se faire passer pour un grand, hein ?
Il se promit de ne pas l'oublier. Il ne fallait pas faire ce genre de choses en sa présence, dommage qu'il ait été là, n'est-ce pas ?
Il se cacha rapidement de nouveau et continua d'écouter.

Ce serait fort amusant, spécialement pour moi, de vous faire le compte rendu de tout ce que pensa Jericho au fur et à mesure des évènements. C'est vrai, ça aurait pu être marrant si Cleeves n'était pas arrivé après la guerre – ce qui se corrige si bien en RP grâce à des commodités littéraires si souples ! - mais là, chers lecteurs, ça ne ferait que vous endormir, et moi aussi, à dire vrai ! Je vous laisse donc imaginer tout ce que l'irlandais aurait pu penser, réplique après réplique, et Dieu sait que, vu que c'est moi qui vous retransmet ses commentaires à la con, il y aurait de quoi dire !

Tout ce que vous avez à savoir finalement, quant à cette scènette, c'est que bientôt Jericho entendit des bruits de pas qui s'approchaient. Ils se stoppèrent néanmoins quelques minutes avant de reprendre leur route.
Et voilà, les deux jeunes gens dépassèrent le gardien qui s'était décalé sans le remarquer. Absorbés à faire connaissance, ils ne firent absolument pas gaffe à ce(ux) qui les entouraient. Gravissime erreur, mes poussins, gravissime. L'irlandais les laissa monter paisiblement, sachant pertinemment, de toute façon, leur lieu de destination. Après s'être assuré qu'ils étaient suffisamment loin pour ne pas l'entendre, il décida de les suivre.

Et je vous laisse donc reprendre l'action avec mon petit dresseur à la fin même du topic, autrement dit, au moment où monsieur doit entrer en scène !
Jericho montait, paisiblement, prenant grand soin de faire un boucan immanquable : les enfants avaient assez joué. Pour aggraver son cas, il faisait taper à contre temps sa canne sur les escaliers.
Soudain, il entendit un bruit de porte qui se ferme et lorsqu'il arriva en haut, plus de prisonnier.
Un sourire se dessina sur ses lèvres. Ah oui ? Ils ont peur de rien ces petits ! Une petite partie de cache-cache, hein ? Savaient-ils pas qu'il valait mieux ne pas exhorter la patience ténue et infime des gardiens ?

Bon, très bien. Je compte. Surtout, j'ouvre des portes. Mais comme cet andouille avait fait du bruit, il n'avait pas bien localisé le son des prisonniers. Il entreprit donc d'ouvrir une à une les portes qu'il pensait être les bonnes. La première, personne. Plutôt étrange d'ailleurs, pourquoi n'étaient-ils pas là ? Possiblement à la bibliothèque, ou ce genre de salles. Deuxième porte, un seul prisonnier. Le pauvre faillit bondir, Jericho lui fit un sourire et partit. Celle-là, c'est la bonne !
…
Eh beh non. Encore une qui était vide. Hum... est-ce que par hasard, ils auraient eu le temps de se rendre jusqu'à la potentielle nouvelle chambre de la nouvelle fille ? Dans ce cas, ils étaient un peu plus loin, mais dans peu de temps mes mignons, nous nous rencontrerons ! Il reprit sa lente et agaçante manie de faire taper la canne sur le sol, cette fois au rythme de ses pas.
Et voilà. Une chambre qui n'avait qu'une seule locataire pour le moment et sachant H n'octroyait jamais aux nouveaux une chambre parfaitement vide quand il y en avait des à moitié prise, c'était forcément. Jericho, qui commençait finalement à bien aimer ce job – on pouvait être si joyeusement tyrannique, leva sa canne à hauteur de sa tête et tapa trois coups contre le bois. Il attendit un moment puis il baissa la poignée et ouvrit d'un geste brusque la porte :

« Salut mes mignons ! »

S'exclama t-il d'une voix tonitruante en ouvrant grand les bras et avec un laaaarrrge sourire.
Et en fait... ben il s'était planté d'porte. Naaaan, j'déconne, mais parlant de celle-ci, il l'attrapa dans la main quand elle lui revint en pleine face histoire de pas se taper la honte.
Par contre, il tapa la pose et, les lèvres bien ouvertes sur ses dents blanches de carnassier, prit appui sur la porte d'une main et posa l'autre, refermée car tenant la canne sur sa hanche.
Pour les achever, il plia la jambe gauche et la passa devant la droite, laissant uniquement la pointe de son pied toucher le sol.

« Alors, on se cache ? »

Oh mon Dieu... mais fuyez pauvres fous, c'est moi qui vous le dit.

… Mouais, mais c'était pas très confortable comme pose, cela dit. Il se redressa et se décolla de la porte.

« Salut, moi c'est le vrai gardien. »

Dit-il à l'attention de Lynn Lloyd, la très chère nouvelle. Puis, sans que son sourire ne se fane, il se tourna vers Tsume et, profitant de l'effet de surprise, lui asséna un coup de canne en plein dans l'épaule. Mais pas trop trop méchant, un de ces coups que vous arrivez à encaisser sans bruit et sans mouvement mais que vous auriez quand même préféré éviter. Il lui chopa la main et dans une poigne vigoureuse le tira vers lui :

« Alors darling, on joue à faire le boulot des adultes ? Aimable contribution, mais je veux te voir demain, dans ta cellule, à 5 h précise. Du matin, évidemment. »

Il le lâcha et le repoussa à nouveau. Tu peux disposer, que ça voulait dire. Il se tourna vers la jeune femme, une fois de plus et reposa négligemment sa canne sur son épaule.

« Alors Lloyd, on se plait dans sa nouvelle maison ? »

Au coin de ses lèvres, on pouvait voir un sourire un peu trop malsain pour être franc.
Et bienvenue à High Creek, bien sûr.

Identité Âge: 20 ans Relations: ça reste à étoffer ^^

L'oreille collée à la porte, Tsume entendit le gardien faire le tour de plusieurs cellules. Mais pas toute. Il devait se douter qu'il y avait une nouvelle. Quand enfin il sembla se diriger vers la cellule qu'il occupaient, Tsume fit un petit bond en arrière. Il n'avait aucune envie de se prendre une porte dans la figure, c'était généralement peu agréable.

La porte s'ouvrit violemment, il avait donc bien fait de se reculer, sans quoi il y aurait laissé quelques dents. Un gardien se dressait juste devant eux. Grand et mince, il avait l'air un peu dégingandé. Ce qui surprit aussi le jeune homme c'est que ce gardien semblait à peine plus vieux que lui, de quatre ou cinq ans tout au plus. Une si petite différence d'âge et une si grande différence de statu et de pouvoir. Rien que cette pensée hérissa les poils du jeune homme.

A ce moment, Tsume se trouvait plus ou moins entre le gardien et Lynn, faisant un peu barrière de son corps. Il n'aimait pas le ton qu'utilisait le gardien, il n'aimait pas sa façon de poser et son côté théâtral. Ce n'était pas de l'irritation que le gardien déclenchait chez Tsume, c'était une véritable animosité, quelque chose de viscéral. Pourtant il se retint de faire le moindre geste déplacé. Le gars en face de lui avait quasi tous les pouvoirs, il fallait se retenir le plus possible...

Il était dans cet état d'esprit quand soudain la canne s'abattit sur son épaule. Il ne bougea pas, et la douleur fulgurante s'estompa en deux secondes, mais elle relança la rage qui couvait déjà dans le coeur du jeune homme. Il n'avait pas vu le coup venir. Vraiment, Tsume était distrait ce jour là. Un éclair passa dans l'or de ses yeux. Il riva son regard à celui du gardien qui lui tenait à présent la main. A aucun moment il ne baissa les yeux. Cet homme ne méritait pas qu'il le respecte. En ce moment il n'avait qu'une envie lui donner un coup de tête magistral, mais encore une fois c'eut été aggraver son cas. Ce que le gardien venait de lui dire promettait déjà une punition peu enviable. Mais la fierté de Tsume était en jeu, et même si elle ne prenait pas énormément de place, elle était quand même mise à rude épreuve.

Le gardien qui n'avait même pas pris la peine de se présenter le repoussa. Malgré la rage qui faisait bouillir son sang, Tsume paraissait on ne peut plus calme. Il avait élevé au rang d'art le fait de tout cacher de ce qu'il pensait. À de rare moment il craquait et devenait réellement violent. Il n'en était pas encore là, mais ce gardien risquait fort de le pousser dans ses limites.

Le jeune homme se retrouva de nouveau à côté de Lynn. Même si le gardien lui avait fait comprendre de partir par ses geste, il ne le lui avait pas dit et pour Tsume, il était hors de question de laisser Lynn seule avec cet énergumène. Et puis sortir voulait aussi dire passer à côté de ce gardien qui ne manquerait probablement pas de lui mettre un coup dans le dos au passage. Il resta donc là, près cette fois à esquiver un coup ou à l'intercepter s'il visait Lynn.

Cette dernière était probablement en mesure de se défendre, Tsume n'en doutait pas. Mais il ne doutait pas non plus d'être plus endurant qu'elle aux sévices qu'elle risquait de subir. Il serra légèrement les poings pour réprimer ses propres pulsions. Seules ces parties là bougeaient. Ses yeux étaient restés fixés à ceux du gardien alors même qu'il s'était détourné vers Lynn.

Tsume ne put toutefois s'empêcher de murmurer:

"Quand les adultes sont des gamins, pas étonnant que les gamins jouent aux adultes..."

Petite phrase pleine d'ironie et de sarcasme. Elle lui avait échappée. Elle renfermait tout le mépris que Tsume éprouvait pour ce gardien qui était à peine plus âgé que lui. Mais elle n'avait été que murmurée. S'il avait réussi à réprimer ses pulsions violentes, il avait oublié de murer sa langue. Cependant il n'en dit pas plus et attendit la suite des évènements.

Lynn avait beau savoir que la porte allait s'ouvrir, elle ne put se retenir de sursauter lorsque cela arriva. Trois fois rien bien sûr. Mais quand même, elle détestait ces petits gestes parasites qui l'empêchaient de paraître complètement crédible au sein des "gros durs" qu'elle côtoyait. Et Tsume faisait parti de cette catégorie. Les "gros durs". Mis à part qu'il était un "gros dur" en cage. Enfin, en maison de correction pour être plus précise (du pareil au même donc). Et un "gros dur" en cage, n'a pas le même acabit qu'un "gros dur" en liberté.
Quand au personnage qui leur faisait désormais face... Le moins que l'on puisse dire c'est qu'il n'avait rien d'un gros dur. Absolument rien. A première vue, il ressemblait à un bouffon. Pas forcément méchant. Un bouffon quoi. Celui qui fait rire, pas pleurer. (Pleurer de rire peut-être, et encore...) Et bien sûr, la jeune femme ne put s'empêcher de lui rendre son sourire. Même si les dents de son vis-à-vis étaient plus carnassières qu'autre chose, même si elle avait remarqué la canne qu'il tenait dans sa main, elle sourit. Parce que quand on se retrouve face à un bouffon, la première chose que l'on fait, c'est ça: sourire. Logique, non?! N'allez pas croire non plus que Lynn est du genre à afficher un large sourire colgate. Le sourire façon Lynn, c'est un sourire en coin, une petite patte d'oie au coin de l'œil gauche, et une fossette sous la pommette droite. Un peu bancal, mais c'est le seul en réserve alors il faudra vous en contenter.
Sauf que le gentil bouffon afficha du tac au tac son statut de gardien. Et là... Bah là, le sourire fondit comme neige au soleil. Il resta plus qu'un vague trait d'union coincé entre deux lèvres qui se confondaient presque.

Puis, le vilain bouffon d'assener un coup bien senti sur l'épaule de Tsume. Ni trop fort, ni pas assez. Juste histoire de rappeler qui est le maître ici. Un coup de canne. Comme quoi elle avait raison de s'en méfier de cet objet maléfique! Intuition féminine? Mouais. Si vous l'dites.

Mais le sieur au yeux dorés ne semblait pas comprendre les intentions du nouveau venu. Ou alors il faisait exprès de s'interposer entre elle et lui. Et Lynn n'aimait pas du tout ça. Bon sang, c'est pas possible quoi?! Combien de fois faudra-t-il leur faire comprendre?! Elle n'est pas une faible femme! D'ailleurs, elle le dépassait de quelques bons centimètres ce gardien. Alors même si elle ne comptait pas non plus se prendre le chou avec l'autorité dans un endroit où elle venait à peine d'arriver... Fallait pas déconner quoi! C'n'était pas Tsume qui allait s'arroger le rôle du martyr l'air de rien. Inutile. Et puis s'il était ici, c'était qu'il n'avait rien d'un enfant de cœur. D'autant plus inutile donc de vouloir jouer le rôle du héros défendant "la veuve et l'orphelin". (Et ce bien qu'elle ne soit ni la veuve, ni l'orphelin.)
Donc, la jeune femme repassa devant Tsume, n'hésitant pas à le bousculer un peu au passage. Elle ne prêta aucune attention à ce qu'il marmonnait, bien qu'elle sache déjà qu'il s'agissait d'une provocation à peine dissimulée. Prévisible...

" Si tant est qu'on puisse se plaire dans une maison de correction, oui. "

Ne pas jouer l'effrontée. Enfin pas trop. Mais ne pas non plus laisser croire à l'autre qu'on est une parfaite imbécile. Répondre "oh oui!" avec un grand sourire aurait été... on n'peut plus niais. On n'était pas dans une colonie de vacances ici non plus! Si les pensionnaires s'y plaisaient, ça n'aurait plus rien d'une maison de correction! Logique.
Logique aussi le fait qu'il fallait mettre Tsume à la porte. D'une pour lui faire comprendre qu'elle n'avait pas apprécié son geste. De deux pour (malgré tout) lui éviter de trop gros problèmes. L'idée d'inventer un joli mensonge lui vint. Mais manifestement, le gardien avait suivi leur pérégrination depuis le début puisqu'il évoquait la façon dont l'autre l'avait accueillit ici. Alors autant ne pas prendre de gants, et agir, discrètement mais sûrement.
Elle referma ses doigts autour du poignet de Tsume et le poussa vers la porte.

" Je crois que le monsieur préfèrerait que tu sortes. Ça serait mieux, n'est-ce pas. Pour tout l'monde d'ailleurs. "
Le ton n'admettait aucune discussion. La façon dont elle lui enserrait le poignet non plus. Lynn était bien élevée. Mme Smith l'avait dit elle-même! Malgré tout sa patience avait des limites. La montagne de muscles n'esquissait pas un pas vers la porte. Alors elle serra un peu plus fort, son pouce appuyant juste à la base du poignet, là où ça fait mal (au niveau du nerf). Du vent l'ami. On se recroisera un jour. Et ce jour là alors tu comprendras peut-être que s'interposer entre moi et les autres, même si c'est pour mon bien. C'est mauvais pour toi. Très mauvais.
Elle le poussa vers la porte sans brutalité, mais fermement tout d'même. See you later.

Identité Âge: 20 ans Relations: ça reste à étoffer ^^

Tsume sentit à peine la première pression sur son poignet. A peine quelques instants passés en présence de ce gardien et déjà il était prêt à retomber dans ses mauvais penchants. On peut dire que Tsume est relativement soupe au lait. Un moment il pouvait être calme et souriant et quelques instants plus tard il pouvait être un monstre de violence. C'était ce qui était en train de se passer.

Il se sentit un peu entrainé. Il revint alors sur terre. Lynn semblait vouloir le faire sortir. Savait-elle à quoi elle s'exposait en restant seule avec un gardien? Surtout avec un gardien qui jetait ce genre de regard malsain. Mais elle semblait décidée. Apparemment la réaction de Tsume ne lui avait pas plu. Cela ne l'étonna pas, c'était une fille forte comme il s'en était douté. Il avait tout simplement réagit de manière instinctive comme à son habitude. Habitude qui n'était pas toujours bonne comme le lui montrait si bien la demoiselle; mais chassez le naturel, il revient au galop.

Il n'avait toujours pas bougé d'ailleurs. Mais soudain la pression sur son poignet se fit plus forte et plus pressante. Il détourna enfin ses yeux du gardien et les posa sur son poignet. Une main étrangère l'enserrait. Simple réflexe, il se dégagea d'un geste brusque. S'il ne s'était pas retenu il aurait pu faire une clé de bras, mais cette main n'était pas ennemie, il se contenta donc de lui faire lâcher prise. Ils étaient maintenant juste à côté de la porte. Il regarda Lynn, elle semblait décidée et prête à subir le gardien. De toute façon en cas de problème il comptait bien rappliquer, quitte à se prendre une double punition.

Après un dernier regard haineux au gardien il se détourna vers Lynn et après un dernier signe de tête il sortit de la cellule.

Il décida de ne pas aller au cours de l'après midi. Après tout c'était toujours une matière qu'il connaissait. Même si le surveillant risquait de vouloir lui faire repasser les exercices il les ferait sans trop de problème. Tsume préféra rester à proximité, juste au cas où. Il alla à l'autre extrémité du couloir où se trouvait sa cellule à lui. Son compagnon de cellule n'était pas là de toute façon.

Il laissa la porte de sa cellule faire assez de bruit pour être entendue du gardien et de Lynn. Il s'allongea sur le dos, les mains derrière la nuque et la porte entrouverte pour le cas où il entendrait un bruit suspect. De toute façon, question punition il allait déjà s'en prendre une le lendemain matin tôt, très tôt... Alors un peu plus fort ou un peu plus longtemps, ce n'était plus ça qui comptait.

[HJ: désolé pour la taille, petite baisse de régime pour le moment]

25 ans [07.11.1925]

Hu hu... la petite remarque, pour faire son rebelle jusqu'au bout. Hum. Jericho esquissa un sourire. Quel imbécile... il n'était pas très futé le petit loup, il avait besoin d'une bonne petite correction, et l'irlandais ne marquerait pas de la lui donner, ne vous inquiétez pas. Mais, étrangement, alors que tout le monde s'attendait à ce qu'il dégage de là et vite, Tsume resta sur place. Hum ? Le gardien tilta et faillit lui intimer une nouvelle fois de se casser fissa. Mais il n'eut pas à le faire.
A sa grande surprise, la jeune femme ne sembla pas apprécier que monsieur continue de jouer les gros durs. Sérieux, c'est elle qui le mit dehors :

" Je crois que le monsieur préfèrerait que tu sortes. Ça serait mieux, n'est-ce pas. Pour tout l'monde d'ailleurs. "

Jericho pouffa. Décidément, cet endroit pouvait être marrant des fois. Une prisonnière qui vire un autre prisonnier ! Nonmého, on a un boulot à faire mes choupinets, soyez aimables de rester dans votre rôle de biche apeurée au lieu de vouloir prendre les rennes !
Mais, malgré ça, il mit quand même un bon moment à débarrasser le plancher. Dur de la feuille ou simplement trop réticent ? Allez casse toi le chevalier, j'vais rien y faire à ta princesse ! Allez... oui, oui, c'par là la porte. Et pas la peine de me faire ce regard, bouffon. Jericho s'amusa énormément à esquisser un sourire très "psychopathe" sur ses lèvres, en guise d'au revoir. Un truc qui laissait présager des évènements pas très nets. Fuis donc et apoplexe qu'il se passe quelque chose d'horrible. HA HA HA.
Clac.

Et voici, enfin tranquilles. Pour être tout à fait intimes, Jericho ferma la porte que l'autre imbécile avait laissé ouverte, à cause de je ne sais quelle idée douteuse et pitoyable. AAHH, l'irlandais soupira bruyamment et se retourna vers Lynn avec un grand sourire.

« Mais si, tu verras qu'on peut se plaire dans une maison de correction ! »

Haussement de sourcils.

« Il y a des gens... particuliers, ici. »

En insistant juste un peu sur l'adjectif. C'était rien de le dire.

La demoiselle avait l'air relativement inoffensive, un peu caractérielle, mais pas bien méchante. Pour la tester, Jericho entreprit d'abord de l'inspecter d'un coup d'œil rapide, pour ne pas trop s'attarder non plus. Puis, il s'approcha et prit son sac, juste pour le déposer au pied du lit qu'elle allait occuper. S'il avait à peu près bien compris, elle n'aimait pas des masses qu'on lui donne un coup de main. Il ouvrit son sac et attrapa le premier vêtement qui lui tomba sur la main, uniquement dans le but de le poser sur la commode à côté du lit, celle qui était encore vide.

« Hu, y a même des gens sympas. Quelle blague, hein ? »

Il s'appuya sur la commode, les bras croisés et les yeux de nouveau sur la nouvelle.

« Ils sont pas tous comme ça. »

Pause.

« Heureusement, parce que sinon on se ferait chier. »

Il se décolla du bois et avisant un magazine sur le lit de l'absente envahit et le matelas et l'hebdomadaire. Il s'assit, tout du moins relativement vu la position qu'il avait et feuilleta le périodique.

« Non mais c'est divertissant comme zoo... plein de spécimens à observer ! »

Continua t-il sans lever les yeux. Cela dit, ses oreilles étaient dressées, guettant le moindre bruit, son, gémissement. Elle n'avait toujours pas bougé. Elle attendait le déluge ou quoi ? Non, il n'allait pas être méchant, tu peux te calmer. On a beau dire, taper les gens, ce n'est pas ce que Jericho préférait. Mais de temps à autre, ça le dérangeait pas. Spécialement quand celui qu'il tabassait l'avait cherché. Mais bon, elle avait rien fait la petite là, alors c'était ok.

M'enfin... quand même quoi. Jericho redressa le chef et les yeux.

« Par contre j'ai pas toute la journée, donc si tu pouvais te bouger un peu et ranger tes affaires. »

Ouaip, il se faisait même pas chier à fouiller le sac. Déjà, c'était impossible qu'elle ait une arme, mais en plus il y avait vraiment très très peu de chance qu'elle ait un quelconque objet dangereux. Donc il allait pas s'emmerder à déballer les valises pour elle. C'était sa nouvelle piole, à elle de s'en emparer.
Et plus vite que ça, ce serait le top.

Tsume sorti, Lynn se retrouva seul avec le gardien. Bien qu'elle est toujours un peu de mal à se faire à cette idée, le bouffon faisait bel et bien office d'autorité ici. Et la jeune femme n'aimait pas l'autorité. N'allez pas croire, qu'elle pouvait en arriver comme ce cher Tsume aux mêmes extrémités. Jouer les rebelles, très peu pour elle, merci. Non, simplement, Lynn n'accorderait jamais sa confiance à un de ses représentants. Tant que leur relation stagnait autour du zéro, pas de souci. Dès qu'il s'agissait de s'immiscer, ne serait-ce qu'un peu, dans sa vie privée, la jeune femme se fermait à toute question et se murait dans un silence plus que pesant. C'était sa façon à elle de se débarrasser des encombrants, des curieux et autres spécimens de la sorte.

La réplique du bouffon l'amusa. Se plaire à High Creek? Croyait-il vraiment qu'elle accordait le moindre crédit à ses propos? Moui, bon. Si, un peu, d'accord. Elle baissa la tête. Une mèche de cheveux glissa devant ses yeux. Voilà qu'elle accordait déjà un semblant de confiance à... un gardien. Un bouffon plutôt. Car c'était le bouffon qu'elle acceptait de croire, non le gardien. Comment se pouvait-il que ces deux rôles soient tenus par une seule et même personne? Le bouffon se doit d'être extravagant, farfelu, totalement désaxé... Alors que le gardien... Homme d'autorité, de règle, de "droiture" et d'ordre. Cela paraissait tellement impossible de concilier les deux.
Quelqu'un de... particulier. Oui, c'était exactement ça. "Des gens particuliers." Lui le premier. Un sourire s'afficha sur ses lèvres, léger, caché heureusement par cette même mèche de cheveux. Peut-être qu'elle avait réellement eut un coup de chance en se faisant coincer par lui. Peut-être... Mais mieux valait rester méfiante. Car la suite n'augurait rien de bon. Vraiment rien de bon.

En effet, le sieur venait d'ouvrir son sac et de saisir, manifestement, le premier objet qui lui tombait sous la main... Un slip en coton noir. Lynn serra le poing. S'il n'en avait tenu qu'à elle, l'intéressé se serait retrouver avec un charmant coquard en moins de temps qu'il ne faut pour le dire. Oser toucher ainsi... à ses affaires personnelles. C'était... rageant! D'autant plus parce qu'elle ne pouvait rien faire! Lui assener une bonne droite, c'était le bon moyen de se voir punir, et Dieu seul sait ce que cet esprit tordu aurait pu envisager. Lui demander d'arrêter? Non plus.
S'il y avait une chose que Lynn savait, c'est que l'ego de l'autorité (sous quelle que forme que ce soit) est démesuré. Celle-ci s'attend toujours qu'on lui cède, qu'on baisse la tête et qu'on rentre dans le rang, la plupart du temps dans son ombre. Déroger à cette règle peut rapidement devenir source de problèmes. La meilleure chose à faire pour ne pas s'attirer des ennuis, c'est donc d'endosser le rôle de la biche apeurée. Ou pas. Gémir, pleurnicher, c'est bon pour les filles. (Oui, d'accord, Lynn en est une, et alors?) La biche apeurée façon Lynn revient à serrer le poing jusqu'à s'en blanchir les phalanges et à baisser la tête. Lancer un regard plein de haine: inutile. Émettre une suggestion ou une réticence: inutile. Il est bon de savoir que l'autorité a TOUJOURS raison. Toujours!

Elle le laissa faire donc. Sans même afficher une quelconque réaction à ses propos. En fait, si ses poings n'étaient pas serrés à en blanchir, on n'aurait même pu croire qu'elle dormait debout, la tête penchée en avant.
Heureusement pour la jeune femme, Monsieur Le Bouffon s'en tint à une simple culotte. C'était déjà beaucoup soit, mais elle aurait juré voir dans son regard une lueur de défi. Il l'avait fait exprès! Il avait très bien compris l'exemple de Tsume. Ne pas se mêler de ses affaires. Exactement. Et il l'avait testé. C'était sa réaction qu'il voulait voir, rien de plus. Eh bien... Elle espérait que le spectacle avait été on n'peut plus décevant.

Lorsqu'elle releva la tête, il était allongé sur l'autre lit de la pièce. Son sac était posé sur le sien et l'attendait sagement.
« Par contre j'ai pas toute la journée, donc si tu pouvais te bouger un peu et ranger tes affaires. »

Oui, Monsieur. Bien sûr, Monsieur. Si Monsieur est pressé...
Lynn prit les quelques jeans et bermudas de sa garde-robe, les posa sur la commode, fit de même avec les deux sweat-shirt, les marcels, les sous-vêtements, la paire de tongs et les converses. Ne restait plus au fond du sac que deux paires de chaussettes, une brosse à dent, du dentifrice, un shampooing... Qu'elle posa sur son lit. Et enfin... Son matériel de peinture. Une gamme de teinte. Trois-quatre pinceaux. Une palette blanche. Et quelques feuilles de papier... pour commencer.
C'était pas la grande richesse. Pas de bijou, de montre en or. Pas non plus de souvenirs de famille, pas de photos, de petit grigri porte-bonheur. Le strict minimum. High Creek était un mauvais moment a passé, un long tunnel, une mauvaise passe. Enfin, c'était comme ça qu'elle entrevoyait son séjour ici.

" Voilà. "
Elle plongea son regard dans le sien, sans aucune effronterie, attendant son assentiment.

25 ans [07.11.1925]

Hum... passé en mode scientifique, Jericho observait. Le moindre détail, le moindre geste, la moindre parole, tout comptait. Tout ce que l'être humain en face de lui pouvait faire était une source précieuse de renseignements. Ensuite, il fallait trier. Mais pour le moment, l'heure était à l'observation, les conclusions se tirent plus tard, lorsqu'on est seul. Pour le moment, il se contentait d'annoter.

Un sourire, puis la colère, puis l'apaisement. Humpf. Jericho se retint plusieurs fois de pouffer. Docile, vous dis-je. Elle aurait bien voulu le tarter, mais elle n'était pas assez stupide pour avoir ce genre de comportement. Un petit serpent.
Un de ceux qui vous regarde attentivement et qui vous empoisonne indirectement. Un peu d'arsenic dans votre boisson, monsieur ?
Non merci. Ces gens-là, il fallait tout de même s'en méfier. Oh, il pouvait l'apprivoiser, ce n'était pas la question, mais il lui faudrait être habile et minutieux. Soit. Chaque animal doit se dresser d'une façon unique et spécifique.

Son sourire lui avait prouvé qu'elle n'était pas insensible à ses attentions, d'où certainement, l'énervement lorsqu'elle l'avait vu devenir un peu plus autoritaire. Il pouvait avoir un effet sur elle, c'était un bon point. Si on vous porte un intérêt, quel qu'il soit, vous pouvez travailler sur celui-ci et en faire potentiellement ce que vous en voulez. De la haine ou un engouement sans limite, une amourette ou une simple amitié. Ou, une relation de respect qui pouvait se dérouler sans incident. A vrai dire, c'est ce qui plaisait le plus à Jericho. Les bêtes qui lui sont dociles mais pas aveuglément acquises et qui, cependant, gardent leur côté caractériel. Comme ça, tout le monde est content et personne n'embête personne. Ça le changeait des prisonniers impulsifs, étourdis et rebelles ou des masochistes dégénérés ou encore des pseudos psychopathes ; de toute cette faune fatigante qu'il faut tenir en laisse pour être tranquille. " Voilà. "
Hum ? Voilà ? Elle venait de déballer ses affaires et elle disait 'voilà' ? Jericho balança le magazine sur le lit et la regarda en haussant un sourcil.

« Voilà ? C'est comme ça que tu ranges tes affaires ? Tu veux qu'on te les pique, c'est ça ? » Il se releva et alla ouvrir un tiroir de la commode. Il était tout près d'elle. D'ici il pouvait mieux scruter.

« Les tiroirs c'est fait pour ça. » Il se redressa et retourna récupérer sa canne qui était resté sur le lit.

« Bien, si tu as fini, nous pouvons y aller. Monsieur ton chevalier n'a pas eu le temps de tout te faire visiter, je suppose ? » Il croisa les bras comme précédemment et la regarda, la tête haute mais pourtant sans aucune prétention dans les pupilles. Il attendait juste sa réponse :
On y va, ou pas ?

Voilà. Oui, voilà, c'était tout. Pas d'objets dangereux, pas d'armes, pas de... Rien quoi. Que dire? Qu'elle ne comptait pas rester longtemps à High Creek? Qu'elle avait pris le strict minimum car elle espérait que le séjour serait court? Oui, c'était à peu près ça. Si l'on excluait le fait qu'en réalité, elle ne possédait rien de plus. L'argent qu'elle avait gagné en tant que signataire, elle l'avait soigneusement déposé sur un compte. Elle s'en servait rarement, dégotant ce dont elle avait besoin là où elle pouvait. Le seul domaine où elle avait fait des frais, c'était la peinture. Mais après l'affaire Smith, tout avait été réquisitionné: preuves à conviction qu'ils avaient dit. Preuves à conviction mon cul oui! Au marché noir, ce genre de truc ça pouvait rapporter gros. M'étonnerait beaucoup que tout ça reste sous sceller pendant longtemps. Qu'importe elle n'était plus là pour le voir.

Le bouffon venait de se lever. Ranger ses affaires? Dans des tiroirs? Par peur de se les faire piquer? Ça pouvait être un moyen en effet... Si le voleur en question était assez imbécile pour ne pas prendre la peine de les ouvrir, ces tiroirs.
Quoiqu'il en soit, jamais personne n'avait appris à Lynn à ranger ses affaires. Parents absents, elle s'était débrouillé toute seule, et son "chez-elle" avait toujours été un bordel sans nom, une sorte de capharnaüm, la caverne d'Ali Baba. La jeune femme doutait pourtant que pareil laisser-aller soit accepté ici.
L'autre était tout près d'elle maintenant. Sa proximité ne la dérangeait pas. Elle se sentait juste un peu plus à l'étroit, comme si celui-ci venait de réduire son espace vitale. D'ici, elle pouvait constater qu'il n'était pas bien grand. Petit même. Elle le dépassait d'une dizaine de centimètres, quand à l'accoutumée c'était l'inverse: les hommes qui la dépassait de dix centimètres. Dix, pas plus, elle était grande. Avant qu'il ne retourne s'emparer de sa canne, Lynn perçut son souffle. Presque imperceptible.
Elle n'avait pas bouger, seul son regard avait suivi le bouffon avec attention. Lorsqu'il parla d'aller achever la visite que "Monsieur son chevalier" n'avait qu'entamé, elle sourit. Tsume... Brave Tsume!

Elle avait besoin de se dégourdir les jambes. L'atmosphère électrique n'était pas pour la détendre, et même si découvrir sa prison ne serait certainement pas une partie de plaisir, ça n'pourrait pas être pire que de jauger et de se faire jauger par les autres. La jeune femme pris la pile de linge sur la commode, la fourra dans le tiroir ouvert, sous les yeux attentifs du bouffon. C'était un bon moyen de lui faire plaisir, suivre ses conseils. Après tout, elle n'était pas venu là pour se faire des ennemis. Du moment qu'on lui fiche la paix, qu'on la laisse vivre sa vie sans accroc, c'était tout ce qu'elle demandait. Un sweat-shirt dépassait du tiroir. Elle le prit, referma le tiroir et l'enfila. Elle repoussa la capuche, passa un coup de main rapide dans sa tignasse décoiffée et chassa une mèche un peu trop encombrante.
Le reste, c'est à dire le matériel de peinture ou le nécessaire de toilettes, elle le remit dans son sac, et glissa le sac sous son lit du bout du pied. Elle n'avait rien à cacher après tout.
Enfin, elle se retourna vers le bouffon. Un léger sourire flottait sur ses lèvres, de ceux qu'elle avait appris à afficher en toute circonstance. Un sourire dénué de sens. Pas idiot pour autant!

" Monsieur mon chevalier m'a emmené directement ici. J'voulais déposé mes affaires. Il a bien fait de m'accompagner, j'aurais pu me perdre une dizaine de fois entre l'entrée et ici. "
Ça coutait rien après tout, de dédommager un peu Tsume.

" On y va? "
Lynn saisit la poignée et ouvrit grand la porte, attendant que le bouffon passe devant elle. Après tout, c'était lui le guide, non? Alors, ne restait plus qu'à le suivre.