[Event 02] Les loups n'aiment pas le feu [libre]

Identité Âge: 20 ans Relations: ça reste à étoffer ^^

Il n'était pas dans sa chambre. La nuit était pourtant bien avancée. Justement, il ne pouvait plus y retourner, du moins pour le moment. Les gardiens semblaient patrouiller et chercher quelque chose. Peut-être lui, même s'il n'avait rien de bien grave à se reprocher...

Mais reprenons depuis le début de cette nuit folle.

Comme souvent Tsume avait une insomnie. Il avait toujours été une personne du crépuscule voire de la nuit. Ce soir là, ses yeux refusaient de se fermer, le sommeil le fuyait et son esprit ne le laissait pas en paix. S'il voulait espérer trouver le repos il fallait qu'il bouge. Sans aucun bruit il s'habilla et se leva sans réveiller son voisin de cellule. En plaquant son oreille sur la porte il écouta le passage du surveillant. Il attendit encore quelques minutes. Le bruit des pas avait disparu. Lentement, précautionneusement, il ouvrit la porte. Elle ne grinça pas. Il se glissa dehors et referma la porte silencieusement.

Il se faufila le long des couloirs, descendit une voilée d'escalier, en remontant une autre. Caché derrière un coin il laissa passer la ronde d'un autre gardien. Enfin il se retrouva là où le désirait. Le seul lieu où il savait qu'il n'avait plus à craindre de ronde. Il se mit à marcher au milieux du couloir, laissant à nouveau son esprit vagabonder. L'aile interdite ou plutôt abandonnée, l'endroit qu'il rejoignait toujours quand il n'arrivait pas à dormir. L'ambiance de ces lieux lui plaisait et surtout l'apaisait.

Pour un peu changer ses habitudes il était monté dans la tour brisée. Il contournait les débris du toit tout en regardant à l'extérieur par les fenêtres. Tout était calme, le ciel était clair et la lune éclairait les autres bâtiments de sa lumière glacée. Le paysage était d'une beauté froide.

Soudain, une fleur rouge s'épanouit, elle vacilla avant de prendre de l'ampleur. Intrigué, Tsume se pencha par la fenêtre. Aucun doute n'était possible, un incendie s'était déclaré du côté des annexes apparemment. Il hésita. Il n'était pas sensé être là, pas sensé avoir vu cela, pas sensé savoir... Il se souvint alors que les dortoirs des gardiens étaient de ce côté là. Il ne savait pas où exactement mais, c'était quelque part par là. Sans réfléchir plus loin il descendit en courant.

Passant par une brèche du mur il se retrouva près des annexes. C'était la grange qui était en feu. Donc les gardiens n'avaient rien. Cela aurait peut-être dû décevoir le jeune homme, mais il n'eut qu'un léger soupire de soulagement. Mais cela ne dura pas. Les gardiens étaient tous là, le feu était presque éteint et maintenant ils semblaient à la recherche de quelque chose ou de quelqu'un.

Il n'avait rien à faire là, il aurait du être dans sa cellule. S'il se faisait prendre il risquait de passer un très mauvais quart d'heure... S'il ne durait qu'un quart d'heure. Il tourna les talons et couru sans demander son reste. Par bonheur, il savait encore courir sans bruit. Ses pas le menèrent vers le fond de la propriété. C'était un endroit qu'il n'avait pas encore exploré. Mais Tsume restait à proximité du sentier qu'il ne quittait pas des yeux.

Il arriva alors devant un petit bâtiment. C'était une chapelle apparemment. Tsume la regarda rapidement. Elle était assez délabrée, mais ces murs pourraient peut-être le cacher jusqu'à l'arrêt des recherches, ou au moins pour le reste de cette nuit. Il poussa lentement la porte, se glissa à l'intérieur et referma la porte derrière lui.

Il s'accroupit dans l'ombre de l'autel, guettant le moindre bruit, prêt à aller se cacher si possible ou à attaquer s'il le fallait.

[HRP-En espérant que ce soit digne de ce que tu attendais x)]

« J’ai vu de la fumée, de l’autre côté. »

« Tu crois qu’Ils vont mourir ? Ce serait … triste parce que je ne sais pas où ils iront après. Ils iront où ? Tu le sais, toi ? »

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La porte grinça. Tsume se raidit, près à bondir. Mais ce fut un petit être qui entra, une simple chemise de nuit couvrant ce corps frêle. Une jeune fille, probablement une "pensionnaire", elle n'avait pas l'air dans son assiette mais il n'avait pas envie de se trahir. Ainsi, il resta aussi immobile qu'une statue, seuls ses yeux dorés la suivirent. Elle avait l'air un peu bizarre, sa démarche un peu saccadée peut-être, à moins que ça ne soit son regard. Il n'aurait vraiment pas su le dire, il sentait juste quelque chose d'étrange chez elle. Rien que sortir en chemise de nuit n'était pas très convenable, mais ça ne le choquait pas.

Enfin, elle sembla le voir. Sans forcément savoir ce qu'il était, bête, homme, gardien? Apparemment ce n'étaient plus ses préoccupations. Une main froide se posa sur son bras, mais il ne broncha pas. Cette mains tremblait légèrement et était un peu moite. Les yeux de la couleur de l'or fondu scrutèrent cette jeune fille qui semblait perdue. Malheureusement pour elle il n'était pas d'humeur charitable. Les questions qu'elle lui posa, il n'avait pas envie d'y répondre, et encore moins envie d'y penser. Cette façon de rire et de pleurer en même temps ne lui inspirait rien. Il avait déjà croisé des fous en ville, et elle y ressemblait beaucoup. Il n'aimait pas ça du tout. Il n'avait rien contre les fous, mais il ne les voulait pas trop près de lui et elle était tout contre.

Tsume se redressa d'un coup bousculant légèrement la nouvelle venue. Il poussa un léger grondement qui, avec l'écho de la chapelle donna l'impression d'avoir été émit par un animal. En se relevant ainsi, il s'exposa aux rayons de la lune. Son blouson de cuir noir luisit un peu, tandis que la tache de dépigmentation sur son torse ressortais très fort sur sa peau naturellement basanée. On eut pu croire que c'était une cicatrice. Quant à ses cheveux gris, ils paraissaient être d'un blanc immaculé.

Il toisa encore la jeune fille. Il ne la connaissait pas. Elle était peut-être arrivée après lui. Mais là n'était pas la question. Elle ne semblait en tout cas pas à l'origine de l'incendie. Bien que perturbée, si elle avait été à l'origine du feu, elle ne réagirait pas ainsi. Il fini par hausser légèrement les épaules. Il tourna le dos à l'inconnue et retourna dans un coin d'ombre. Il resta proche de la porte. Après tout un gardien pouvait arriver d'un instant à l'autre. Et la demoiselle à force de pleurer ou de rire risquait de les faire repérer. Vraiment ce n'était pas le bon plan.

A nouveau dans l'ombre, il resta debout. Il devait rester en alerte, le moindre moment d'inattention pouvait être fatal. Mais l'arrivée de la jeune fille le perturbait. Qu'est ce qu'elle faisait là? Elle était peut-être sortie après que l'incendie ne se soit déclenché. Il n'y avait peut-être plus de gardien dans les dortoirs. Dans ce cas il y avait peut-être un espoir de ne pas se faire prendre... Il devait savoir.

"Tu as croisé des gardiens dans les dortoirs?"

Sa voix était profonde et gutturale. Il avait parlé doucement pour faire le moins de bruit possible. Mais sa voix roulait dans l'air comme le tonnerre et la sonorisation de la chapelle modifiait les intonations. La jeune fille à moitié folle pouvait comprendre tout et n'importe quoi dans ce qu'il venait de dire.

Tsume n'en avait rien à faire, il n'attendait qu'une réponse; et il espérait que ce soit une bonne réponse pour lui... Sans quoi il ne savait pas ce qu'il adviendrait d'eux deux.

Il n’avait pas répondu, l’ignorant tout simplement. Mais elle continuait à fixer la masse sombre, comme si elle s’attendait à ce qu’il invente une réponde et qu’elle soit vraie ou fausse, ça lui importait peu, tant qu’elle pouvait se rassurer. Mais il n’avait pas l’air de savoir ni même de désirer la tranquilliser. Ca l’ennuyait un peu parce qu’elle était têtue et voulait obstinément trouver une réponse. Mais au lieu de ça, il se redressa si soudainement qu’elle eut un hoquet de surprise qui mit fin à ses tremblements convulsifs. Et lorsqu’il grogna, elle écarquilla les yeux et les baissa tout de suite après, comme si elle craignait de voir une bête sauvage devant elle.

« Un loup ? »

C’était peut-être le Grand Méchant Loup qui allait la manger, comme il l’avait fait pour la grand-mère et le Petit Chaperon Rouge. Mais elle n’avait plus de grand-mère et encore moins de vêtements rouges sur elle. Elle fronça les sourcils, essayant de réfléchir à quelque chose qui, forcément, n’était plus de son âge mais que voulez-vous ? Ce n’était encore qu’une enfant. Elle leva ses yeux sur le « loup », timidement. Et non, c’était bel et bien un humain. Bien qu’elle n’en avait jamais vu de tel. Sa peau était étrangement… sombre ? Elle arbora une moue pensive, comme si elle se demandait si c’était possible d’avoir un teint pareil. Il était malade ? Ses yeux remontèrent un peu jusqu’à une « tâche » qu’elle prit immédiatement pour une cicatrice.

« Ça fait mal ? Comment est-ce que tu t’es fait ça ? Un duel comme au Moyen Age ? »

Elle rit un peu, plus pour détendre une atmosphère tendue et continua à regarder le jeune homme qui lui semblait de plus en plus étrange. Il avait des yeux… en or ? Très dorés, comme les chats du camp mais eux étaient noirs tandis que lui avait des cheveux totalement blancs, comme la neige qui s’amassait chaque année sur le sapin de Noël. Mais au moins, elle devina qu’elle n’avait pas affaire avec un gardien. Cela aurait té vraiment embarrassant. D’ailleurs, d’un certain point de vue, ils étaient tous les deux en faute. Et si ça se trouve, c’est lui qui aura mis le feu à côté des gardiens… Elle eut un petit sourire satisfait à cette perspective. Depuis le début, elle n’avait pas bougé. Toujours accroupie au sol à fixer le jeune homme. Puis, il posa sa question et son sourire s’élargit, malgré l’intonation sauvage de la voix. C’était sans doute un indice. Et si elle trouvait le coupable, peut-être le directeur la récompensera-t-il. Mieux ! Peut-être qu’elle pourrait rentrer chez elle !

« Pourquoi me le demandes-tu ? Tu as quelque chose à te reprocher ? Ce serait bête si tu te faisais avoir ici. Moi, ce n’est pas grave. Ils savent bien que je ne peux pas mettre le feu à quelque chose mais toi… Tu n’as pas l’air d’avoir peur du feu. »

Elle se mit à jouer avec ses mèches blondes, les retournant dans ses doigts, avec cette fausse concentration enfantine. Et brusquement, elle s’arrêta et se leva en sautillant, comme si elle venait d’avoir une révélation.

« On va faire un compromis. Comme pour l’Allemagne, tu sais. Tu me donnes quelque chose et je te donne autre chose en échange. Donnant-donnant. Mais il y a beaucoup trop de questions que j’aimerais te poser. Ton nom. Ta cicatrice. Ce que tu fais ici. C’est dommage qu’on ne puisse pas avoir des réponses naturellement, non ? »

Elle avait pris une pose calme, sereine. Plus en détail, elle s’était assise sur l’une des chaises de la chapelle, en prenant un air un peu important, un peu impérial. Elle imitait la pose de la dame d’un tableau qu’elle avait vu, un jour. C’était quoi, déjà ? La Joconde ?

« Si tu me dis ce que je veux savoir, je te dirais si j’en ai vu en venant ici. Mais, quelque soit ton rôle ici, je ne pense pas que ma réponse te gênera. »

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Des questions, encore des questions... Elle ne savait donc faire que ça? Elle ne répondait même pas à la sienne. Croisant les bras sur son torse, Tsume serra les poings. Cette demoiselle l'énervait. Elle ne semblait pas comprendre que les gardiens ne se poseraient pas la question de savoir si les deux pensionnaires dans la chapelle avaient allumé le feu ou non. Ils étaient dans un endroit probablement interdit à une heure de la nuit tout à fait impensable. Elle risquait autant que lui sans même s'en rendre compte. Ca la rendait pathétique aux yeux du jeune homme, mais ça la rendait aussi dangereuse! Pour lui, il fallait la mater, lui faire comprendre que dans la situation actuelle ce n'était pas d'une petite fille idiote dont il avait besoin, mais de réponses claires...

Il n'eut pas le temps de continuer ses réflexions. Elle s'était approchée. Heureusement pour elle, elle n'avait pas tenté de le retoucher. Vu l'état des nerfs de Tsume, elle risquait de s'en prendre une à tout instant. Elle s'était contentée de s'assoir en posant. Encore une attitude qui déplaisait au jeune homme. Il n'aimait pas les fous, les manipulateurs, les frimeurs et tout ce genre de personnes. Et pour le malheur de la jeune fille elle semblait cumuler les travers. Pour son malheur oui, car Tsume était proche de la rupture. Il risquait à tout instant de craquer. Tandis que la jeune fille parlait encore et encore, posant des conditions ridicules dans leur situation, il essayait par dessus tout de retenir les pulsions qui le poussaient à démonter la jolie tête de la demoiselle.

Il commença à s'approcher. Il déplia lentement ses bras et alors qu'elle terminait sa dernière phrase il lui attrapa la gorge et la plaqua sur le siège derrière elle. Il serra assez fort pour lui faire mal, mais pas assez pour l'étouffer. Le sang devait passer difficilement dans ses veines, mais elle devrait garder assez de conscience pour lui répondre. Tsume devait lutter pour ne pas serrer trop fort. Il resta ainsi quelques secondes qui parurent interminable et ce silence soudain lui fit le plus grand bien. Enfin, il planta ses yeux d'or dans ceux de la jeune fille et lui parla d'un air plus que menaçant.

"Maintenant tu vas répondre à mes questions petite pimbêche. En étant ici, tu risques autant la punition que celui qui a allumé le feu. As tu croisé un gardien oui ou non?"

Tsume se forçat à relâcher légèrement la pression pour qu'elle puisse répondre, sans pour autant hurler. Il devait savoir s'il avait une chance quelconque de s'en tirer à bon compte. Au pire, si elle en parlait après aux gardiens, il serait aisé de démontrer qu'elle était folle et qu'elle inventait. Il était donc important de ne pas lui faire de marque dans le cou pour corroborer ses dires. Mais même en déserrant sa prise, il était normalement impossible à la jeune fille de dégager son cou, Tsume était trop fort pour elle cela ne faisait aucun doute.