High Creek's Jail
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Une prison un peu étrange...
 
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Your Dirty Little Secrets

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Ian MacCartaigh
Ian - Freak on a leash
Ian MacCartaigh


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MessageSujet: Your Dirty Little Secrets   Your Dirty Little Secrets Icon_minitimeDim 21 Juin - 6:24

Suite de : Have You Ever Really...?


Être soulevé par son amant avait quelque chose de très déconcertant et de très amusant à la fois. Ian avait émis une petit exclamation de surprise alors qu’on le levait de terre pour l’emmener vers ce qu’il se doutait à la salle de bain – à moins que m’sieu Êta n’ait l’idée de le prendre dans son bureau! – et avait noué ses bras autour du cou de son chevalier servant pour assurer sa propre sécurité. Il espérait qu’on ne lui demande jamais d’imiter un tel geste, il ne se croyait pas capable de porter très longtemps qui que ce soit, même le directeur qui ne devait pas être très lourd.

Déposé sur le sol, le trajet les menant jusqu’au bain fut long, puisque parsemé de pauses pour des étreintes enflammées. Les ébats précédents avaient été éreintants, mais tous deux étaient dans leur prime jeunesse – relative, dans le cas du grand orchestrateur d’High Creek Jail – et il apparaissait évident que la nuit ne s’arrêterait pas si tôt, pas quand elle s’était si bien amorcée. Appuyé contre le lavabo, le secrétaire frissonna au contact de la céramique froide. Il renversa la tête, offrant son cou à davantage de baisers et ouvrant des yeux voilés par un désir renouvelé, il sourit en remarquant leur image reflétée dans la glace.

« Regardez… » souffla-t-il avant de se redresser pour se tourner et se caler dos à son amant.
Il accorda un sourire radieux à leurs doubles et, satisfait du portrait que lui renvoya le miroir, il déposa un baiser sur le côté de ce visage qu’il aimait tant, tout juste au milieu de cette mâchoire finement dessinée.


« Moi, j’trouve qu’on fait un beau couple, m’sieu Êta. »

Les caresses reprirent bientôt et il fallut compter encore quelques minutes avant que le bain ne commence à s’emplir d’eau, quelques minutes supplémentaires avant qu’ils n’y fassent leur entrée. Ian grimaça lorsqu’il s’immergea complètement, une certaine partie de son anatomie n’appréciant pas la chaleur brûlante de l’eau. Les souvenirs du plaisir partagé plus tôt le convainquirent néanmoins que cette douleur passagère valait la peine d’être endurée. Il s’ébroua, envoyant des gouttelettes voler à travers la pièce et rigola doucement, tandis qu’il frottait ses yeux mouillés. Il savait qu’il apparaissait plus maigre encore avec ses tifs plaqués sur son crâne, mais espérait que l’homme devant lui n’en fasse pas grand cas.

Semblant incapable de se détacher de son employeur trop longtemps, il trouva bien vite une place au creux de ses bras. Il se saisit du savon et s’en servit pour frictionner, ou plutôt caresser, les bras, le torse, le ventre de son vis-à-vis.

« Chacun son tour, d’acc’? » proposa-t-il, toujours souriant.

Il s’appliquait à cette tâche certes amoureusement, mais aussi avec la minutie qui lui était propre, veillant à ne pas oublier ne serait-ce qu’un centimètre de peau. Sans doute que ce trait de caractère plairait à son patron, lui-même fanatique de la propreté. Leurs lèvres se joignirent à nouveau alors que le jeune homme, soudainement plus intéressé par le sujet de ses attentions que les attentions elles-mêmes, se laissait aller tout contre lui.

« M’sieu Êta…? J’peux vous poser une nouvelle question? »

Il poursuivit calmement, ne semblant pas du tout inquiété par le problème épineux qu’il s’apprêtait à évoquer.

« C’est à propos du fameux traitement. J’vous ai entendu avec Dayan, Ametsi cette semaine. J’ai eu ça aussi, hein? »

Son regard n’était ni inquisiteur, ni malveillant. Il paraissait seulement curieux, un garçon demandant à son petit ami de quelques semaines où vivent ses parents ou quel est son type de cuisine préférée. Si l'éventualité des aventures de son interlocuteur avec un autre était certaine de le bouleverser, il semblait beaucoup plus serein face aux mystérieuses méthodes qu'employait le maître d'High Creek Jail pour obtenir la fidélité de ses futurs gardiens.
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Mr. H.
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Mr. H.


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MessageSujet: Re: Your Dirty Little Secrets   Your Dirty Little Secrets Icon_minitimeDim 21 Juin - 23:13

Des caresses, des baisers, encore d’autres caresses. Le trajet jusqu’à la salle de bains parut à la fois interminable et bien trop court. Mr. H. souriait ; il lui semblait qu’il n’avait pas souri ainsi depuis une éternité, avec cet air franc et profondément heureux. Il offrait ses lèvres et son corps entier à Ian, s’appropriait le sien, en découvrait, encore et encore, chaque recoin. Durant un instant, il pensa à allonger son amant sur son bureau. Le large meuble invitait à ce genre de débauche. Mr. H. lui-même était plutôt favorable à l’idée : mettre Ian à sa merci, le posséder à nouveau, lui offrir du plaisir et l’aimer, simplement, sur ce bureau où il passait tant de temps, était une tentation qui aurait mérité d’être étudiée sérieusement. Néanmoins, il ignora l’appel de la chair pour attirer son amant vers la salle de bain. Durant un instant, ce fut le lavabo qui fit jaillir dans son esprit l’envie d’y appuyer Ian et de lui faire l’amour une fois encore. Il se retint, savourant la douceur du moment, et le sourire de son amant lui tordit les entrailles.

Je trouve aussi, souffla-t-il à l’oreille de Ian.

Il laissa le jeune homme l’embrasser, puis tourna la tête pour capturer ses lèvres. Alors que ses mains descendaient pour se perdre sur le corps de Ian, il s’abandonna à l’envie de se cacher dans son cou. C’était ainsi qu’il rêvait l’avenir. Ian, lui, personne d’autre, et encore moins High Creek. Mr. H. aurait donné n’importe quoi pour ne plus penser à tout ce qui l’entourait. Ah, si le monde avait pu se résumer à cette seule pièce... S’éloignant à contrecœur de son amant, il alla tourner les robinets pour remplir la baignoire, puis revint vers lui pour l’enserrer de nouveau.
En apparence, ça n’avait pas changé grand chose entre eux. Ian se pelotonnait toujours contre lui, avide de découvrir tout ce que Mr. H. avait à lui proposer, et alors même que celui-ci freinait des quatre fers pour éviter de se laisser embarquer dans une histoire qui serait forcément douloureuse, il ne pouvait s’empêcher de sombrer corps et âme pour son secrétaire malingre. Mais en réalité, tout avait changé. Mr. H. avait compris, enfin, qu’il pouvait avoir une vie tout à fait différente que celle qu’il avait vécu jusqu’à ce jour. Finalement, quelqu’un pouvait l’aimer, avec sincérité, et se donner à lui. Et l’appeler par son prénom. Ça aussi, ça avait changé depuis qu’ils s’étaient aimés. Il supportait d’entendre son prénom ; mieux encore, il se languissait de l’entendre, si c’était Ian qui le prononçait.
Lorsque la baignoire fut remplie d’une eau à température idéale – un luxe, à High Creek – Mr. H. attira Ian dans l’eau et l’attira contre lui. La dernière fois qu’il s’était retrouvé là en compagnie de son secrétaire, le moment avait été pour le moins tragique... mais aussi chargé en émotions. Il avait fallu au directeur de High Creek’s Jail plusieurs litres d’eau chlorée avant de décider que la baignoire était de nouveau apte à recevoir du monde. Curieusement, si jamais il n’avait eu l’idée de repousser Ian à cause de ses blessures et des tatouages sur sa peau, l’idée d’une salle de bains en piètre état l’avait révulsé.
Il sourit alors que Ian s’efforçait de le laver. C’est vrai, Ian aimait la propreté, lui aussi. Ça n’avait peut-être pas dépassé le stade de la maniaquerie au point où en était Mr. H., mais c’était suffisant pour satisfaire son amant, justement. Tandis que les mains de Ian glissait sur son corps, le directeur de High Creek’s Jail sentit le désir qui affluait de nouveau en lui, et il attira le jeune homme dans ses bras pour l’embrasser avec passion. Le savon passa dans ses mains ; sans cesser d’embrasser Ian, il s’attela à nettoyer sa peau là où le plaisir qu’il avait éprouvait s’était logé.
Son geste se crispa soudain. La question de Ian, pourtant posée innocemment, le prenait au dépourvu. Il fut soulagé de ne pas avoir ses lunettes sur son nez, et de ne pouvoir ainsi savoir exactement quelle expression arborait Ian. Il n’aurait pas voulu voir sur son doux visage un dégoût ou une colère légitimes. Poussant un soupir, Mr. H. passa une main humide sur son visage, puis repoussa ses boucles brunes en arrière. Il regarda Ian sans vraiment le voir.

Oui, murmura-t-il. Oui, mais... je regrette... Si tu savais comme je regrette...

Oh, oui, il regrettait. Pas parce qu’il aurait voulu de la distance entre eux, mais parce qu’il avait torturé Ian autant que les autres Gardiens, et avait aussi condamné le jeune homme à des sévices bien pires lorsque le temps serait venu. Oh, oui, il s’en voulait. Il se maudissait pour ce qu’il avait fait. À présent, il se rendait compte de l’étendue de l’horreur qui se déroulait dans l’espace restreint de High Creek, et toute cette horreur s’était concentrée en un seul instant, lorsqu’il avait fait de Ian un Gardien.
Avec douceur, il glissa ses doigts dans les cheveux de son amant. Il serra les lèvres, incapable de trouver les mots qu’il aurait voulu prononcer. Une goutte d’eau roula sur son menton, il l’en chassa d’un geste vif.

Il serait... peut-être mieux que tu quittes High Creek, Ian, dit-il lentement, sans oser le regarder en face. Tu serais peut-être plus heureux à l’extérieur. Au moins tu pourrais... être libre.

Parce qu’ici, c’est une prison, et que même les Gardiens y sont détenus. Parce que je t’aime trop pour te voir subir ça jour après jour. Il n’attendit pas la réponse de Ian. Le laisser partir, c’était aussi perdre la seule chose qui le rendait heureux ici, et lui était condamné à revenir à jamais à High Creek. Il embrassa Ian, avec désespoir, pour l’empêcher de répondre que oui, il aimerait être à mille lieues d’ici, loin de lui. Et lorsqu’il rouvrit les yeux, son regard embué de tristesse plongea dans celui de son amant, avec la ferme intention de ne plus jamais en ressortir.
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Ian MacCartaigh
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MessageSujet: Re: Your Dirty Little Secrets   Your Dirty Little Secrets Icon_minitimeMar 23 Juin - 6:47

Huit ans à High Creek Jail étaient longs. Ian ne connaissait qu’un seul autre résident, outre le directeur, demeuré depuis tant de temps derrière les barreaux, son collègue o’Connell, Aidan. À vrai dire, tous deux avaient partagé la même cellule à leurs touts débuts, bien qu’ils se soient rapidement séparés : Ian avait été promu en dedans d’un mois, o’Connell en prit deux ans et demi. En consultant les dossiers archivés depuis l’ouverture de la prison, le secrétaire avait pu remarquer que le record de longévité était détenu par Maley, Anton, ex-chef des gardiens, qui était resté dix-sept ans entre les murs de la maison de correction et, comble de l’inusité, était décédé de causes naturelles à l’âge vénérable de 52 ans.

Huit ans à High Creek Jail étaient longs. Sans doute que plusieurs en venaient à s’interroger quant à certaines bizarreries inhérentes aux lieux et principalement, à leur propriétaire. Cependant, le mystérieux Mr. H. n’apparaissait que rarement en public, croisait des pensionnaires et se présentait sous un faux nom, évitait la compagnie de ses loyaux molosses… Peu, sinon personne n’avait eu l’opportunité de le côtoyer chaque jour et ainsi, de relever étrangeté sur étrangeté. Ian n’était pas sot. Par simple observation, par simple logique, il était impossible que m’sieu Êta n’ait pas vieilli d’une ride alors que lui, son employé, avait passé d’un grand gamin de dix-huit ans à… un plus grand gamin de vingt-six ans. Ayant accès aux archives de l’établissement, il avait pu constater qu’High Creek avait ouvert ses portes bien avant sa naissance, avant même le tournant du siècle. La signature au bas de chaque facture était la même, le nom en entête de chaque lettre également. M’sieu Êta avait été à la barre de la prison depuis son commencement… et ne semblait pas trop mal s’en porter, malgré le poids des années qui aurait dû peser sur lui.

Mais Ian n’avait rien dit de ses découvertes jusqu’à aujourd’hui. Autrefois, il était trop préoccupé par son travail, ses ambitions de réforme. Il ne souhaitait pas perdre cette place qui lui avait été miraculeusement offerte en faisant preuve d’indiscrétion. Et puis, autre chose l’empêchait d’interroger son patron, un blocage quasi-physique qui lui signalait que questionner Mr. H., c’était questionner l’autorité, questionner l’autorité, c’était… c’était mal, interdit, impensable.

À présent, cependant, dans les bras de m’sieu Êta, il lui semblait que ce dernier tenait plus de l’amant que de l’employeur, de l’être cher que de celui qu’il fallait craindre. Oh, il avait mille et une raisons de craindre l’homme contre lui : la crainte de le perdre, la crainte de ne plus lui plaire… mais pas cette terreur, cette paralysie indicibles qui l’avaient empoigné chaque fois qu’il lui était venu à l’idée d’exposer ses révélations.

Toutefois, devant le chagrin qui avait envahi son compagnon, Ian regretta d’avoir lancé cette remarque, perçue comme une accusation. Secouant la tête, il tenta de le rassurer tout en caressant sa joue d’une main délicate :


« Vous avez pas à regretter quoique ce soit, m’sieu Êta. J’suis sûr que, quoique vous avez fait, vous aviez vos raisons. »

Il lui adressa un sourire franc avant d’être happé dans une étreinte désespérée. Refermant ses bras autour du cou de son vis-à-vis, il lui rendit toute la force de cette embrassade, devinant que le directeur avait besoin de sentir combien il était aimé. Un nouveau sourire retroussa ses lèvres alors qu’il refusait la proposition qui lui était faite :

« Mais m’sieu Êta… Je serais pas libre sans vous. À l’extérieur, je penserais toujours à vous, j’aurais toujours envie d’être avec vous, je me demanderais toujours ce que vous faites, si vous êtes heureux, si vous allez bien, je m’inquiéterais quant à savoir si vous vous débrouillez avec le boulot… Ce serait pire qu’une prison, une vraie. »

Il vint se lover contre le corps de son amant, le faisant reculer jusqu’à ce qu’il s’appuie contre le montant du bain. Ses doigts décrivaient pensivement des arcs sur le torse de son interlocuteur, traçant peut-être le futur motif d’un tatouage. Pourquoi pas un «Ian♥️» qui irait de paire avec le sien?


« Je préfère être ici, poursuivit-il. C’est pas si terrible et au moins, vous êtes là, hein? »

Il redressa la tête pour dévisager son interlocuteur, son visage affichant une sincérité désarmante.

« De toute façon, ici, c’est plus une prison pour moi… C’est devenu ma maison. J’ai plus de parents au-dehors, j’aurais personne à aller voir. J’ai que vous. »

À ces mots, il ne put s’empêcher d’embrasser longuement son m’sieu Êta, se redressant pour se blottir davantage contre lui. Leurs bas-ventres s’effleurèrent et il gémit tout bas le nom de son amant, les yeux fermés, en réalisant qu’il n’était pas le seul chez qui le désir était revenu promptement. L’heure n’était en revanche pas à ce genre de choses et le secrétaire n’était pas prêt à interrompre cette discussion appréhendée depuis des années.

Ainsi, il recula quelque peu, s’éloigna de la tentation, s’accorda un moment pour reprendre son souffle et enfin, déclara :

« Vous savez, vous pouvez tout me dire… Vous pouvez me faire confiance, quoi. Je dirai jamais rien. »

Il lissa sa tignasse mouillée, semblant un instant songeur. Il ne voulait pas non plus forcer la confession de son amant. La vérité viendrait peut-être plus tard, peut-être jamais. Étrangement, la curiosité d'ordinaire insatiable de Ian se contenterait de ce qu'on consentirait à lui avouer. Sans quoi, ce qui lui importait vraiment, c'était de soulager le coeur du directeur, qu'il sentait lourd à porter.

« Mais ça va aussi si vous avez pas envie de parler… Je comprends. Moi aussi, je dis pas toujours tout sur moi. Faites-le que si... euh si ça vous fait du bien. »
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MessageSujet: Re: Your Dirty Little Secrets   Your Dirty Little Secrets Icon_minitimeMar 23 Juin - 12:46

Ian...

Il aurait voulu le supplier d'arrêter. Qu'il ne pose pas de questions, qu'il n'en vienne pas à mettre le doigt sur tout ce qui clochait à High Creek. L'étrange don du directeur, la fidélité sans bornes des Gardiens qui en résultait, la longévité extraordinaire de Mr. H., les mystérieuses disparitions des Prisonniers... Si tout était découvert, Ian le regarderait avec dégoût. Alors même qu'il se blottissait contre lui à cet instant, il s'éloignerait irrémédiablement, malgré tout l'amour qu'ils pouvaient avoir l'un pour l'autre. Il le haïrait pour ce qu'il avait fait.
Doucement, il passa ses mains mouillées sur le dos de son amant, caressa sa peau de marbre. La bonne humeur l'avait quitté pour céder la place à la mélancolie et à la honte. D'un certain côté, il aurait voulu se confier à Ian. Le secret qu'il portait était devenu un véritable fardeau, et plus le temps passait, plus il semblait s'alourdir. Il était fatigué. Trop vieux, sans doute. Le moment passé avec Christian dans la salle de bal lui avait fait comprendre qu'il avait réellement vécu à High Creek depuis toujours, et ce « toujours » remontait à si longtemps en arrière qu'il aurait dû avoir des cheveux blancs, des rides et une absence prononcée de dents. Au lieu de ça, il avait toujours le même âge qu'au moment où tout s'était précipité, il était toujours jeune, toujours en pleine possession de ses moyens – à l'exception de sa mémoire qui le fuyait. Ian n'était pas stupide. Il devait bien l'avoir remarqué.
Il ferma les yeux en se reposant contre la baignoire, attendant que ses pensées se remettent en ordre. La main de Ian sur son torse le fit frissonner. Il aurait voulu étouffer son angoisse dans une étreinte fusionnelle, perdre ses lèvres sur la peau de Ian pour ne pas dire des choses qui auraient pu le faire fuir. Le désir du jeune homme, frôlant le sien, lui apprit que c'eût certainement été une bonne idée. Mais Ian songeait à tout autre chose. Même s'il se blottissait contre lui, même s'il l'embrassait, même s'il soupirait son nom et que son corps frémissait de désir, Ian voulait savoir. C'était légitime. Et Mr. H. savait qu'il ne pourrait repousser ce moment éternellement.

J'ai peur, finit-il par soupirer, renversant sa tête en arrière sur le rebord de la baignoire. Je ne suis pas quelqu'un de bien, Ian. J'ai fait des choses bien pires que de convaincre quelqu'un de devenir Gardien.

Et j'ai peur de te perdre quand tu les découvriras. Il fixa le plafond blanc alors que ses mains caressaient doucement le corps de Ian. Le jeune homme voulait rester près de lui. Une partie de lui bondissait de joie – la partie égoïste, celle qui voulait garder Ian pour toujours à ses côtés. L'autre partie, la partie altruiste, celle qui savait que ce qu'il faisait à High Creek n'était pas bien, lui enjoignait de faire partir Ian pour lui permettre d'avoir une vie normale au moins jusqu'à la fin. Mais ce n'était de toute façon plus possible. C'était trop tard. Ian était déjà condamné à rester ici, et même si ce qu'il disait lui était soufflé par l'amour qu'il portait à son m'sieur Êta, il y avait aussi le « traitement », là-dessous.
Mais il avait besoin de parler. Peut-être pas de tout, surtout pas des plus noirs secrets, mais il avait besoin de se décharger un peu de tout cela. Besoin de dire, aussi, qu'il n'avait jamais voulu ça et qu'il regrettait amèrement.

Je crois que je suis aussi vieux que High Creek's Jail, poursuivit-il lentement. Tu ne vas sans doute pas me croire, mais... je suis bien plus vieux que j'en ai l'air. Et je suis fatigué de tout ça. Tout ce que je voulais, c'était qu'ils sachent combien j'avais mal, mais au lieu de ça, ils sont tous morts.

Des phrases sans queue ni tête, un rébus à déchiffrer. Ses pensées se mêlaient toujours lorsqu'il évoquait ce qu'il s'était passé ce jour-là.

C'est trop difficile, murmura-t-il en passant une main fébrile sur son visage. Je ne veux pas que tu saches. Je suis un monstre... Si tu savais ce que j'ai fait...!

Son cœur se serra à cette simple pensée. Durant un instant, il se sentit submergé par la colère, la honte, l'envie de disparaître enfin, mais ce sentiment s'évanouit peu à peu pour laisser la place à un douleur plus sourde. Ses yeux s'embuèrent à nouveau ; il ne pleura pas, non. Les larmes étaient juste là mais ne pouvaient se permettre de couler.

Je ne suis rien d'autre qu'un monstre. J'ai... vendu mon âme pour avoir ma vengeance. Et je ne peux plus revenir en arrière.

Ça passerait pour une métaphore. Ian tenterait de comprendre ce que cela signifiait réellement, sans pouvoir imaginer un seul instant qu'il n'y avait rien de sous-jacent. Mr. H. avait vendu son âme. Il n'était plus qu'un exécutant, fidèle serviteur, attendant la dernière heure pour plonger au plus bas de l'Enfer, sans trop savoir quand elle viendrait. Tous ceux qui étaient passés par High Creek's Jail l'y suivraient. Les Gardiens, les Prisonniers – morts ou libérés, ça ne faisait pas de différence. Il avait vendu son âme à qui de droit, et quand l'heure viendrait enfin, il n'y aurait d'échappatoire pour personne. Même pas pour Ian.
Mr. H. souffla un « pardon » désespéré. Ses mains se crispèrent sur Ian comme pour le protéger de ce qu'il risquait d'arriver. Une chose le soulageait, malgré tout : s'ils étaient tous deux condamnés à l'Enfer, au moins pourraient-ils se retrouver là-bas. N'était-ce pas un gage d'éternité, malgré tout ?
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MessageSujet: Re: Your Dirty Little Secrets   Your Dirty Little Secrets Icon_minitimeMar 30 Juin - 6:43

« Iris… »

Il avait prononcé ce nom, écho au sien, avec une douceur infinie alors qu’il constatait la portée de ses interrogations sur son interlocuteur. Ian n’avait jamais eu l’intention de provoquer tant de désarroi chez son cher m’sieu Êta. C’était ça, l’amour? Se sentir démuni devant la détresse de l’autre? Avoir l’impression que ses entrailles fondaient à la seconde où on percevait le moindre chagrin chez son amant? C’était certainement des symptômes dénotant de cette bien étrange maladie, car à peine quelques heures plus tôt, un Ian meurtri, portant son cœur en bandoulière, avait pardonné en un clin d’œil ce qu’il avait cru être les infidélités d’un directeur éternel coureur de pantalons.

Sa main s’éleva une fois de plus, vint caresser une joue, déposer une ligne de baisers délicats le long d’une gorge, d’un visage qu’il chérissait par-dessus tout. Il se souvint de mots enterrés, enfouis au creux de son être depuis une vingtaine d’années, les mots d’une mère décédée mais jamais oubliée.

« Ça va aller, ça va aller. C’est fini maintenant. »

Les bras noués autour de son cou, au tour de l’employé de se faire protecteur envers son employeur. La situation n’était peut-être pas si incongrue. Certes, Ian était plus frêle et, par la hiérarchie même, placée sous le maître d’High Creek Jail. Par contre, son rôle avait d’abord et avant tout été celui d’épauler son chef, de le soulager son fardeau des tâches les plus encombrantes. Peut-être que leur liaison ne serait pas tellement différente de leur relation de travail… M’sieu Êta donnerait les indications générales, ferait savoir ses envies, ses directives, puis les mettrait à l’épreuve en compagnie d’un Ian, toujours prêt à collaborer et à apporter sa touche de folie à leur entreprise.

« C’est OK. Je comprends. Et je suis sûr qu’ils ont compris aussi, » souffla-t-il, en serrant toujours son aîné contre lui.

Dieu seul savait qui était ce « ils » auquel il faisait référence. Ça lui importait peu. Il se doutait cependant qu’il s’agissait souvent de géniteurs trop durs envers leur progéniture. Ian aurait pu en témoigner, il avait subi le même traitement. C’était peut-être d’ailleurs ce qui, au fond, au-delà de l’extraordinaire pouvoir de persuasion de m’sieu Êta, l’avait poussé à accepter sa main tendue.

Ses doigts entrèrent en contact avec la peau d’un dos, encore vaguement marquée par de fines striures. Là encore, il pouvait deviner ce qui s’était produit… À moins que son amant soit versé dans le même art que son copaing Leopold, il avait fort à parier qu’un Mr. H., dans ses jeunes années, ait pu endurer des violences. Adressant un sourire toujours empreint de douceur à son interlocuteur, il décrocha une main fermement crispée sur lui pour la guider jusqu’à l’arrière de ses cuisses, au bas de son dos, également couverts de pâles cicatrices.

« Je comprends, » répéta-t-il.

Puis, grimaçant légèrement en songeant à la peine qu'il avait causée à son amant, il offrit un baiser sur chacune des paupières de son vis-à-vis. Iris.

« J’m’excuse. J’voulais pas te mettre dans cet état. »

Il secoua la tête, scella d’un baiser leurs lèvres pour ensuite chuchoter :

« J’aime pas que vous vous traitiez de monstre, m’sieu Êta. Vous seriez un monstre si vous le saviez pas… Z’êtes conscient et z’avez de la peine pour ce que vous avez fait. C’est déjà bien. »

Il s’abandonna à leur étreinte, à nouveau pensif. Les paroles de son patron lui donnaient matière à réfléchir. Qu’entendait-il exactement par « vendre son âme »? Et comment avait-il pu figer son corps dans le temps? Ian poussa un léger soupir. Lui-même avait son lot de péchés à confesser et, surtout, pour lesquels il aurait dû se repentir... Il avait grandi loin de la morale comme de la religion et s’il avait beaucoup étudié la philosophie, et donc l’éthique, il ne s’était jamais attardé à remettre en question ses propres actions. Au contraire, il avait toujours cru agir pour le Bien de l’Humanité en voulant la réformer, en voulant la faire parfaite, logique, empirique, calculée… Mathématique.

Peut-être que s’il n’avait pas été forcé de devenir un véritable freak… Peut-être que si sa mère n’était pas morte alors qu’il était enfant… Peut-être que tout aurait été différent! Mais avec des « si » on pouvait mettre Paris en bouteille. Ainsi, le jeune homme releva la tête pour accorder un autre sourire à l’homme contre lui.


« C’est vrai qu’on peut pas revenir en arrière… Mais euh… on peut p’tête essayer de faire mieux à l’avenir, nan? On peut sûrement racheter son âme, retrouver le contrat et en changer les clauses... non? »
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Mr. H.
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MessageSujet: Re: Your Dirty Little Secrets   Your Dirty Little Secrets Icon_minitimeVen 3 Juil - 18:50

Mr. H. avait tremblé lorsque sa main, guidée par celle de Ian, avait effleuré les traces laissées par le passé du jeune homme. Oui, Ian était sans doute le mieux placé pour comprendre. Ils se ressemblaient par bien des aspects – peut-être était-ce d’ailleurs la raison pour laquelle le Destin les avait poussés l’un vers l’autre. Désespérément, après ce qu’ils avaient connu par le passé, ils cherchaient à trouver un peu de bonheur. N’était-ce pas légitime ?
Ses doigts dessinèrent les lignes de ces cicatrices, tandis que leurs lèvres s’unissaient à nouveau. Ah, si le temps avait pu s’arrêter là ! Si Ian avait pu, lui aussi, avoir cette vie interminable... Ils auraient pu être ensemble à jamais. Mr. H. se surprenait à vouloir rester ainsi jusqu’à la fin des temps. Lui, qui n’avait jamais eu que des relations sans lendemain, qui s’était langui d’amour durant tant d’années pour un souvenir, découvrait avec émotion qu’il pouvait aimer et être aimé en retour. Son cœur cognait si fort dans sa poitrine qu’il avait mal. Partagé entre le bonheur et le désespoir, il ne savait plus quoi faire, et il cacha son visage dans le creux du cou de Ian. Qui aurait cru qu’il pourrait un jour le faire ? Qui aurait cru qu’il en aurait seulement l’envie ?
Racheter son âme... Ah, si seulement il avait pu, oui... La racheter, bénéficier d’un droit de rétractation pour le contrat passé. Mais c’était déjà bien trop tard pour tout ça. Après tout ce qu’il avait fait, il n’avait plus qu’à attendre sagement qu’on se lasse de lui, ou qu’on considère qu’il n’était plus assez utile pour être intéressant. Alors il mourrait enfin. Et il affronterait l’Enfer.
Mr. H. caressa les hanches de Ian, cherchant à profiter de la chaleur de son corps et de la douceur de sa peau. Ce n’était pas un drame s’il allait en Enfer, après tout. Il l’avait bien mérité. Et puis, enfin, il avait eu la chance de connaître le Paradis. C’était déjà beaucoup. Non, ce n’était pas pour lui qu’il s’inquiétait, ni pour les Prisonniers, ni même pour les Gardiens. C’était pour Ian. Ian qui le serrait, le consolait, tentait de panser ses blessures. Ian qui, seul, avait réussi à le tirer de la morosité dans laquelle il vivait depuis des mois. Ni mort, ni vivant ; juste un serviteur obéissant. Ian l’appelait par son prénom, ce prénom qu’il haïssait mais qui dans sa bouche sonnait si bien, et Mr. H. voulait l’entendre, encore, encore, et encore, parce que durant tant d’années, personne n’avait prononcé ce nom, et encore moins avec tant d’amour dans la voix.
Mais il devait être honnête. C’était horrible, c’était la pire chose qu’il avait à avouer, mais il devait le faire, n’est-ce pas ? Dire à Ian ce qu’il avait fait, affronter ses reproches, sa haine. Vivre avec le désespoir de l’avoir perdu, mais avec le soulagement d’avoir été sincère. Il couvrit le visage de Ian de baisers, chercha ses lèvres pour l’embrasser avec passion. Un peu d’eau passa par-dessus le rebord de la baignoire lorsqu’il obligea Ian à s’allonger au fond et qu’il s’étendit au-dessus de lui. De sa main, il remonta une jambe de son amant et pressa son bassin contre le sien. Juste pour le sentir à nouveau ainsi, avant de le perdre.

Si je pouvais racheter mon âme, je n’en voudrais pas, souffla-t-il, la voix un peu tremblante. C’est... la tienne... C’est la tienne que je rachèterais.

Il garda le silence un instant, cherchant dans le regard de Ian une lueur de compréhension qui indiquerait que le jeune homme avait saisi la portée de ses propos. Puis, l’estomac noué, il appuya sa joue contre celle de son amant et ferma les yeux.

Parce que je n’ai pas vendu que mon âme, Ian. Et c’est ça qui fait que je suis un monstre, aussi. Non seulement j’ai tué tous ces gens, mais j’ai vendu vos âmes. Celle d’Elliot, celle d’Edward, celle d’Aiko... la tienne... et je m’en veux tellement...

L’horreur de High Creek ne commençait pas au portail d’entrée, loin de là. Ça, ce n’était que les Limbes, l’antichambre de l’Enfer. La véritable horreur commençait lorsque l’on mourait après être passé par là. Alors le Diable en personne accueillait les victimes de ce pacte. Mr. H. savait qu’il serait le plus tourmenté de tous après sa mort, mais ce n’était qu’une piètre consolation.

Je regrette, si tu savais... Ce n’était pas ce que je voulais. Je voulais juste qu’ils comprennent... Et les larmes coulaient, malgré ses paupières fermées le plus fort qu’il pouvait, bien qu’il sût parfaitement que de simples larmes ne rachèteraient jamais les atrocités qu’il avait commises. Elles tombaient, pathétiques, dans l’eau chaude, avec un léger bruit à peine audible et formant de petits cercles concentriques. Oh, oui, il regrettait. Et même s’il ne s’inquiétait pas pour les autres, il regrettait de leur avoir fait ça. Ça n’avait jamais été ce qu’il voulait. Jamais. Et je m’en veux d’avoir... fait ça. Et je déteste ce que je suis, j’en ai assez. Je voudrais tellement... que tout s’arrête.

La mort ? Mais il était condamné à ne jamais mourir. Rien ne viendrait le sauver, si ce n’est la pitié du Diable. Mais Mr. H. n’en méritait aucune. Il resterait à High Creek pour toujours. Il était faible, il l’avait toujours été, et son père l’avait détesté pour ça. Il avait mérité cette haine. Il avait mérité son sort. Mais pas Ian. Surtout pas Ian. Et les derniers mots furent à peine audibles.

Je t’aime tellement...
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MessageSujet: Re: Your Dirty Little Secrets   Your Dirty Little Secrets Icon_minitimeSam 18 Juil - 16:08

Que pouvait-on bien répondre à un homme qui avouait avoir vendu non seulement son âme, mais aussi la vôtre ainsi que celle de l’ensemble de votre entourage? Ian aurait pu s’indigner, se débattre, repousser le directeur et tenter de s’enfuir d’High Creek Jail. Aurait-on essayé de l’en empêcher? Il n’en était même pas certain.

Mais à quoi bon cette réaction? À quoi bon la fuite s’il n’avait rien à retrouver à l’extérieur de ces murs? Il n’avait plus de famille, elle avait été exécutée sur ses ordres. S’il retournait à ses anciens employeurs et se faisait à nouveau pincer, il risquait la prison, la vraie. Cette fois, il n’y aurait plus de gentil directeur pour le sauver et sans doute que ce qu’il avait pu éviter pendant huit ans ici, on le lui rendrait au centuple dans un pénitencier d’adultes, non plus de jeunes délinquants. Quant à mener une vie tout à fait normale… L’avait-il déjà fait? Son enfance ne pouvait être qualifiée de commune, pas plus que ce qui l’avait suivie. Serait-il capable de faire ses emplettes, vivre dans un appartement, trouver un boulot réglo, agir comme tout le monde? Peut-être. Le voulait-il? Alors là, c’était différent.

De toute façon, le mal était fait et il semblerait qu’il était irrémédiable. Le secrétaire était un être simple. Si, avec les finances de l’établissement, il faisait preuve de prévoyance, il n’en allait pas du tout de même avec sa propre existence, surtout depuis son histoire avec m’sieu Êta. Il préférait songer au jour qui débutait plutôt qu’à celui du lendemain, trop loin dans son esprit, ou celui de la veille, auquel on ne pouvait plus rien changer. Dans cette optique, il lui apparaissait absurde de trembler en songeant à l’au-delà, de surcroît, un au-delà qui s’annonçait dort et déjà peu agréable. S’il lui fallait souffrir une éternité, autant apprécier ses brèves années mortelles.

Ses mains se posèrent contre les joues de m’sieu Êta et il voulut essuyer de ses pouces – déjà humides – les larmes qui y avaient roulé. Esquissant un sourire rassurant, dans de telles circonstances, il commença, hésitant :


« Je sais pas pour les autres… Je peux pas parler pour eux, parce que j’les connais pas assez… mais moi je sais que, dans mon cas, ça va. Enfin, ça va, je veux dire que… »

Il poussa un soupir, tentant de réunir ses pensées disparates, puis finit par se redresser, sans toutefois briser le contact avec son interlocuteur. Fronçant les sourcils, il réfléchit encore un instant à ce qu’il souhaitait exprimer et finit par déclarer :

« Si vous avez vraiment vendu mon âme ou je sais pas trop, ben je préfère profiter d’aujourd’hui, pendant qu’elle est encore un peu à moi. »

Ses doigts se perdirent dans ses mèches noires et emmêlées qui, défiant la gravité, semblaient déjà prêtes à s’élever dans les airs, comme elles le faisaient à l’habitude. Cette discussion n’était définitivement pas aisée… et si sa relation avec le directeur y survivait, ce serait bien un signe qu’ils étaient faits l’un pour l’autre! Ian ne désirait néanmoins pas qu’on considère qu’il traitait ce sujet à la légère. Quoi que « vendre son âme » puisse signifier au sens plus littéral que figuré, il se doutait que cela ne présageait rien de bon. Il n’avait seulement pas l’intention de se morfondre ou de maudire le sort pendant tout le reste de son existence. Cette façon de voir était peut-être insouciante, elle lui convenait à merveille pour l’instant.

« P’tête que je suis idiot, mais vous savez, je suis pas sûr que je se battre contre un truc contre lequel on peut rien, c’est vraiment la meilleure chose à faire. »

Il cligna des yeux, un peu de savon lui démangeant la rétine, et il s’accorda une pause avant de poursuivre :

« D’ailleurs, c’est pas entièrement votre faute si je suis ici, ou si Maori, Aiko et les autres le sont. C’est ma faute à moi, celle de mes parents. C’est la faute de la poisse. Et pour le reste... »

Le jeune homme haussa les épaules pour signifier son impuissance. Peut-être qu'il n'était pas des plus encourageants, mais il aurait au moins le mérite d'être honnête, en accord avec conscience.

« Malheureusement, j’crois que je peux juste être là pour vous. Et vous dire que je vous aime aussi. J’peux bien vous pardonner, mais je crois pas que c’est ce qui va vous permettre d’être heureux, au final. »

Lâcher prise, c'était le remède qu'il prescrivait à son amant. Lâcher prise tant qu'ils le pouvaient tous deux. Il revint se lover contre son vis-à-vis, déposant sa tête contre son épaule, savourant la chaleur, la douceur de cette peau, la sensation qui étreignait sa poitrine chaque fois qu'il se rapprochait de son patron. C'était ça, la vie, non?


« Si je peux pas vous aider, j’espère juste que vous allez trouver ce qui va… bah, vous permettre de faire la paix avec tout ça, m’sieu Êta... OK? » s'enquit-il pour s'assurer que son discours n'avait pas démoralisé davantage le directeur repentant.
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Mr. H.
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MessageSujet: Re: Your Dirty Little Secrets   Your Dirty Little Secrets Icon_minitimeDim 2 Aoû - 22:26

Au travers de ses larmes, Mr. H. ne put contenir un rire. Ian ne changeait pas. Ian ne changerait sans doute jamais. Tant mieux... Tant mieux ! Mr. H. l’aimait comme un fou, tel qu’il était, parce qu’il ne ressemblait en rien à tout ce qu’avait connu le directeur de High Creek’s Jail auparavant. Personne n’avait jamais été si naturel avec lui. Il y avait eu son père, rigide et incapable d’amour ; sa mère, se forçant à rester silencieuse et distante ; son cousin, trop lâche pour assumer ; son oncle, trop égoïste pour le sauver. Personne n’avait jamais parlé avec autant de sincérité devant lui. Ian était le seul à s’être comporté sans tricher. Mr. H. s’essuya les joues, sans trop de succès puisque ses mains étaient mouillées, et appuya son front sur celui de Ian.

Si toi au moins tu peux me pardonner....

Il ne compléta pas sa phrase. Le reste n’avait pas d’importance, ce qu’il voulait dire était clair. Il ferma les yeux, se blottit contre Ian. Ah, cette sensation, chaque fois qu’il le tenait ainsi... Son cœur qui bondissait, son estomac qui se nouait. Il y aurait au moins une consolation à tout ça : en Enfer, ils seraient encore ensemble. Pour l’éternité... La joue appuyée contre l’épaule de Ian, Mr. H. garda les yeux fermés. Il aurait pu rester ainsi des heures. Jusqu’à ce que son devoir de directeur ne reprenne le dessus... Il se reposa durant quelques minutes, silencieux, n’écoutant que le battement du cœur de Ian et le doux clapotis de l’eau lorsqu’ils faisaient un mouvement. Quelques minutes qui parurent à la fois durer une éternité, et qui furent pourtant bien trop courtes.
Lorsqu’il rouvrit les yeux, Mr. H. chercha à accrocher le regard de son amant. Un pâle sourire étira ses lèvres. Il saisit la main de Ian et embrassa le bout de ses doigts. Peut-être un peu trop « sweet » pour l’homme qu’il était, et pour la situation, mais c’était approprié pour une première fois, non ?

Si on retournait dans la chambre ? souffla-t-il. Si on reste trop longtemps dans l’eau, on va finir par fondre...

Il aurait donné tout ce qu’il avait pour rester là plus longtemps. Fermer les yeux, tenir Ian contre lui, baigner dans une eau chaude, sentir le doux parfum des sels de bains... Mais il n’était pas dans un conte de fées. L’eau refroidissait, Ian ne supporterait sans doute pas de rester là éternellement – car lui, hélas, n’avait pas la vie éternelle. Mr. H. sortit donc de l’eau et s’enveloppa dans un peignoir ; puis, doucement, il aida Ian à faire de même.
Tout avait changé entre eux. Quelques mois auparavant, ils n’étaient qu’un secrétaire et son employeur. Peut-être un peu plus, certes – il y avait toujours eu un peu plus. Ils se disputaient sans cesse, ils s’insupportaient, ils ne se comprenaient pas, mais ils étaient incapables de travailler l’un sans l’autre. De vivre, en fait. Et à présent...
Il entraîna Ian dans la chambre, les doigts glissés entre les siens pour ne pas s’écarter de lui un seul instant. On ne leur laisserait que peu de répit. Mr. H. connaissait la suite aussi sûrement que s’il l’avait déjà vécue : le destin le rattraperait, comme toujours, et Ian lui serait arraché. « Profiter d’aujourd’hui », avait dit Ian. Oui... profitons d’aujourd’hui. Ian ne pourrait sans doute pas le supporter une fois encore, mais il fallait, à tout prix, profiter du temps qui leur était accordé. Mr. H. étendit son amant sur le lit, posa ses mains sur son corps, embrassa ses lèvres et sa peau. Il ferma les yeux avant de souffler à son oreille :

La seule chose qui puisse me permettre de faire la paix... de connaître la paix, c’est toi, Ian.

Pas de mensonge, pas de triche. Aucune fausse note. Aucun tour. Durant longtemps, il avait joué avec les sentiments d’Elliot, avait cherché ceux de Christian. Ce qu’il avait gagné pour tout cela surpassait tout ce qu’il avait espéré. C’était bien trop beau.

Je jure que si je devais te perdre, je brûlerai High Creek jusqu’à ce qu’il n’en reste que des ruines, reprit-il, plongeant son regard dans celui de Ian.

Cette promesse ne devait sans doute rien signifier pour Ian, et pourtant, elle exprimait au contraire tout ce qu’il avait sur le cœur. Brûler High Creek serait la fin de tout. Perdre Ian serait bien pire. Et si le destin s’amusait à lui jouer ce tour, Mr. H. saurait comment se venger... et comment en finir.
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