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Aidan O'Connell
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Sujet: Insomnie [PV] Mar 21 Avr - 2:08 |
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Il marchait dans les couloirs. La tempête faisait encore rage dehors. Et pourtant… On n’entendait rien. Ce silence était insoutenable. Le corridor semblait s’étirer à l’infini. Il marchait.
Et soudain, toutes les portes des cellules s’ouvrirent pour déverser des flots et des flots de sang. Il demeura tétanisé.
Nous sommes les digues qui empêchent le vieux sang de trop couler en dehors des rivières bien dessinées. Si nous avons pu en redresser un seul, en en ayant brisé cent, je m'estimerais satisfait.
Il se pencha pour observer ce fleuve écarlate et vit des dents brisées, des membres tordus, des poignées de cheveux arrachés. Il entendit à nouveau la voix de Sven Vorveck. Les cris de Fox. Il se redressa. Ses mains étaient tachées de sang. Les hurlements redoublèrent d’ardeur. Il leva les yeux. Killian Dawn se trouvait devant lui. Il léchait ses doigts ensanglantés. Ce n’était plus Killian. C’était Aileas – était-ce bien elle, ou seulement une autre prisonnière du passé? – qui lui exhibait sa main brisée.
La sensation d’une main apaisante sur son épaule. Il voulut se retourner mais…
« Alexei? »
Aidan se releva dans son lit, en sueur. Il lui fallut quelques secondes avant de réaliser qu’il se trouvait bien dans sa chambre et non au cœur de l’High Creek terrifiant dont il venait d’émerger. S’asseyant au bord de son pieu, il enfouit son visage dans ses mains et poussa un profond soupir. Décidément, ça n’était pas la forme depuis quelques temps…
Nerveusement, il alluma une clope, le regard vide. Toute l’affaire de la mort de Fox l’avait ébranlé plus qu’il ne voulait l’admettre. Il devait avouer ne plus savoir où il en était, une remise en question aussi difficile que celle d’un prêtre qui renierait sa foi. Un prêtre qui, de surcroît, n’aurait pas le loisir de défroquer et quitter sa paroisse. Une raison de plus pour la regagner le plus vite possible, cette fameuse dévotion, avant de se faire accuser de haute trahison à son tour…
Peut-être qu’il fallait seulement qu’il en discute? Le souvenir si réel de la main de son cauchemar lui revint… tout comme le nom qu’il avait appelé en s’éveillant. L’Irlandais ne croyait pas au destin, mais si celui-ci lui indiquait la porte de son collègue, autant écouter son conseil.
Enfilant un pantalon et boutonnant une chemise fripée, il quitta ses quartiers en silence. Un frisson lui parcourut l’échine alors que la vision du couloir lui rappelait son rêve. Il reprit cependant contenance et une fois arrivé devant la porte de son homologue russe, inspira profondément avant de cogner trois fois.
« Alexei…? »
Quelques instants plus tard, la bouille endormie de l’interpellé apparaissait dans l’encadrement de la porte. Aidan grimaça d’embarras pour ensuite passer sa main dans sa chevelure en désordre.
« Euh… Désolé de te réveiller comme ça, en pleine nuit. »
Son regard évitait soigneusement celui de son vis-à-vis et il se lança dans la contemplation béate de ses chaussures dénouées. L’indécision le gagnait peu à peu.
« En fait… C’est bête. J’sais même pas pourquoi j’viens te voir, toi, de quiconque… »
Et le malaise remportait le combat. Il se tourna à demi, prêt à retourner dans sa chambre.
« Ah… Laisse tomber. C’est idiot. Bonne nuit. »
Dernière édition par Aidan O'Connell le Mar 21 Avr - 14:38, édité 1 fois
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Sujet: Re: Insomnie [PV] Mar 21 Avr - 2:39 |
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Il y a les gens qui rêvent. Les gens qui dorment. Ceux qui somnolent en fantasmant leur journée. Il y a ceux qui plongent dans un noir oblitérant et qui n'en ressortent jamais intact, le matin. Mais toujours saufs. A l'écart des rêves, à l'abri des cauchemars. Alexei fait partie de ces derniers. Jamais il n'est troublé dans son sommeil, qui est une nuit sans fond, un grand drap de ténèbres. Il se met en veille chaque nuit et n'en ressort qu'à la sonnerie de son reveil. La seule voix qu'il entend le matin. Jamais un timbre autre. Jamais féminin. Jamais amoureux. Non. Juste riiiiiiiii-iiiiiii-iiiiiiing. Cette saleté de réveil à cloches.
Mais.. Pas cette nuit. Cette nuit, son obscurité personnelle est lézardée de couleurs ondoyantes et pâles, qui font des ronds glissants dans sa mer d'encre. L'épicentre en est un trio de tapotements, trop proches pour être ignorés. Les couleurs éclatent en mille paillettes, et Alexei s'éveille sans sursauter. C'est incohérent. Il fait nuit. Une flaque minuscule, pleine de parasites, accuse le sol de sa propreté aléatoire. Un regard sur le réveil-matin. Silencieux, dans son ombre. Il l'en tire, l'interroge. Oh, bordel, il n'est pas tôt ! Alors sa tête embrumée se fait à la réflexion qu'on a du toquer. Toquer ? Une main se déporte à sa ceinture. Nulle arme. Juste de la peau bien chaude qui sursaute, parce que les doigts sont froids. Matraque... Matraque... Ah. Matraque. Glissement cadencé de l'arme télescopique qui se déploie.
Et il ouvre, chiffonné. Les mèches en bataille offrant à son air quelque chose du savant fou ou de la truite. Ou de la carpe, quoi. Plongé dans le noir, on ne distingue pas bien, ni lui, ni son vis à vis. Alors il éclaire sa chambre, l'arme levée, prêt à frapper. Dieu sait qu'en ce genre de milieu, on attend pas que l'autre se ressaisisse. On attaque vite, fort, on cherche à tuer. Tout pour la salvation. Tout pour la libération. Tout pour quitter High Creek. C'est ridicule. Tuer Alexei ne rendra la liberté à personne. Il a des barreaux à sa fenêtre, lui aussi. Vous croyez quoi. Et personne ne voudrait se venger de lui. trop gentil. Trop tranquille. On attaque les gens comme Anstern. Comme Maori. Comme Vorveck et Appleyard, au pire. Mais pas lui. Alors, il est plutôt tranquille, voir mollasson, avec une dégaine de sorti du lit. On aurait pas peur de sa matraque levée. Même si brillante, même si dure. Si quelqu'un, était réellement venu pour un assassinat, ce soir, il y serait arrivé.
- A-a-a-aaaaidan ? (bâillement.)
Oh. Aidan. Il a l'air d'avoir vu des fantômes. C'est un sentiment plutôt répandu entre eux deux, les fantômes. A croire. L'arme s'abaisse. Le russe se laisse glisser contre le chambranle de sa porte, une main sur le front. Bien. Tu ne crèvera pas ce soir, Sagt. Enfin. Pas des mains d'un prisonnier fou. Peut-être Aidan est-il là pour le tuer ?
- Tu viens m'assassiner ?
L'irlandais sent la cigarette. Agréable odeur de poussière et de maladie. Il plisse les yeux. Approche. Uniquement en caleçon, si vous avez suivi. En caleçon un peu grand. Comme un gamin. Avide l'air trouble de son collègue. Embordélifie sa manne de cheveux anarchique, y fait des épis défiant la gravité toute relative, dans le noir.
- Ho. Moi non plus. J'sais pas. Mais t'as l'air... T'as l'air bizarre. T'étais de garde ?
Ola. Ola. Reeeeeeste là, Aidan. Une main se tend, avec une vivacité aléatoire. Choppe un poignet, attire.
- Héééé. T'es là ! T'as la tête d'avoir vu la mort de la reine ou les édits de Nantes. Enfin un truc affreux.
Un coup d'oeil. Au ciel dehors. La tempête. Un peu calmée. Le temps est humide. L'air est une poix colorée d'eau froide et d'orage électrique. L'odeur de l'azote. Il aime. Un instant, on dirait qu'il est tombé amoureux de la couleur de la lune à travers la fenêtre pleine de gouttes.
- Reste... Tu veux entrer ? J'ai de quoi faire du café.
Oui. Une bouilloire électrique, du café soluble, et de l'eau. Et un sourire qui a perdu de son venimeux et de son moqueur. Parce qu'Aidan à l'air d'avoir des problèmes. Et parce qu'Alexei veut savoir ce qui se passe. Parce qu'Alexei il fait souvent l'effet d'une commère, à terme. Un autre de ces sourires tendrelets. Il l'attire vers l'intérieur de ses appartements. Viens raconter à ma gentillesse ce qui se passe, Mccarthy.
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Aidan O'Connell
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Sujet: Re: Insomnie [PV] Mar 21 Avr - 4:04 |
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« T’assassiner? »
Il avait répété ces mots, la bouche pâteuse, incertain de ce que voulait bien entendre son collègue par là.
« De quoi tu parles? » demanda-t-il, les sourcils froncés, l’air du mec pas assez réveillé pour comprendre.
Il s’était détourné, la gêne l’emportant momentanément sur son besoin de déverser son angoisse. De quel droit débarquait-il en trombe chez Alexei, qui plus est, en pleine nuit? Ils se connaissaient encore à peine et bien que le Russe lui ait laissé une forte impression, cela n’accordait pas à Aidan la liberté de cogner à sa porte à loisir, encore moins pour lui raconter un cauchemar bidon. Il devait se reprendre en main, retourner sagement se pieuter, affronter ses peurs comme un grand garçon, sans l’aide de quiconque. De toute façon, n'était-il pas dangereux que de déclarer ouvertement sa désapprobation ou, à tout le moins, son incompréhension d'un ordre émis par le tout-puissant directeur d'High Creek? Qu'est-ce qui lui indiquait qu'Alexei n'irait pas le moucharder pour obtenir une promotion, que sa tête ne viendrait pas rejoindre celle de Fox sur un piquet à l'entrée de la prison?
Il était arrivé à se convaincre de laisser tomber lorsque cette main s’était enroulée autour de son poignet, apaisante, rassurante, comme dans son rêve. Un délai avant qu’il ne réponde :
« Non… Pas de garde. J’sais pas. »
Ses yeux demeuraient fixés sur le bout de ses souliers, il osa les relever pour avouer du bout des lèvres :
« J’crois que je vais pas bien, ces derniers temps. C’est le truc… Tu sais. Le mur plein de sang. »
Il se laissa attirer jusqu’à l’intérieur docilement. Il n’allait pas protester et rebrousser chemin, maintenant qu’il avait réveillé Alexei et avait piqué sa curiosité.
« Enfin, merci, c’est gentil… J’prendrais bien un café, ouais, » murmura-t-il, toujours un peu à l’ouest.
Il fit quelques pas dans la pièce exiguë, jeta un coup d’œil au lit défait puis décida de demeurer debout, planté là, l’air égaré. Sa main disparut encore une fois dans ses mèches noires et, sans trop de suite dans ses idées, il reprit :
« J’sais pas si tu es au courant de ce qui s’est passé. Enfin… Vorveck m’a tout raconté. Comment Fox Saylord… Tu la connais? Un regard en direction d’Alexei. Ou t’es trop nouveau? Enfin, c’était une prisonnière, mais n’importe laquelle. M’sieu H. l’aimait beaucoup. Et puis, il paraît qu’elle a perdu un pari, je sais pas quoi… Il voulait qu’elle devienne gardienne, m’sieu H., je parle, a exigé ça de Fox. Elle a refusé, a essayé de s’enfuir… »
Il marqua une pause, les paroles de son collègue norvégien lui revinrent en mémoire et la nausée le submergea. Son cauchemar venait se mêler à ses souvenirs, n'aidant en rien à le secouer. Tout ce sang... Sur le mur, inondant les couloirs, se vidant des cellules comme des égoûts qui débordent. Il recula de quelques pas et chercha à tâtons un meuble sur lequel s'appuyer. Sa main rencontra finalement la table de chevet et il poussa un léger soupir de soulagement. Il poursuivit son monologue d'une voix plus rauque encore qu'à l'habitude:
« Alors, Sven a été envoyé à ses trousses. Il l’a foutue en pièces… »
Il secoua la tête en signe d’impuissance, de découragement devant cet incident qu’il jugeait encore comme surréel, absurde. Il n'avait jamais tenu de tels propos auparavant, se contentant de garder toute pensée séditieuse pour lui-même. Comment exprimer ce qu'il ressentait? Il était loin d'être éloquent, au contraire, il avait souvent l'impression d'être entravé par la parole, qu'il n'arrivait jamais à bien illustrer sa pensée par des mots. Il fut donc forcé d'offrir un nouveau chef-d'oeuvre de rhétorique à son collègue:
« J’comprends pas. C’est trop bizarre… J’sais pas pourquoi cette fois-ci est pire que les autres. J’en ai vu des trucs, pourtant, ici. Mais bon… Je… Je comprends pas. »
Il y avait une supplique dans les prunelles qu'il posa sur son interlocuteur. Il avait besoin qu'on comprenne, qu'on lui explique, qu'on éclaircisse ses doutes, qu'on le remette sur la bonne voie. Pourquoi se tourner vers Alexei? Il ne le savait pas encore. Il espérait seulement ne pas s'être trompé et être déçu, une fois de plus.
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Invité
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Sujet: Re: Insomnie [PV] Mar 21 Avr - 5:08 |
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Il est beau, Aidan. C'est la première pensée qu'il lui vient quand l'irlandais se met à déambuler dans la pièce. Il est beau comme un chat de gouttière aux oreilles déchirées. Un mauvais garçon de façade. Mais qui ronronne, au final. Comme tous les chats.
- Je sais pas. Quand on frappe à la porte de quelqu'un en pleine nuit, c'est pour l'assassiner, la plupart du temps.
Alexei referme la porte, tranchant dans le cadre lumineux à ses pieds, où se découpe son ombre amaigrie par l'angle de l'ampoule nue. Un tour de verrou. Il range aussi son arme, avec un sourire assez amusé. C'est drôle. A chaque fois que l'on se rencontre, Aidan, je te menace avec ce truc. Peut-être un jour mon geste sera justifié ? rencontrera-elle ta tempe ? te laissera-t-elle une cicatrice ? Ma cicatrice. Le sourire demeure, s'étend, frissonnant comme le gardien qui se retourne, promène des doigts sur un côté, un dossier de chaise, pour récupérer un long t-shirt de coton blanc, le genre où l'on se perd, et où, avant, il y avait un slogan, qui a été oublié entre deux lavages. Il l'enfile en se tortillant, écoutant sans distraction ce qu'Aidan lui dit.
Oh. C'est amusant de voir un gardien en déroute. On attribue plus facilement ce rôle aux prisonniers. Là, c'est.. Dérangeant. Le monde à l'envers, presque. Il est vrai que l'étrange drame d'High Creek, ces derniers jours, avait de quoi rendre anxieux. Des gens normaux. Pas les gardiens de la prison. Ils sont sensé répandre du sang, eux aussi. On dirait qu'Aidan est vraiment quelqu'un d'hors du commun, entre ces murs. Cela agite dans son coeur un élan de tendresse qu'il explique mal, au final. Mignon Aidan. Un chaton pelé. Un chaton qui n'a pas toujours la force de feuler.
Alexei... C'est pas le genre à peser le pour et le contre de ses actions pendant quinze ans. Il veut faire quelque chose ? C'est déjà en cours de traîtement, avant même que la tête ne s'interesse au problème. Là, il a juste envie d'attirer Aidan à lui et lui faire un câlin. Sitôt fait, donc. Le russe approche, ouvre petitement les bras et y enserre la taille d'Aidan. Il constate ainsi qu'ils n'ont pas tant de taille de différence. Peut-être dix centimètres. Que sa chemise sent la fumée, et que son corps est puissant, bien dessiné sous ses vêtements.
Il te serre contre lui, Aidan, quoi. Merde, quoi. Et il murmure.
- Je savais pas que c'était Vorveck.. C'est lui qui te l'a dit ? Merde...
Une main glisse. Dans les cheveux. Mais, pas ceux du russe, pour une fois. Non, du tout. Entre les mèches sombres du collègue. Lissage délicat entre les doigts. Alex a toujours voulu faire ça. Toujours été source d'attirance, ces cheveux-là, un peu trop longs pour un mec de bonne famille. Et puis il se détache vaguement. Le fait asseoir, sur la chaise qu'il a délesté de sa fringue solitaire, et a approché du bord du lit. Ce dernier se voit envahir des fesses en caleçon du plus jeune, de ses cuisses et de son sourire tranquille.
- Hé. Te morigène pas parce que ça t'a choqué. T'es un gardien de prison, sweetheart. Pas... Pas un surhomme. Y'a que Maori et Anstern que ça ne choque vraiment pas, ce genre de scène. Surtout quand tu deales juste après avec le coupable. Tu l'aimes comment, ton café ?
Relevé. Il va vite, Alex, il perd pas de temps. Ne pas le laisser se morfondre, hein ? Bouilloire branchée. Robinet sollicité. Ce bruit caractéristique, qui monte en aigu, du récipient qui se remplit. Qui n'adore pas ce petit bruit ?
- Je suppose qu'il faut reconsidérer H et se dire que c'est un tueur sanguinaire. Ou juste le putain de dirlo de la putain de High Creek. Faut être dérangé, rien que pour ça, non ? Et là, eh bien... C'est le coup de semonce. Tu vois. Le "vous n'êtes pas en colonie de vacance, mais sous mes ordres. Et ma volonté est toute puissante."
A vrai dire, ce n'est pas tellement rassurant. C'est une scène étrange. L'un fait le café les cuisses nues, l'autre, celui qui devrait être le plus fort, tremble et se sent mal, au milieu d'une pièce généreusement remplie de fringues pêle mêle, de quelques bouteilles vides dans les coins, de livres, d'une couchette défaite, de quelques photos sur le murs -dont, on dirait, une de Ian, de celles qu'on met pour décorer les papiers officiels-, d'une nature-morte ornée de poires et d'abeilles. Assez étrange, oui. Joli.
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Aidan O'Connell
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Sujet: Re: Insomnie [PV] Mar 21 Avr - 5:58 |
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Un sourire, mince mais bien présent, s’était dessiné sur ses lèvres en entendant la remarque de son collègue. Il avait peut-être bien fait de cogner à la porte d’un petit con qui avait le chic pour le faire sourire.
« Je sais pas où tu vas piger des idées pareilles… Quoique t’as peut-être pas tort de penser ça, dans un endroit comme ici… »
Et hop, c’était reparti pour la déprime. Il ne s’en sortirait pas de sitôt, surtout avec le genre de cauchemars qui l’attendait dès qu’il s’abandonnait au sommeil. Ce n’était pas son premier, au contraire, il en faisait collection depuis son arrivée à High Creek. C’était toutefois la première fois qu’une main venait le tirer hors de ce faux-pas et il lui en était reconnaissant. Qu’avait-il à perdre, au final? Oui, il risquait possiblement de mourir dans d’atroces souffrances si on répétait ses confidences à des oreilles malveillantes. Qu’il périsse plus tôt ou plus tard, quelle importance? Il savait bien qu’il n’existait pas d’autres moyens de quitter la prison… du moins, pas pour eux, pas pour les âmes damnées de Mr. H. Il n’était pas non plus assez naïf pour croire qu’il pousserait son dernier soupir, tranquillement, dans son lit, à un âge respectable. La violence était une loi à laquelle on n’échappait pas, entre ces murs…
Il en avait atteint ce point dans ces réflexions fort nihilistes, lorsque des bras vinrent enlacer sa taille.
Il s’était attendu à bien des réactions, mais pas à celle-là. Dans ses fantasmes profonds et inexprimés, peut-être, mais de façon rationnelle, alors là, pas du tout. Il avait cru qu’on lui servirait un remontant, papoterait un peu, qu’on lui servirait des vannes signées Alexei V. Sagt, qu’il retournerait dans sa chambre, relativement satisfait… mais cette étreinte était inattendue et nouvelle.
Nouvelle, parce qu’il avait parfois trouvé un certain réconfort dans le bras de prisonnier. Un réconfort de fortune, évidemment, et les pauvres gosses qui s’étaient accrochés à lui comme à une bouée de sauvetage en avaient payé le prix par la suite. Sorry, but it’s been way too far already, kiddo. Cette fois, pourtant, c’était le corps d’un gardien qui était pressé contre le sien ; le corps d’un individu qu’il, en principe, n’avait pas à utiliser, puis repousser.
Nouvelle aussi, parce que voilà bien longtemps que ses entrailles ne s’étaient pas serrées au contact d’autrui, que son cœur n’avait pas manqué un battement, le temps d’une infinie seconde, que ses yeux ne s’étaient pas agrandis de surprise, de plaisir à la fois.
Nouvelle, finalement, parce qu’il n’avait pas reçu ce genre de… témoignage d’affection, de geste d’encouragement et de soutien depuis son entrée dans la maison de correction. Oh, bien sûr, on l’avait parfois félicité pour ses bonnes actions - il pouvait donner de corrections exemplaires, quand il le voulait -, mais jamais quoique ce soit qui se fut rapproché des bras d’Alexei encerclant sa taille.
Aidan demeura donc immobile, pris de court par la spontanéité de son compagnon. Puis, précautionneusement, ses bras se nouèrent autour de ces hanches fines, qu’un bref instant, il savoura avec presque autant de délectation que ces mains plongées dans sa chevelure emmêlée. Un léger grondement s’échappa d’ailleurs de sa gorge, trahissant son contentement. Oui, Aidan avait tout d’un chat de gouttière. Il n’était pas bien mauvais, au fond, et même après toutes ces années enfermé ici, il lui arrivait de craquer.
Déjà, Alexei lui échappait et l’Irlandais remarqua – bordel, comment est-ce qu’il n’avait pas pu le remarquer plus tôt? – l’accoutrement de son sauveur et, tout particulièrement, la légèreté dudit accoutrement, les cuisses pâles qu’il révélait sans détour. Secouant la tête pour dissiper certaines visions de son esprit, il se concentra sur la conversation interrompue plus tôt :
« Ouais, Vorveck m’a tout balancé à la figure. J’sais pas ce qui lui a pris. Il avait sûrement envie qu’on vante ses exploits… Ça m’a complètement dégoûté. Je me disais qu’il était pas tout à fait sain, mais pfft… Son discours, le pied qu’il avait l’air d’avoir pris, ça m’a soufflé. Je me suis cassé tout de suite, je voulais pas en entendre plus. »
Il poussa un soupir, moins lourd, cette fois, comme si Alexei l’avait délesté de tout un poids en l’attirant contre lui. S’étirant, il rejeta sa tête vers l’arrière, s’alanguissant davantage sur le siège qu’on lui avait donné.
« J’sais pas si je devrais pas avoir une raison de me morigéner, justement, t’sais? T’es pas là depuis longtemps, toi… À la limite, ça serait normal que tu flanches de temps en temps. Mais moi, à l’usure, j’aurais dû… devenir immunisé. Comme à un virus. J’ai reçu un tas de vaccins contre l’horreur. J’vois pas pourquoi je choppe une saleté maintenant… »
Son visage comme son ton étaient songeurs alors qu’il méditait sur la raison pour laquelle cet évènement, plus que tous ceux qu’il avait pu vivre jusqu’alors, l’avait autant affecté.
« Une goutte de lait, pas de sucre, s’il te plaît. »
Il se redressa pour accepter la tasse de café qu’on lui avait préparée et hocha la tête, offrant un remerciement à son collègue avec un sourire.
« Et ça te fout pas les jetons, à toi? De savoir que m’sieu H. est possiblement le pire d’entre nous tous? »
À nouveau assis sur sa chaise, il prit une gorgée de café et, relevant la tête, l'air embarrassé, crut bon d'ajouter:
« Oh... et Alexei. Merci. »
Et dans ce merci, il y avait bien plus qu'un simple « Merci pour le café. »
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Invité
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Sujet: Re: Insomnie [PV] Mar 21 Avr - 18:08 |
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- Ouais. Je rêve absolument qu'on vienne m'étrangler pendant la nuit. Et qu'on soit assez gentil pour me faire un bisou de bonne nuit* en partant.
Un café change de main. Ils ressemblent à deux vieilles amies qui se rendent visite à pas d'heure, parce qu'elles sont voisines et parce qu'elles sont tourmentées. Ils n'ont rien de tout cela, il n'y a pas de chat qui ronronne et qui met des poils partout, il n'y a pas de mari violent, il n'y a pas d'ecchymose, il n'y a pas de ménopause et de gosses qu'il faut surveiller. Il ne demeure que la peur et l'anxiété, et la recherche de réconfort, et puis, le stress infernal de savoir qu'on crèvera trop tôt pour avoir une descendance ou même, pour faire son testament. Sans jamais qu'on sache comment. Est-ce que Maori pètera un plomb ? Verra-t-on un prisonnier débarquer une nuit, comme Alex semble le penser, pour tous les égorger à coup de barreau limé ? Mister H enverra-t-il des gens pour leur faire la peau ?
Ou peut-être... L'un accusera l'autre, déchirera l'autre ? Ils se regardent déjà avec méfiance, sous les airs. Ils savent. Un jour, leur fin viendra peut-être comme ça. De la main de l'autre. Pas d'pitié, en prison.
Le russe s'agite un peu. remonte ses longues jambes sous lui -il s'est installé de nouveau sur un coin de lit-, ramène un drap pour les couvrir, émaillées de chair de poule qu'elles sont. Leur petit câlin partagé semble l'avoir rendu cotonneux, et fait errer ses yeux fatigués d'un côté, de l'autre. Il réfléchit. Il l'a vu, le mur des horreurs.
- Ouais, mais, non.. Justement. Le virus il cherche toujours à s'améliorer pour pouvoir t'enculer. Et là, ben, il se trouve que t'as pas fait ta piqûre de rappel. On peut pas t'en tenir grief, hein, bébé-chou.
En éternel impossible à clouer sur place plus de trois secondes, il change de position, s'installant en tailleur, inondant généreusement jambes et taille de draps et de couvertures. Il se tient pas très droit, Alex, il bâille. Gratte le haut de son épaule, révélant sous la manche lâche une tête de chat très souriant, avec un chapeau à pois et un nœud papillon autour du cou. Pas très viril comme tatouage.
- On est dans une saloperie de prison. Très efficace. Les gens en ressortent toujours changé, toujours prêts à mener une vie saine. Ca, c'est net. Ouais, heu. A quel prix ? On nous envoie des mineurs. Et je sais pas si en huit ans, t'en a été informé, mais y'a quand même une putain de salle de tortures, en bas ! Une putain de salle de tortures. Pour des gosses.
Alexei accuse l'évidence. Mais sans dégoût. Sans révolte. Résigné. On a tous signé pour un allé simple, pas vrai ? Même, il sourit.
- Dans nos rangs, on a un Yakuza dégénéré. Un ancien Nazi. Un viking meurtrier.
Un russe glacial qui joue le sympa et qui offre du café. Il tend les doigts à son énumération, maintenant son verre de café brûlant contre son ventre, pour éviter de le renverser.
- Un autiste qui hurle des conneries sur les gens.
Regard déporté sur la photo au mur. Ay, sexyness !
- Ouais. Non. Je sais pas. On a été prévenu dès le départ que H, c'est le pire d'entre tous, non ? Il dirige ce putain d'endroit. Il sait tout. Il les engage exprès, les gens. Pas juste à la gueule. Quoi que dans le cas d'Maori, la gueule, elle fait déjà assez peur. Il nous laisse faire. Mieux, il nous encourage. Tu t'es déjà fait engueuler pour avoir été trop méchant avec un prisonnier ?
Expression éloquente. Bien sûr que non. Les excès de zèle n'existent pas, ici. Il s'agite. Encore. Sourit petitement au collègue. Drôle de situation. Après ça, il n'y a quasiment plus rien à dire. Après le "merci" de l'irlandais, tout est fini, presque. C'est le moment où il va se lever, remercier, une seconde fois, mais pour le breuvage chaud, cette fois-ci, dire qu'il est tard, qu'il n'aurait pas du le déranger. Il a pas envie. Une idiotie à dire, cherchée dans sa tête à toute vitesse.
- Hé. J'ai gravement faim. On descend en cuisine ?
En plein milieu de la nuit comme des gosses qui vont chiper les pots de confiture ? Tellement chou. Déjà, le russe se redresse, l'oeil allumé. Enfile un pantalon après avoir fouillé sous son lit pour le trouver, et chassé une araignée qui y prenait ses quartiers. Boucle sa ceinture, met des chaussures, s'arrête un moment, pour presser gentiment le poignet de son collègue. Un petit encouragement. Avec le sourire juste léger, qui va avec. Le sourire aux yeux baissés.
* En français dans le texte.
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Aidan O'Connell
Identité Âge: 24 ans Relations:
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Sujet: Re: Insomnie [PV] Mer 22 Avr - 2:39 |
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Amoureux, Aidan?
Pas encore. Il était beaucoup trop tôt pour employer des termes aussi grandiloquents et toute chose à High Creek était cent fois plus complexe et difficile qu’elle ne l’était, au-dehors. Cependant, peut-être qu’avec du temps et de la patience, l’Irlandais serait capable de se débarrasser de certains des vieux squelettes qui traînaient toujours dans son placard et accorderait sa confiance à Alexei. En attendant, il prenait plaisir à sa compagnie et – était-ce l’effet du café? – il sentait l’étau glacé refermé autour de ses entrailles se desserrer peu à peu. Entendre quelqu’un, un membre de sa corporation, en fait, exprimer un point de vue semblable au sien, un point de vue critique, et pas encore déshumanisé, lui faisait un bien fou. Il en aurait presque oublié que son homologue, lui, s’était engagé de son plein gré… Ce n’était pas ce dont il avait besoin pour le moment, des doutes, il les repoussa donc dans un coin de son esprit pour se concentrer sur la conversation présente.
Se laissant prendre au jeu de l’énumération, il poursuivit :
« T’as oublié m’sieu Mozart, Mary Jane, Teddy Bear et… »
Il remarqua le regard d’Alexei qui déviait vers le mur et le suivit, sans trop y penser… L’exclamation ne tarda pas à fuser de ses lèvres :
« Qu’est-ce que tu fous avec une tof de Ian MacCartaigh dans ta chambre? »
La tête scandalisée d’Aidan valait son pesant d’or. En même temps, comment ne pas être surpris par la présence incongrue de cette photographie du gardien le plus malingre de la prison? Disparues, les questions existentielles. Tout ce qui comptait, c’était la tête du secrétaire, placardé sur ce mur, comme une préadolescente accrocherait le poster de son chanteur favori au-dessus de son lit. À la limite, Anstern ou Maori, il pouvait très bien comprendre. L’aura de danger, d’autorité, de puissance en faisait frémir plus d’un et plus d’une. Mais MacCartaigh…
Il tenta de dissimuler la déception dans son ton lorsqu’il s’enquit :
« T’as un fétichisme pour les petites bestioles rachitiques? J’ai les boules chaque fois que je le croise, moi, Spooky Kid. Il a une sale tête… On peut jamais savoir à quoi il pense. »
Après tout, si Alexei était du genre à baver devant les Ian MacCartaigh de ce monde, Aidan pouvait tout de suite oublier une potentielle relation. Valait mieux s’informer immédiatement plutôt que de risquer d’être humilié par une calculette ambulante… Il visait la scène d’ici : il retournait cogner à la porte de son collègue, celui-ci lui répondait en caleçon et, par la porte entrebâillée, on pouvait discerner la forme squelettique de MacCartaigh, lascivement allongé dans le pieu du Russe, une clope aux lèvres, comme tout bon amant qui vient de tirer le coup du siècle. Les ronds de fumée soupirés en l'air. La mine satisfaite du secrétaire. La gueule un peu embarrassée, un peu "tu peux t'en aller, s'il te plaît, je suis occupé" d'Alexei. Et Aidan, les bras ballants, comme frappé par la foudre.
C’était à vomir. Presque pire que la mort de Fox. Pire, en fait, parce qu’on pouvait y rajouter la notion d’honte totale, de coup fatal porté à son orgueil. Être baisé en amour par Ian MacCartaigh. C’était à se demander si on pouvait tomber plus bas que ça…
L’Irlandais avala le restant de son café d’une gorgée afin de reprendre ses esprits. La proposition d’Alexei parvint à ses oreilles avant même qu’il n’ait le temps de réaliser que sa tasse était finie, qu’il serait de bon goût qu’il réitère ses remerciements et ses excuses, puis débarrasse le plancher. Il songea d’abord à refuser – il se faisait tard, il avait déjà trop abusé de la générosité de son hôte, Alex salivait devant des mecs louches, tout ça – mais une fois de plus, le contact de cette main délicate le fit abdiquer. Quelle volonté de fer, tout de même.
Il se redressa donc et se retrouva nez-à-nez avec le Russe. Un sourire incrédule flottant sur ses lèvres pleines, il écarta le pan de sa chemise pour révéler le tatouage entrevu plus tôt, traçant du bout des doigts ce petit chat ridicule et adorable à la fois.
« Hé… Le moins qu’on puisse dire, c’est que t’as des goûts exotiques. MacCartaigh, les tatouages de chatons… Il y a d’autres trucs insolites auxquels je devrais m’attendre ou tu me gardes la surprise? »
Il recula d'un tout petit pas pour poser sa main contre la poignée de la porte. Ils descendaient aux cuisines ou pas?
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Invité
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Sujet: Re: Insomnie [PV] Mer 22 Avr - 4:10 |
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C'est facile, d'oublier ce qui dérange. La sereine passivité d'Alexei. Le fait qu'il n'ai pas cillé, qu'il n'ai même pas grimacé, lorsque tous les gardiens se sont réunis, devant le mur éclaboussé. Lui ? Pas un son. Pas une expression. Il s'était un peu penché, il avait suivi les traces. comme les autres, il n'avait rien trouvé. Peu semblait lui importer. Et encore, lorsqu'il parle de la monstruosité de H, des gardiens de High Creek... Ne le fait-il pas avec cet éclat froid dans les yeux ? C'est facile, d'oublier ce qui nous dérange, chez les autres. Alexei sourit. Alexei touche les gens avec ses mains, les câline, est gentil. Il ne peut pas être de ceux qui ne grimacent plus devant l'horreur. Alexei est humain. Même, il l'est plus que le reste de High Creek. Tu ne sais même pas, Aidan, s'il a déjà corrigé un prisonnier. Aucun écho ne t'est parvenu en ce sens. Lui ne s'en est jamais vanté.
L'énumération continue donc. Beaucoup plus imagée du côté du russe, quand l'Irish ne fait qu'énoncer leurs surnoms.
- Ouais, Le musicien de la mort, la pute à la matraque, Le loup garou, le... Hein ?
Voui. Une petite photo d'Ian, la tête de travers. Il a du fouiller dans les dossiers, tomber là dessus, et l'avoir conservé. Y'a encore les traces du tampon officiel de la High Creek, celui qu'on appose un peu partout sur les dossiers, pour bien, BIEN s'assurer que les gardiens appartiennent à la prison. Il rougit un peu, et s'interroge.
- Hein ? C'est pas Ian o'Connell qu'il s'appelle, lui ?
Merde, c'est qui, o'Connell, du coup ? Ce doit être Elliott. Font chier tous, à être irlandais. Devrait y avoir un peu plus de français et de russes, là dedans. Leurs noms sont distincts, AU MOINS. L'expression d'Aidan change. Le russe observe ça un bon moment, se retenant de plus en plus... Et puis éclatant finalement de rire.
- Oh, god. On dirait que tu viens d'imaginer de drôles de trucs ! Je t'ai jamais dis que j'étais totalement amoureux des Irlandais ? Ainsi que des inadaptés sociaux ? C'est bien : Ian cumule les deux. C'est mon nouveau dieu.
Putain. Alexei dans un pieu avec le freak, en train de lui baver dessus, totalement dévoué, totalement liquéfié... Ouais, Aidan. t'as pas une seule ombre de chance qu'il s'intéresse à toi, si il aime ce genre. Minute. "Totalement amoureux des irlandais" ?
Alexei laisse traîner son regard à droite, à gauche. Se mordillant les lèvres. Tu lui a fait penser au geek, Aidan, et à présent, ça le tourmente. C'est une fascination ambulante, ce truc, cet espèce de kiwi humain continuellement ébouriffé et tout le temps en train de piailler. Alexei n'en comprend pas le fonctionnement, l'observe comme une mécanique étrange. Il adore les gens qu'il comprend pas. Ca les rend imprévisibles. C'est trop rare. Les autres, il sait toujours ce qu'ils veulent. Il sait toujours comment les prendre pour qu'ils ne se rebiffent pas. Sourire comme ça, révéler ceci..
Se laisser faire en ronronnant presque, quand Aidan va à la pêche au tatouage de chaton. C'est une grosse tête avec de gros yeux qui regardent vers l'intérieur du corps du gardien. Il marmonne quelque chose, assez bas, le regard dévié comme pris en faute.
- Hum... Y'en a un autre de l'autre côté. Ils se regardent l'un l'autre.
Et pour illustrer, il écarte son col de t-shirt -et non de chemise-, dévoilant gorge, clavicules et tatouage similaire, quoi qu'un peu plus foncé. Les motifs du chapeau ne sont pas non plus les mêmes. On hésite à choisir entre le "oww, il est trop chou" et le "putain, les gardiens sont vraiment tous des freaks."
Du coup, il a oublié. Oublié ce qu'il voulait faire à la cuisine. Oublié de boucler correctement son futal. Il déambule dans la pièce, tend les doigts vers sa photo chérie, et la décroche, la protégeant à l'instar d'un trésor bafoué, un trésor de gosse dont les adultes se moquent sans capter la gravité de la situation.
- Merde, je vais pas voir si t'as des photos d'Edith Piaf sur les murs de ta chambre, tapette. Ou des cœurs roses dessinés sur tes fesses.
Un temps.
- T'as des tatouages, toi ?
Et un air curieux.
- Sur les fesses ?
God.
- "Aidan a un cul d'enfer" ?
Well..
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Aidan O'Connell
Identité Âge: 24 ans Relations:
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Sujet: Re: Insomnie [PV] Mer 22 Avr - 5:45 |
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Il le faisait exprès ou quoi? Les minauderies de gamine à peine pubère? Les joues rougies et l’air rêveur? C’était quoi tout ça? Aidan, médusé, observait le petit jeu d’Alexei, groupie d’Ian MacCartaigh. Il tiqua au massacre du patronyme de son compatriote :
« O’Connell? C’est MOI O’Connell. Lui, c’est MacCartaigh. Pas McCormick, pas McKinnon, pas O’Reilly, ni McDermott ou O’Callaghan. »
Il pointa son doigt sur sa poitrine.
« O’Connell. »
Puis, il indiqua la photographie.
« MacCartaigh. »
Secouant la tête, l’air découragé, il soupira :
« J’vois pas ce qui est si compliqué. Surtout de la part d’un Russe. Vous avez des dizaines de noms et de prénoms différents. Vladimir, Volodia, Voldi, Voldémar, Pétrovitch, Ivanovitch, Vollovitch, Dostoïevski, Bakounine, Tchaïkovski, Prokofiev, Tolstoï, je sais pas quoi… N’importe quoi. »
C’était tout de même insultant, toute cette histoire de noms de famille. Un degré en-dessous du culte qu’Alexei semblait véritablement vouer au secrétaire d’High Creek, toutefois. Le point positif de cette découverte sinistre : le jeune homme entretenait une obsession envers la gent masculine provenant d’Irlande. Avec un peu de chance, il saurait détrôner son gringalet de rival dans le palmarès des bons partis irlandais de la prison.
Pourquoi s’était-il lancé dans une compétition de séduction avec Ian MacCartaigh? Pourquoi se trouvait-il seulement dans cette pièce à contempler les simagrées de son collègue? Ne s’était-il pas présenté à sa porte en état de détresse? Il n’eut le temps de se pencher plus longuement sur ce retournement de situation pour le moins absurde, l’exploration du corps, ou plutôt, l’inoffensive chasse aux tatouages d’Alexei exigeant toute son attention.
Le cou délicieusement pâle, les épaules fines, la peau appétissante de son vis-à-vis le prévinrent de pouffer de rire à la vue de ce second chaton, quasi-jumeau du premier qu’il ne pouvait apparemment lâcher des yeux.
« Oula… Ça fait sérieux, hein. Très, très dur-à-cuir. Très High Creek quoi. T’as montré ça à Maori? Vous pourriez vous échanger des conseils… J’ai un stylo-bille dans ma chambre, tu peux me l’emprunter si t’as envie de lui dessiner des pouliches et des arcs-en-ciel sur les bras. Ça irait bien avec ses poissons. »
À peine sarcastique, le mec. Il fallait tout de même avouer qu’on aurait pu imaginer tatouage plus lugubre – une tête de mort, par exemple – à graver dans la chair d’un des nobles membres du corps carcéral de l’établissement. Alexei ne tarda cependant pas à le relancer et usa même d’une expression qui arracha un rire amusé à son interlocuteur.
« Alors, comme ça, on décide de passer aux accusations? »
Il avait rattrapé le Russe et lui avait chippé sa photo, douce revanche pour le Dickens qu’on lui avait subtilisé quelques jours plus tôt. Dévisageant le garçon, il répéta avec un sourire narquois :
« Édith Piaf? Tapette? Je devrais te traiter de quoi, alors? Adorateur de chimpanzés anémiques? Le mec aux tatouages féroces? »
Relevant sa manche, il exposa son avant-bras aux yeux de l’autre maton.
« Eh ouais, j’ai un tatouage. Pas encore sur mon cul d'enfer, j’te commanderai peut-être une étoile filante ou une petite souris, un de ces quatre… »
C’était un souvenir de son passage dans la pègre de Belfast, une de ces croix celtiques qu’on trouve toujours dans les landes des îles britanniques.
« C’est pas aussi original que toi, mais ça a le mérite d’être tout à fait irlandais. Est-ce que ça rachète le fait que je ne sois pas un intello misanthrope toujours puceau? »
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Invité
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Sujet: Re: Insomnie [PV] Mer 22 Avr - 7:48 |
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Alexei regarde son vis-à-vis pointer son doigt vers sa poitrine, se nommer, recommencer avec la photo. Il penche la tête sur le côté, un peu, l'expression entre l'amusé et l'inquiet. Comme si le comportement d'Aidan n'avait aucun sens. Et puis, il l'imite, comme on tente d'imiter un singe. Il se désigne, détachant bien les syllabes, sérieux, et les yeux grands ouverts.
- Vollovitch Sagt.
Désigne Ian.
- Sexy boy.
Et achève par Aidan. Candide.
- Sweetheart. Lil' baby-sugar i'd love to bite.
Juste de quoi se faire pardonner pour ses airs de groupie ponctuelle. Il froisse la photographie entre ses mains, écoute l'énumération de noms aléatoirement russes. Et se désigne de nouveau.
- Sagt. Sagt comme l'impératif allemand "dis !" Tu saisis la nuance ? Ça n'a rien de russe.
Oh et puis, quelle importance. Aucune mémoire des noms de famille n'a jamais tué personne. De plus, cela pouvait causer de très amusantes situations lorsqu'il jouait de ce défaut inventé de toute pièce. Les gens s'énervent très vite lorsqu'on les confond avec quelqu'un d'autre.
- Un stylo-bille ? J'en ai un aussi. On peut se marquer des trucs dessus, si ça t'amuse. Ensuite on fera genre on est bourrés, avec nos bites dessinées sur la gueule, et on se roulera de grosses pelles faussement avinées.
Il a toujours le chic étrange d'imaginer des situations improbables, les assenant à qui voulait bien l'entendre avec un cynisme qui rendait presque ses fresques sociales réelles. Il semblerait qu'il marmonne un "et puis, de toute façon, j'ai pas juste des chatons...", l'air boudeur. L'apparition de la croix celtique lui fait arrondir un oeil, et se moquer à son tour.
- Oh, merde. T'es d'un cliché, c'est terrifiant. Comme les routiers qui marquent systématiquement "A ma mère", les irlandais se gravent des trucs celtes sur la couenne. Sérieusement, je me gausse, très cher.
Mains au dessus du ventre, figurant une bedaine effroyablement absente, il se marre effectivement, l'oeil allumé. Avant de glapir, se redresser sur ses pattes, dans un concert de tintements de boucle de ceinture pas attachée, et part à la recherche de sa photographie, se vautrant à moitié sur l'Irish en cherchant à l'attraper, et marmonnant de précipités :
- Nonononononon rendmoiça tu vas la déchirer ! Je jure de pu t'appeller par un nom qui est pas le tien, d'accord ? REND MOI CA.
Il bataille un peu. Abandonne un instant. le temps de reprendre la conversation.
- Putain. T'es jaloux, ou je rêve ? Chimpanzé anémique ? Que c'est mesquin.
Et la dernière remarque le fait éclater de rire. Encore. Tes soucis sont vachement loin, à présent, hein Aidan ? Le mur ensanglanté, les confessions de Sven, l'étau glacial inhérent à monsieur H... C'est déjà du passé, avec cette petite pile électrique de gaité tranquille avec toi. Bon. Elle se moque, elle mord, montre les dents, mais ça fait partie du jeu. Comme ce rire, qui éclate sans discontinue, manque de réveiller les gens des autres cellules.
- Mais qu'est-ce qui te dis qu'il est puceau ? J'me le tape tous les week-end, Ian !
Hoho, et puis il l'appelle même par son prénom. La haine. Une seconde tentative pour récupérer son bien, tournant autour du vil qui faisait valoir ses quelques centimètres surnuméraires qui ne lui servait à rien, mis à part emmerder les plus petits. On emmerde toujours les plus petit, depuis la lie des âges. Enfoiré de mer.. rmbl. Oh, et puis.
- Non, mais... Ca m'intéresse. Te dessiner dessus, je veux dire. J'te ferais mieux que ces croix celtiques trop clichées. S'moi qu'ai dessiné mes chatons ! n_n Sont beaux hein ? Rend moi cette photo. Tu veux quoi en échange ?
On pourrait même croire qu'il le fait exprès. Il pourrait obtenir cette photo par d'autres moyens. S'il le voulait. Mais non, il propose sciemment l'échange. Juste pour voir ce qu'Aidan va répondre à une telle proposition. Sont proches, tous les deux. C'est en grande partie du au fait qu'il sautille devant son nez pour essayer de récupérer son bien, et à moitié défroqué. Et paaas du tout provocateur. D'ailleurs il ne s'appuie pas du tout généreusement sur le torse d'Aidan pour se hausser, et ne lui tire pas du tout sur la chemise. Oh non. Rien d'aussi mesquin. Pas vrai ? Quoi que la menace du "je te dessine des chatons si tu me rend pas ma photo" est peut-être largement plus motivante qu'une faveur de sa part. On sait pas trop.
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Aidan O'Connell
Identité Âge: 24 ans Relations:
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Sujet: Re: Insomnie [PV] Jeu 23 Avr - 3:46 |
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Sweetheart. Lil’ baby-sugar i’d love to bite, hein? Un large sourire retroussa ses lèvres et Aidan remercia ses ancêtres d’être nés et de ne jamais avoir quitté l’Irlande pour lui permettre d’être considéré comme un « Sweetheart. Lil’ baby-sugar I’d love to bite » par son homologue russe. Il n’avait jamais cru que ses origines pourraient un jour lui rapporter quoique ce soit, à part la famine et un folklore ridicule. Peut-être qu’il avait choppé un trèfle à quatre feuilles sans même le savoir…
« Je sais dire ‘Guten Tag, ich liebe dich, Herr Anstern. Matthias Anstern ist schon. Danke.’ C’est assez impératif pour toi? »
Le scénario des obscénités dessinées à même sa tronche le fit sourciller et il répliqua, l’air dubitatif :
« Je suis pas certain pour les bites au stylo-bille, mais je dirais pas non au reste. »
Il fallait bien combattre le feu par le feu. La réaction que suscita son tatouage ne le surprit pas outre mesure. Il fallait grandir à Belfast pour comprendre sa signification... sans quoi, il fallait admettre qu’aux yeux du premier quidam venu, le tatouage n’avait rien de bien original.
« Eh, j’ai jamais prétendu que c’était pas un pur stéréotype. On se faisait tous tatouer chez le même mec, à l’époque… C’était un passage obligé. On avait pas vraiment le choix du truc. C’était ça ou rien. »
Son sourire était devenu légèrement forcé. Son passé de petit voyou remontait à des années, mais il éprouvait étonnamment une certaine gêne à l’évoquer devant Alexei. Peut-être justement parce que, dans ce passé, résidait des raisons très solides pour ne pas céder à la tentation qu’on lui offrait. Peut-être parce qu’il n’avait qu’à fermer les yeux pour se rappeler de la sensation de mains puissantes sur ses épaules, sur ses hanches, sur ses cuisses. That’s my boy.
Il n’était plus comme ça désormais. C’était à son tour de prendre le dessus. C’était marrant, dans un sens. Quelqu’un le lui avait prédit, qu’il ferait la même chose quand le temps viendrait. Mais était-ce réellement sa faute quand des prisonniers venaient chercher du réconfort dans ses bras? Pouvait-on considérer qu’il perpétuait le cycle engrangé quand il était lui-même gosse? Et surtout, est-ce qu’on pouvait compter Alexei parmi ses « victimes »? Si on se donnait la peine de prendre un pas de recul et l’observer attentivement, on constatait que le Russe était loin d’être innocent et, au contraire, très habile à son jeu. Et Aidan, lui? Il se sentait d’humeur à relever le défi. La grisaille de son esprit s’était dissipée pour cette nuit, autant en profiter…
« Tu jures? Faut que tu promettes, hein. Je voudrais pas qu’il arrive quoique ce soit à ta pauv’ photo… »
Et hop, la tof qui échappait aux mains avides d’Alexei.
« Jaloux? Roh. Tu rêves. Je te plains plutôt. »
Il tourna sur lui-même, toisa son partenaire avec un sourire goguenard du haut de sa grande taille.
« Si la sienne est proportionnelle au reste de son corps, elle doit être plus mince qu’une brindille. Ça arrive à te satisfaire quand même? »
C’était mal les coups sur la ceinture, c’est un fait. Seulement, le principal intéressé n’était pas présent. On ne souffrait pas de ce qu’on ne savait pas.
« Tout ce que je veux? »
Il abaissa la photo d’un cran pour faire redoubler les sautillements de son vis-à-vis pour la relever presque aussitôt.
« Mmh, voyons voir… »
Feindre l’indécision, faire durer le suspense, augmenter l’impatience de son interlocuteur.
« Tu penses quoi d’un sweetheart, baby-sugar, i’d love to bite as well? »
Il laissa le cliché choir sur le sol et se pencha vers Alexei, sa main libre se glissant autour de sa taille pour l'attirer contre lui. On verrait bien qui gagnerait la partie, MacCartaigh. O'Connell ne baisserait pas les bras aussi facilement.
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Invité
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Sujet: Re: Insomnie [PV] Ven 24 Avr - 0:00 |
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C'est fou comme Alexei savoure les expressions qui défilent sur le visage d'Aidan. Il est comme un enfant manipulateur étudiant les adultes, les avides, les désireux adultes. Il sait exactement quel effet fait ses paroles sur Aidan. Il le sait et il en joue, tant qu'il peut. Une vraie drogue. Le grand sourire lui fait mordre l'intérieur de ses propres lèvres, mouvement presque indétectable. Sourire à son tour. Nihih.
Un éclat de rire quand l'Irish lui fait sa démonstration d'allemand.
- Mon dieu. J'espère que tu lui as pas dit un truc de ce style. Matthias Anstern ist schön ? Tu le penses vraiment ? J'vais devoir entrer en guerre avec lui pour le plus cute de nous deux ? Damn. Tu m'enterreras à côté des bégonias, promet-le moi.
Sa réserve quant à se grimer en outres de vin était risible, elle aussi.
- Oui mais sans le prérequis bistoukettes sur les joues, c'est pas possible.
Où pouvait mener un tel début de relation ? Alexei n'arrivait pas à être sérieux deux minutes, en présence de son Irlandais. Il y avait toujours beaucoup trop d'ouvertures pour le taquiner, inventer des conneries. Même lorsque ce dernier déprimait. Surtout lorsqu'il déprimait. Peut-être un jour auraient-ils besoin de discuter sérieusement. Et a ce moment-là, cela ne marchera pas, parce que le russe s'est trop autorisé à déconner, depuis trop de temps.
- Et pourquoi ça n'aurait pas pu être rien ? Tu faisais partie d'un gang, d'un truc comme ça ?
Il le connait pas, Aidan. Il ne sait rien de lui. Cela pourrait être intéressant. Une longue et délicieuse discussion sur leurs origines respectives ? Alexei se sentait en phase pour s'inventer une vie qui n'aurait ni lieu ni fondement. Juste pour voir les réactions d'Aidan. Être plaint. Etre regardé avec dégoût. Il ne savait pas encore. Un silence est observé. L'irish se plonge dans ses pensées. Cela le motive à se redresser, entre deux chipages de photo. Lui frôler la joue, avec ce petit sourire en demi-lune qu'ont tous les enfants vils et mesquins. Lui donner l'impression qu'il peut, en bon chat, transformer Alex en souris, et lui courir après.
Les doigts se referment à quelques millimètres de la petite photo. Il enrage, retrousse les lèvres. Sort les griffes et feule. Qui est le chat ?
- Reeeendmoica>< Promis, tout sque tu veux !
Qu'il scande.
- Jaloux jaloux jaloux. Ja - HEIN ?
La remarque sur les attributs d'Ian le figent totalement. Il se fait happer entre les grands bras puissants du gardien sans réagir, l'oeil rond. Le laissant tester sa stature d'adolescent, ses muscles vifs, sa souplesse. La flexibilité extrême de sa taille. Il se passe un moment. Où, en fait, Aidan peut lui faire subir tout ce qui lui plaît.
Et puis ça explose.
- DE QUOI ? DE.QUOI ?
Envolée de pattes, il se tortille pour faire lâcher prise à son collègue, recule, rouge, et fermement capté sur ses jambes.
- Merde ! C'est quoi cette remarque PRIMAIRE ? C'est quoi cette attaque basse et puérile ? Merde ! Je rêve. Je savais pas que t'étais du genre coq de compétition écervelé, O'Connell.
L'expression s'infuse d'un dégoût certain, sourcils haussés, regard abaissé de paupières pleines de dédain. Hé. Il a retenu ton nom, cette fois.
- Et tu penses que j'vais te faire des câlins, après ta petite démonstration de machisme primaire ? Surtout que tu m'insultes AUSSI en sous-entendant que je suis le dominé du couple ?
Une vraie douche, qu'il se prend. Une douche verbale.
- Merde, O'Connell, t'as déconné, là. Sois-gentil, rend moi cette tof.
"Et barre-toi." Semble être sous-entendu. Une main se tend, de loin. Alex a les mâchoires serrées et l'air pas trop commode. C'est pas possible. Comment peut-on être si chouette et amusant un instant, et désamorcer le tout la seconde suivante ? Il commençait vraiment à l'apprécier, Aidan, le chat blessé, résigné mais, au final, adorable; l'aberration dans cette communauté de brutes. Il aurait presque même pu s'entendre avec lui sur le long terme, lui tenir la main dans les couloirs et l'appeler mon chou. Ouais. S'il n'avait pas eu le manque extrême de délicatesse de ramener sa lubie à du cul. A DU CUL QUOI. Merde ! Il a presque envie de lui en coller une, le faire déguerpir de sa chambre à coup de pompe. En même temps, il se protège. Les gens comme Aidan n'aiment vraiment, vraiment pas se faire engueuler. Il pourrait avoir envie, sans réfléchir une seconde, de se venger. Glissement délicat et régulier des segments de la matraque les uns sur les autres. En prévention.
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Aidan O'Connell
Identité Âge: 24 ans Relations:
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Sujet: Re: Insomnie [PV] Ven 24 Avr - 2:05 |
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Les choses ne s’étaient pas si mal passées jusqu’ici.
Un retour sur la conversation avant le cataclysme. En réponse à l’hypothétique concours que devraient se livrer Anstern et Alexei pour déterminer du plus mignon d’entre eux, Aidan affirma en toute honnêteté :
« Vous êtes très différents. J’crois pas que la comparaison soit possible. »
Pouvait-il y avoir deux êtres plus différents? Autant Alexei était coulant, insaisissable, ambiguë, autant Anstern se montrait-il clair, défini, imposant. On ne pouvait comparer les pommes à des poires. Et puis, de toute façon, l'épisode de la douche avait déterminé dans l'esprit d'Aidan que l'Allemand était du domaine du "Pas touche" tandis que son autre collègue, du domaine du possiblement possible.
Et puis, il y eut cette question sur son passé, question que l’Irlandais avait redouté. Forçant une fois de plus un sourire, il se contenta d’hausser les épaules. Il n’avait pas du tout envie de commencer à étaler la misère crasse de son enfance ou le parcours qui l’avait mené à High Creek. Il n’avait confié ses antécédents à quiconque, en huit ans. Il ne voyait pas pourquoi il commencerait cette nuit-là, surtout quand Alexei semblait l’inviter à des distractions fort plus intéressantes.
« Bah, longue histoire. Pas très intéressante, en plus. »
Et enfin, il y eut le rapprochement inexorable, l’étreinte, le quasi-baiser…
Et Alexei qui reculait pour l’admonester.
Au tour d’Aidan de faire un pas vers l’arrière, d’écouter sa petite tirade d’un air sceptique.
« Wow. Vraiment, tu m’fais halluciner. »
Il dévisagea son collègue qui ne semblait pas entendre à rire. La situation était complètement absurde. Le numéro d’Alexei indigné, soudainement moralisateur, incapable de tolérer un simple commentaire. Jusqu’ici, ils s’étaient échangés des vannes et des vannes. Celle-là n’avait pas été plus grave qu’une autre. À quoi il jouait? C’était le baiser qui l’avait désarçonné? Il ne voulait pas que ce soit aussi facile? Ou bien il était le genre indécis, ambiguë à la « je te tente, je veux bien, mais une fois que tu mords à l’hameçon, je te le fais payer »?
Si c’était le genre de jeu qui plaisait au Russe, Aidan, quant à lui, n’avait aucune intention de se laisser embobiner. Il n’avait rien contre le fait que la séduction puisse être laborieuse. Il n’aimait cependant pas qu’on se rétracte – qui plus est, pour une excuse bidon – à la dernière seconde. Il n’était pas là pour se prendre la tête, pour se faire gronder, pour s’engager dans un truc trop compliqué pour ce qu’il pouvait potentiellement en retirer. Son existence à High Creek était déjà assez exécrable, par moment, il n’avait pas besoin d’y ajouter en plus les caprices d’un gosse.
« Je sais pas le nombre de conneries que j’ai dû avaler de ta part et voilà, une fois, je te dis un truc que tu juges déplacé et c’est fini. Faut tout de suite que tu montes sur tes grands chevaux. Va me chercher tes belles valeurs. Machiste… OK? Tu m’as traité de tapette et je sais pas quoi encore, je bronche pas, moi. J’accepte, je te trouve marrant. C’est bizarre voir comment c’est deux poids, deux mesures. »
Lui tendant la photographie litigieuse, il laissa échapper un rire bref, du mec qui n’y croyait pas trop :
« Tu me fais marrer, Alexei Sagt. Prends-la ta tof, j’en ai rien à foutre. Je sais pas c’que tu cherchais en pétant un câble comme ça, mais j’me sens pas du tout coupable, pas du tout contrit. Si tu crois que c’est comme ça que j’vais en venir à te lécher les pieds, bonne chance, hein. Il va falloir un motif un peu plus lourd que le simple fait d’avoir blagué à propos de la virilité d’Ian MaCartaigh. »
Il haussa à nouveau les épaules, son ton caustique allant de pair avec le sourire qui flottait sur ses lèvres.
« Mais bon, p’tête que c’est moi qui suis machiste et obtus, hein? Beaucoup plus primaire, plus barbare que le mec qui écrit que j’ai un beau cul sur un mur et qui me parle de dessiner des bites. Enfin, je suppose qu’encore là, c’est différent, parce que toi, t’as droit de tout faire. »
Se dirigeant vers la porte, il tourna la poignée et fit un pas dans le couloir.
« Reviens me voir quand t’auras grandi et quand tu agiras un peu moins comme un enfant gâté. J’suis pas là pour dire ce que tu veux entendre, faire ce que tu veux, être ta poupée quand t’as envie de tripoter quelqu’un et m’agenouiller quand tu veux plus jouer. »
Il jeta un coup d’œil par-dessus son épaule pour lancer :
« Ah ouais et merci pour le café. »
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Invité
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Sujet: Re: Insomnie [PV] Ven 24 Avr - 2:48 |
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- YOU DICK !
[Topic clos ! <3]
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Sujet: Re: Insomnie [PV] |
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